11/11/2010 à 14:09 - Dure réalité.
Je connais bien la population des étudiants chinois de ma ville.
Ce que dit ce reportage est vrai pour la majeure partie des étudiants chinois présents à l'Université, à vrai dire. Ce rapport est fondé. Du moins, d'après mon expérience qualitative qui n'est pas négligeable, je pense.
Dans ma ville, il y a une école de commerce (qui combine Grande Ecole et école post-bac) et deux Universités et deux écoles de langue.
D'abord, en ce qui concerne le parcours à l'Université, on retrouve deux types d'étudiants. Le premier type (la grande majorité des étudiants chinois) est effectivement constitué par des étudiants qui n'ont pas réussi à avoir une assez bonne Université, ou ont abandonné leur Université après 1 ou 2 ans pour trouver mieux, voire ont fini leur Université mais ne trouvaient pas d'emploi satisfaisant. En général, ils arrivent en France, suivent des cours de langue pendant 1 an ou moins et s'inscrivent à la faculté après. Ils sont en général soutenus par des personnes plus âgés sur place qui leur trouve un appartement, leur indique l'école de langue (et qui occasionnellement leur demande de l'argent pour ces services, argent qui ne sera pas déclaré). Il ne faut pas se voiler la face, ces étudiants arrivent en France avec un handicap majeur et n'apportent pas grand chose aux Universités françaises.
Le deuxième type est moins nombreux, plus âgé. Ce sont ceux qui étudient en France après avoir eu déjà un diplôme "valable" en Chine et peut être travailler un peu. Ils veulent se diversifier en apprenant le français, en général pour travailler en Afrique. Il viennent pour apprendre la langue et partent rapidement une fois qu'ils la maîtrisent. Mais ils sont très peu nombreux.
Une remarque : dans ma ville, une des deux écoles de langue est rattachée à l'Université, elle est sérieuse mais en 1 an, c'est impossible de maîtriser une langue. L'autre a été fondé par un Chinois, et assure réellement le minimum (6h de cours par semaine). Les "étudiants" s'y inscrivent, obtienne le visa et on les retrouve souvent à bosser dans les restaurants (qui les exploitent) ou à aider les nouveaux arrivants contre rémunérations.
Ce ne sont pas des étudiants en échange, ce sont des étudiants qui cherchent à obtenir le même diplôme qu'un étudiant français. En cela, il sont soumis aux mêmes règles que les Français. C'est à dire qu'ils coûtent effectivement 8950€ par an aux contribuables. Dire le contraire serait mentir, et on ne peut pas l'ignorer. Il n'y a rien de démagogique la dedans. On a le droit de savoir où va notre argent.
Par contre, l'école de commerce pratique une petite sélection et crée des partenariats avec des Universités chinoises plutôt bonnes. Il y a plusieurs programmes, un peu long à décrire. Les étudiants en master passent par des concours spéciaux pour les étudiants étrangers sans distinction et peuvent suivre des cours en français ou en anglais. Il y a aussi des partenariats qui permettent à des étudiants chinois d'étudier en France plusieurs années et à des étudiants français d'étudier en Chine plusieurs années également, la réciprocité est importante ici. Ces étudiants doivent maîtriser la langue et passent 3-4 ans à l'étudier (en plus des cours de commerce normaux). En outre, ces étudiants sont dans un système privé, donc ils payent pour leur étude.
Bref, hormis quelques programmes un peu expérimentaux (où il y a des intermédiaires pas clairs, et quelques étudiants dont le niveau n'est pas satisfaisant), je pense que les Ecoles de commerce et les Ecoles d'ingénieur sont soucieuses de qui elles choisissent et rechercheront à pérenniser les bons partenariats, ce qui n'est pas le cas des Universités.
En conclusion, ne pas généraliser certes. Mais il faut savoir que le gros de la troupe (à l'Université) a des problèmes et que leur promettre monts et merveilles en laissant une législation simpliste que des agences peu scrupuleuses exploitent n'est pas la bonne solution, c'est même irresponsable. On leur offre un séjour en France, mais au final que vont-ils avoir? Il vont échouer et détester la France, l'excès de gentillesse niaise n'aura servi à personne.
D'ailleurs, cela m'étonnerait bien qu'en Chine les étudiants étrangers et en particulier français bénéficient de telles mesures. Les seules étudiants un peu avantagés qui, depuis le passage au socialisme de marché, sont présents dans les Universités chinoises sont africains, et il faut voir la réputation qu'ils ont auprès des autres étudiants (il faut pas oublier les manifestations anti-Africaines de décembre 88 à Nanjing, etc...)
Tout cela pour dire que nos Universités doivent repenser leur politique à l'égard des étudiants en général.
Les critères de sélection sont parfois minces : un B2 ou B1 au DELF et cela n'est parfois pas respecté. Alors que les écoles privées ou les Universités américaines ou anglaises demandent de prouver des vraies qualités. (GMAT, TOELF élévés, tests en tout genre)