C'est du chinois !
Vous avez certainement déjà entendu cette expression lorsque, lisant un texte incompréhensible, quelqu'un s'est exclamé "pour moi, c'est du chinois", attribuant à la langue chinoise un sens complexe.
Au but de vous rassurer un apprenant chinois peut dire la même chose quand il apprend le français en ces termes : "c'est très difficile, surtout la grammaire".
En partant de cette expression si générale, partons en promenade sur la lande chinoise, pardon, sur la langue chinoise.
Vers l'autoroute de la langue parlée
Hormis les langues des minorités ethniques, la Chine possède 8 grands groupes de dialectes : Le putonghua (mandarin), le yue (cantonais) le wu (shanghaien), le minbei (fuzhou) le minnan(hokkien-taiwanais), le xiang, le ganet ,le hakka.
A l'exception de provinces de l'ouest et de l'extrême sud, la population parle généralement le mandarin, mais les accents régionaux peuvent en rendre la compréhension difficile.
Vers l'autoroute de la langue écrite
On qualifie souvent le chinois de langue pictographique.
Si la plupart des caractères chinois de base sont en effet des dessins stylisés du concept qu'ils représentent, près de 90 % des caractères se composent d'une partie porteuse de sens et d'une autre qui indique la prononciation.
On dénombre environ 56 000 caractères chinois, mais beaucoup sont archaïques.
On estime qu'un chinois d'un bon niveau d'instruction peut connaître et utiliser entre 6000 et 8000 caractères. Pour lire et comprendre un journal, il faut en posséder 2000 à 3000 bien qu'un bagage de 1200 à 1500 caractères suffise pour en saisir le sens général.
Le système d'écriture change la manière de percevoir une langue, surtout dans le cas du chinois.
Chaque caractère représente une syllabe parlée, et nombreux sont ceux qui considèrent le chinois comme une langue monosyllabique. En fait, c'est plutôt l'écriture qui peut être qualifié de monosyllabique.
Si l'élément de base de la langue est le caractère monosyllabique, les mots se composent en général d'une combinaison de 2 ou 3 caractères.
Le mot "est" par exemple se forme a l'aide d'un seul caractère (dong) mais associé au caractère "ouest" (xi), il signifie "chose" (dongxi).
En théorie tous les dialectes chinois emploient le même système d'écriture. Dans la réalité, il s'avère qu'un grand nombre de dialectes ne possèdent aucune forme écrite tandis que le cantonais possède 3000 caractères supplémentaires.
Vers l'autoroute de la Grammaire
La grammaire chinoise est beaucoup plus simple que celle du français. Il n'existe ni article (le / un), ni conjugaison, ni pluriel.
En règle générale l'ordre des mots est le suivant : sujet-verbe-complément.
Autrement dit une phrase élémentaire en français, telle que "elle apprend le chinois" adoptera la même construction en chinois.
En revanche l'ordre des déterminés / déterminants n'est pas le même qu'en français.
L'adjectif précède le nom (comme en anglais).
La difficulté tient essentiellement à l'assimilation des différents tons.
Vers une route buissonnière à la simplification de la langue
Afin de généraliser l'alphabétisation, le gouvernement de Beijing (Pékin) créa en 1954 le Comité de Réforme de la Langue Chinoise.
Quelque 2200 caractères furent ainsi simplifiés.
Toutefois certaines communautés chinoises résidant en dehors du continent (notamment à Hong Kong et à Taiwan) continuent d'utiliser les caractères traditionnels dans leur forme complète.
Ces dernières années, probablement à la suite des investissements à grande échelle des chinois d'outre mer et du développement du tourisme, on a assiste à un retour aux caractères "non simplifiés" (plus esthétiques) sur le continent, essentiellement dans la publicité et sur les enseignes de restaurants, des hôtels et des boutiques.
Vers une allée du Mandarin, le Pinyin
En 1958, les chinois adoptèrent un système de transcription de leur langue base sur l'alphabet romain, appelée Pinyin.
L'objectif initial visait à faire disparaître à termes les caractères.Mais les traditions sont bien ancrées et l'idée a finalement été abandonnée.
Le pinyin est souvent utilisé sur les enseignes, les panneaux de signalisation et les affiches publicitaires. Cependant ne vous attendez pas à ce que les chinois sachent s'en servir. Il semblerait en effet que l'usage du pinyin soit en déclin.
Dans les campagnes et les petites villes, vous ne verrez parfois aucun panneau en pinyin et à défaut de parler de parler chinois, vous aurez besoin d'un manuel de conversation comportant les caractères chinois.
Depuis 1979, tous les documents diplomatiques chinois traduits, ainsi que les magasines publiés en langue étrangères se servent du pinyin, au lieu de l'ancien système de romanisation Wade Gilles et Lessing, pour transcrire les noms de personnes et de lieux.
Ainsi en pinyin "Mao Tse Tung" devient "Mao Zedong", "chou Enlai" s'écrit "Zhou Enlai" et "Pékin" se transcrit "Beijing".
Le nom du pays continue à s'écrire comme auparavant : "China" en anglais et en allemand, et "Chine" en français alors qu'en pinyin, il s'écrit "Zhongguo".
Maintenant que Hong Kong (romanisation d'un terme cantonais signifiant "port parfumé") est retourné dans le giron chinois, beaucoup pensent que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne soit renommée "Xianggang".