Gaokao : Examen national d'entrée à l'université
Le Gaokao 高考, Examen national d'entrée à l'université en Chine, est un moment redouté par l'ensemble des étudiants chinois et leurs familles. En l'espace de trois jours, ils doivent faire leurs preuves afin de pouvoir prétendre à l'enseignement supérieur. En cas d'échec, ce sont souvent les espoirs de toute une vie qui s'envolent...
Du 7 au 9 juin - depuis 2001 -, les étudiants chinois passent peut être le moment plus stressant de leurs existences : l'examen national d'entrée à l'université, ou Gaokao. Pendant les épreuves, tout le pays semble retenir son souffle. La circulation est bloquée près des centres d'examens et les policiers cherchent au maximum à limiter le bruit alentour.
Sur tous les participants à peine plus de la moitié décrocheront le droit d'intégrer un établissement d'enseignement supérieur.
Petit historique du Gaokao
L'examen national d'entrée à l'université, ou Gaokao, a vu le jour en parallèle avec la naissance des grandes universités chinoises. Pendant la Révolution Culturelle, il a logiquement été mis en retrait, les potentiels lauréats étant envoyés en campagne pour effectuer le travail des champs...
Conscient du besoin de s'appuyer sur l'éducation universitaire, Mao Zedong avait néanmoins remis l'examen au goût du jour, à la simple différence que les critères de sélection concernaient fortement les convictions politiques des candidats et leur environnement familial...
C'est finalement à la mort du Grand Timonier que l'examen reprend une forme comparable à ce qu'il est aujourd'hui, sous l'impulsion notamment de Deng Xiaoping en 1977. Cette année là, aucune restriction d'âge n'est imposée (ce qui est à nouveau le cas depuis 2001).
C'est donc fort logiquement que les candidats se bousculent, en particulier les générations sacrifiées sur l'autel de la Révolution Culturelle. De l'adolescence jusqu'à la trentaine bien avancée, le panel des candidats est varié, mais seulement 1% d'entre eux seront admis... devenant ainsi des privilégies aux yeux du reste de la population.
Organisé de manière régionale en 1977, l'examen prend une forme nationale l'année suivante et jusqu'à nos jours, même si les provinces et municipalités jouissent aujourd'hui d'une plus grande liberté de manoeuvre.
Comment se déroule le Gaokao
Le Gaokao est particulièrement important car il détermine le droit d'entrée ou non dans les universités du pays. Un score élevé permet à l'étudiant de choisir parmi les meilleurs établissements du pays, alors qu'un score trop bas signifie souvent l'impossibilité de poursuivre ses études, ou alors l'obligation de s'inscrire dans une école privée souvent coûteuse et pas forcément de qualité. Une solution inenvisageable pour les familles modestes...
Le score de l'examen va de 100 à 900 points, et compte trois sujets obligatoires : chinois, mathématiques, langue étrangère (le plus souvent anglais, voire russe ou japonais). On compte six autres sujets standards avec la physique, la chimie, la biologie pour les sciences, l'histoire, la géographie, et l'éducation politique pour les sciences humaines.
Les étudiants doivent en général sélectionner les universités qu'ils visent avant l'examen, même si des changements sont tolérés pour les élèves qui ont obtenu des scores importants. Les universités dites «clés» telles Beida ou Tsinghua à Beijing, sont les plus convoitées et donc les plus difficiles d'accès.
Les controverses du Gaokao
Examen d'envergure titanesque, le Gaokao n'en est pas moins soumis aux controverses et critiques. D'une part, il impose une pression énorme à plusieurs millions d'étudiants et leurs familles dont il joue l'avenir et les attentes d'une vie sur trois petits jours d'examens.
D'autre part, son mode de fonctionnement n'est pas parfait, car il permet de connaître avant tout la capacité d'un candidat à assimiler et accumuler de nombreuses connaissances sur une année, plutôt que de mettre en avant des qualités de réflexion, d'analyse... Bref, plus qu'un potentiel dormant, face à cet examen les jeunes lycéens ne deviennent plus que des chiffres, leur score, qui leur permettra ou non de poursuivre des études supérieures...
Il n'est pas inconnu du public également que le Gaokao est soumis aux risques de corruption... Son importance est tellement grande, tout comme son côté aléatoire, que certains parents essaient de tout faire pour aider leur progéniture via le versement de pots de vin, l'utilisation de guanxi... Et même si des efforts concrets sont faits pour lutter contre le phénomène, chaque année des irrégularités ont lieu.
Enfin, on reproche également au Gaokao des quotas d'admission injuste entre les provinces. Il est en effet plus facile pour un natif de Beijing d'intégrer l'enseignement supérieur car le score requis pour lui (ou pour un natif de Shanghai) est souvent plus bas que celui requis pour le candidat d'une province moins importante comme le Henan ou le Zhejiang.
Ce qui explique que beaucoup de parents préfèrent déménager dans les zones les plus favorisées afin d'aider encore un peu plus leur fils ou leur fille. Car pour de nombreuses familles soumises à la politique de l'enfant unique, le Gaokao est vraiment ce qui détermine un avenir radieux ou difficile...
N.J. pour Chine Informations