07/03/2010 à 09:28 - 对联 [duì lián] sentences parallèles
J'ai toujours été frappée par l'omniprésence de l'écriture dans la rue et dans les appartements chinois. La pose des sentences parallèles 对联 [duì lián] qui accompagnent la fête du printemps en témoigne (on les appelle alors 春联 [chūn lián]).
Ces maximes me semblent très révélatrices d'un usage quasiment magique de l'écriture, censée faire advenir dans les faits ce qu'elle proclame de manière symbolique dans ses caractères. Elles relayent les sortilèges de la parole efficace (les linguistes parlent d'énoncés "performatifs") : voeux, sorts, bénédictions, malédictions, etc., qui existent dans toutes les cultures traditionnelles, et dont elles renforcent paradoxalement l'efficacité sonore (écrire le nom des dieux et des héros, dans l'antiquité grecque, par exemple, c'était renforcer leur "renom sonore").
Y a-t-il un répertoire traditionnel de ces sentences parallèles dans lequel viendraient puiser les Chinois pour décorer leurs portes ou leurs appartements ou bien chacun les compose-t-il à sa guise ?
Y a-t-il d'autres circonstances dans lesquelles on les emploie ?
Je vous propose, en tout cas, de citer les sentences parallèles que vous connaissez, d'en donner la transcription en chinois simplifié ainsi qu'en pinyin et de les accompagner d'une traduction mot à mot et, si possible, d'une traduction plus littéraire.
Je commence :
氣暖先開富貴花,人和共祝承平曲
气暖先开富贵花,人和共祝承平曲
qì nuǎn xiān kāi fù guì huā, rén hé (hè ?) gòng zhù chéngpíng qǔ
Mot à mot : « le temps est doux, d'abord s'ouvrent les pivoines, les hommes en harmonie ensemble souhaitent la paix en chanson ».
Mais si l'on voulait faire entendre toutes les résonances symboliques de ces sentences parallèles, il faudrait passer par la périphrase, qui existe en chinois, car les pivoines, « fù guì huā », sont littéralement des fleurs [huā] de richesse [fù] et de noblesse [guì] : quant au caractère 和, il signifie tout à la fois, prononcé au deuxième ton, « être en paix » et, prononcé au quatrième ton, « se joindre au chant collectif » ou « composer un poème en réponse » .Il faudrait donc traduire peut-être ainsi :
« Il commence à faire doux, les pivoines – fleurs de prospérité -, sont les premières à s'épanouir ; l'harmonie règne entre les hommes, qui, tous ensemble, entonnent des hymnes de paix »
A vous maintenant !
Dernière édition : 07/03/2010 09h33