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Histoire des chrétiens de Chine

© Chine Informations - La Rédaction
(la reproduction de cette stèle a été présentée à l'exposition missionnaire de l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, Montréal, en octobre 2001, et est propriété d'Amitié-Chine où elle est exposée, en préparation d'un éventuel pélerinage à Xian, Chine, pour y honorer l'Église chrétienne chinoise du 7e siècle et porter un témoignage de solidarité à la foi demeurée vivante.)

C'est au voisinage de ce sanctuaire taoïste qu'a été trouvé
entre 1623 et 1625 le plus ancien monument de l'histoire chrétienne en Chine. Le jésuite Bartoli raconte cette trouvaille avec enthousiasme


" Or les pères s'apprêtaient à porter la lumière de l'Évangile dans cette province du Shenxi et dans sa majestueuse capitale Xi'an, quand, quelques mois avant leur arrivée là, [... ] en creusant pour jeter les fondations de je ne sais quel édifice près de Zhouzhi, ville d'une importance secondaire, environ trente milles à l'ouest de la capitale, les ouvriers rencontrèrent quelques restes de constructions et en les déblayant ils trouvèrent une grande plaque de marbre qu'on tira dehors et qu'on nettoya avec soin. On vit alors qu'elle était couverte de caractères, les uns chinois, les autres de forme étrange, appartenant à une autre langue que personne ne connaissait ; mais les uns et les autres sculptés avec une perfection rare'. "
Depuis l'implantation de Matteo Ricci à Pékin de 1600 à 1610, les jésuites se préparaient effectivement à évangéliser la province du Shenxi. On leur reprochait d'introduire en Chine une religion nouvelle. La découverte d'une stèle chrétienne millénaire révélait l'existence de tout un passé chrétien en Chine. Pouvaient-ils imaginer plus belle pierre d'attente à leur apostolat ? Leurs ennemis en Europe les accuseront d'ailleurs d'avoir forgé cette affaire de toute pièce.
Mais les pères étrangers ne sont pas les seuls à se réjouir de l'événement. Le chrétien Zhang Gengyu, disciple de Matteo Ricci, réalise immédiatement l'immense intérêt de l'inscription. Il en fait une copie qu'il envoie à Hangzhou au célèbre savant récemment baptisé le docteur Léon Li. Celui-ci en publie bientôt le texte. Peu après sa découverte, la grande pierre noire lourde de deux tonnes est transportée à Xi'an et placée dans le temple bouddhiste du Culte de la bienveillance (Chongren si), à l'ouest de la ville. Ce temple était d'ailleurs bâti sur le terrain de l'ancien monastère nestorien du quartier de Yining.
Certains historiens en concluent que la stèle a été découverte en cet endroit. Mais les recherches du professeur Saeki prouvent qu'un autre monastère nestorien avait été construit sur ordre du même empereur Tang Taizong (627-649) près du village de Wuqun, à quinze kilomètres au sud-est de Zhouzhi, non loin du sanctuaire taoïste de Luquantai. (1)

1. Cité par Henri Havret dans Variétés sinologiques, n' 12, " La stèle chrétienne de Si-Ngan-Fou ", II, partie - Histoire du monument -, Changhai, 1897, pp. 343S.


Au début du XXe siècle, la fameuse stèle est finalement transférée au musée provincial du Shenxi, à l'abri des vandales et des intempéries. On peut y contempler aujourd'hui la haute pierre noire dressée sur une tortue massive dans le dédale de la Forêt des stèles. Le monument chrétien, unique en son genre, voisine avec des centaines de pierres similaires où sont gravés les Classiques confucéens et les écrits canoniques du Bouddhisme. Le grand bloc calcaire mesure 2,79 m de haut, sur 1,02 m de large et 0,29 m d'épaisseur. 1 756 caractères chinois y sont gravés en lignes verticales. Quelque 70 mots en écriture syriaque sont inscrits dans la partie inférieure. Le haut rectangle est surmonté d'un fronton arrondi portant le titre du monument : un carré de 9 caractères sous une croix aux bras évasés. La croix est elle-même placée sous les lignes incurvées d'un triangle formant toiture. Une grosse perle est sculptée au faîte et deux animaux mythiques enlacent l'ensemble des volutes de leur corps mi-serpent, mi-poisson. Les neuf grands caractères chinois peuvent se traduire ainsi "mémorial de la propagation en Chine de la religion venue de Daqin ".

L'expression " Religion lumineuse " rend le chinois "Jingjiao" Le contenu du texte montre bien qu'il s'agit du christianisme, foi au Christ, Lumière du monde et non pas d'un culte de la lumière hérité des traditions persanes. Daqin (prononcer " Datchine "), est le nom de la région orientale de l'Empire romain, principalement de la - Syrie, point d'aboutissement de la route de la soie. Les premiers messagers de l'Évangile venaient peut-être de Perse mais leur Église était implantée en Syrie et se réclamait de la doctrine de Nestorius.


LA RELIGION LUMINEUSE
La stèle chrétienne fut érigée en l'an 781, Son auteur est le prêtre Jingjing dont le nom signifie " Le Pur de la religion lumineuse ".

2. P.Y. Saeki, The Nestorian Documents and Relics in China, Tokyo, Maruzen, 1951, pp, 29-33.


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