Xiaojin
Campagne reculée où la tranquillité fait loi, Xiaojin réjouit le cœur des citadins blasés avec sa profusion de sites historiques et religieux.
La province du Sichuan est la deuxième région tibétaine de Chine. Elle regroupe la plus importante population de Yi du pays, et elle est le seul habitat de l'ethnie des Qiang. Elle est également le berceau des pandas géants de Chine, célèbres dans le monde. Le district de Xiaojin est situé dans le département autonome tibétain et qiang d'Aba. Autrefois connue comme Maogong, cette petite ville a connu la renommée après un événement historique qui s'est produit en 1935, pendant la guerre civile chinoise. Les troupes, dirigées par Mao Zedong, président fondateur de la RPC, ont joint les rangs du Quatrième Corps de l'Armée rouge durant la Longue Marche.
Les Tibétains, les Qiang, les Hui et les Han coexistent pacifiquement à Xiaojin. Différents modèles d'architectures et de cultures, dont des lamaseries, des mosquées, des églises et des temples bouddhiques forment un heureux amalgame. Les sites naturels et historiques abondent dans cette région.
Un témoin des troubles passés
Xiaojin a été marquée par de nombreuses guerres au cours de son histoire. L'empereur des Qing y a envoyé deux expéditions pour supprimer des rébellions, et on peut encore voir l'emplacement d'un ancien champ de bataille sur une colline près de la résidence officielle du chef local Wori.
Les gens de Xiaojin aiment parler de leur passé coloré. Quand je me suis arrêté à une église catholique sur la rue Zhengfu, un ouvrier de la construction m'a raconté l'histoire de cette église. Le missionnaire français qui a été le premier à introduire la médecine occidentale dans la région a construit l'église en 1919.
Quand les deux Corps de l'Armée rouge se sont rassemblés en 1935, la célébration qui a suivi s'est déroulée dans cette église. Un portrait de Mao Zedong est toujours accroché dans la salle principale.
Coexistence de cinq religions
Les Tibétains constituent le plus groupe ethnique le plus important de Xiaojin, et les lamaseries sont chose courante. Le monastère Dawe, un monastère célèbre de la lignée Gelug, se dresse dans une ruelle tranquille du village animé de Dawe. Les gens de l'endroit disent qu'il y a eu jusqu'à 400 moines qui y ont vécu; j'ai donc été étonné d'en voir seulement deux dans ce complexe massif. On m'a dit que les autres étaient rentrés chez eux pour effectuer leurs tâches domestiques et qu'ils reviendraient seulement lors d'activités religieuses importantes. C'était la première fois que j'entendais parler de moines à temps partiel!
Des cabanes faites de planches de bois foncé sont alignées dans la grande cour du monastère. " L'Armée rouge a vécu là ", m'a dit l'un des moines. Dans la salle des Soutras, les fresques des murs extérieurs sont fraîchement peintes, mais le plafond où la pluie a fait ses ravages révèle la caducité de la structure. Une vieille dame, qui, m'a-t-on dit, est venue d'un village montagneux pour une réunion de prières qui doit avoir lieu dans quelques jours, se repose dans le porche, apparemment inconsciente de notre présence. Une paix surnaturelle semble avoir infiltré son âme.
Disséminés autour de Xiaojin, des bâtiments religieux illustrent la coexistence pacifique du bouddhisme, du taoïsme, de l'islam, du christianisme et du catholicisme. Après que les rebelles de la dynastie des Qing eurent été dispersés, des Han et des Hui se sont déplacés dans la région, y introduisant le taoïsme et l'islam. Par la suite, des missionnaires étrangers ont propagé le christianisme et le catholicisme pendant les années de la République de Chine (1912-1949).
Il y a un square en face du bâtiment du district de Xiaojin. Une sculpture en bronze à la mémoire de la rencontre du Premier et du Quatrième Corps de l'Armée rouge. Juste derrière, il y a un bâtiment distinctif, une église catholique, dont la conception est toute simple, à la différence des églises européennes. Toutefois, il en émane une aura d'élégance. Les gens de l'endroit disent que lorsque le catholicisme a connu son apogée, l'église était bondée aux jours de messe.
Le seigneur Guan était un maréchal qui a vécu pendant l'époque des Trois Royaumes (220-280). Reconnu pour sa bravoure et sa loyauté, on lui a conféré, à titre posthume, le titre de marquis. Avec le temps, son nom a été imbriqué au bouddhisme et au taoïsme. Un vieillard tout ratatiné offre volontairement ses services au seigneur Guan et surveille ce lieu sacré de Xiaojin. Le temple reçoit des visites fréquentes des dévots. Lorsqu'on demande à ce vieillard comment il parvient à survivre sans être payé, le vieil homme sourit et baisse la tête pour reprendre sa calligraphie.
Château du tusi (roitelet tibétain) Wori
Le château du tusi Wori est la structure la plus imposante de la commune de Wori. Il se dresse le long des rives de la rivière Wori, à quelque dix kilomètres des monts Siguniang. Wori est le mot tibétain pour fief. Les tusi étaient des roitelets des tribus ethniques tibétaines et qiang qui avaient été nommés par la cour impériale pour s'occuper des affaires locales. Le château du tusi Wori a servi de base militaire, de symbole de puissance en temps de paix et d'autel pour les pratiques religieuses.
Des paysannes aux formes pleines sont adossées contre le mur du château, et elles peignent leur longue chevelure tout en riant. Leurs joues vermeilles rayonnent sous le soleil matinal. Parfois, les visiteurs de la ville comme moi comprennent difficilement leurs rires joyeux. Dans cette région reculée de la campagne, la vie est aussi simple qu'elle devrait l'être, et les personnes sont plus fidèles à elles-mêmes.
Excursions " rouges " au Sichuan
Les excursions "rouges" amènent les visiteurs dans des endroits importants de l'histoire du Parti communiste chinois. 2005 est l'Année des excursions " rouges ", et l'on fait la promotion de 30 itinéraires couvrant 100 sites touristiques célèbres. Beaucoup sont situés dans la province du Sichuan.
De 1934 à 1936, les forces vives de l'Armée rouge des ouvriers et des paysans chinois ont accompli la Longue Marche. Ces forces étaient parties de la Chine du Sud pour converger vers la base révolutionnaire du Nord, à la jonction des provinces du Shaanxi et du Gansu. Elles ont marché 15 000 li (7 500 kilomètres) et traversé 70 districts différents. Pendant leur expédition de deux ans, une année et 8 mois ont été passés au Sichuan.
Au Sichuan, l'excursion rouge couvre la partie orientale et occidentale de la province. Les itinéraires les plus panoramiques incluent : le mont Songpan-Jiajin, ce qui couvre la vallée de Jiuzhaigou, Huanglong, un site du patrimoine naturel, et Xiaojin; rivière Dadu-Garzê, où les visiteurs peuvent admirer la beauté de Dacheng, Yading et Shangri-La. D'autres excursions présentent d'anciennes résidences de chefs communistes défunts, des régions habitées par l'ethnie Yi et la région du fleuve Jinsha, la région des Soviets du Shaanxi-Sichuan, de même que la région historique où l'Armée rouge a traversé quatre fois la rivière Chishui pendant la Longue Marche.