Bonsoir.
Je viens chercher parmi vous des conseils sur la relation à une femme taïwanaise bien particulière. Issue d'un milieu traditionnel, coque de noix sur l'océan de la modernisation qui l'entoure, nous nous sommes rencontrés il y a un peu plus d'un an en Angleterre. Nous nous sommes rencontrés sur Internet. Nos échanges extrêmement longs avant la première rencontre me laissaient présager une femme ouverte, curieuse et désireuse d'entreprendre et de découvrir. Tous les deux jeunes et enjoués, les échanges étaient dynamiques et intéressants.
Pendant 6 mois, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises, puis j'ai passé deux mois, ayant travaillé dur pour économiser, avec elle en Angleterre où elle finissait son Master. Les premiers conflits sont apparus au sujet d'une ancienne relation qu'elle eut là-bas et qu'elle dissimule à sa famille. Insistant sur le fait que je dois également le taire et, si la question m'est posée par sa famille, affirmer qu'elle était vierge lorsque je l'ai rencontrée... Je lui proposai à cette époque de venir vivre en France. Après de longues discussions, nous tombâmes d'accord et elle vint vivre en France. Elle prit des cours de français, qu'elle ne suivit pas jusqu'au bout. Quant à moi, je pris des cours de chinois et possède aujourd'hui un petit niveau. Durant tout ce temps, sa famille ne fut jamais informé de notre relation, elle ne leur révéla qu'après 7 mois de relation, quelques semaines avant de quitter l'Angleterre. Ce fut un moment très difficile, ses parents lui dirent des choses très dures et elle pleura beaucoup. Je tentais aussi bien que mal de la consoler. Sa famille lui reprocha d'être entré en relation avec moi et de ne pas rentrer à Taïwan, comme il était convenu.
Une fois en France, sa famille commença à exercer de lourdes pression, qu'elle répercutait sur moi, pour que nous nous marrions. Je protestais, indiquant que le mariage viendrait mais qu'il ne pouvait pas être « exigé » aussi brutalement, que l'amour était un acte de don réciproque. Malgré tout, je fis ma proposition début Novembre. Proposition qu'elle déclina, indiquant qu'elle préférait retourner en Angleterre chercher un visa.
En Décembre, nous allâmes ensemble à Taiwan. Je découvris sa famille, son milieu de vie. Ce fut un choc pour moi. Cela ne se passa pas trop mal, bien que je ne pus guère parler avec sa famille, mon chinois étant encore très limité. Mais l'expérience l'affecta profondément. Je découvris la relation qu'elle entretenait avec l'une de ses nièces, une relation maternelle. Nièce dont elle prit soin depuis ses 2 mois. Je découvris la profondeur de ses liens avec sa famille. Cette expérience me fit sentir à quel point son « amour » était divisé. Durant le séjour, elle menaça de ne pas repartir avec moi. Malgré tout elle revint. Mais la relation fut très différente. A plusieurs reprise, j'entendis son souhait de vivre à Taïwan avec moi, où elle pourrait ainsi avoir tout ce qu'elle désire : sa famille et notre relation. Il n'en fut jamais question au départ de notre relation. Il me fallait d'abord finir mes études, mon Master en Hautes Etudes Internationales et peut-être un Doctorat. Et toutes mes perspectives de carrières se trouvent en France, ce n'est qu'ici que je pourrai offrir un niveau de vie et des conditions idéales. Elle, ayant fait un Master en Science de l'Education, je lui proposais d'appuyer, via mes relations, sa demande d'intégrer une université lorsqu'elle aurait finit ses études de français.
Lorsqu'elle revint, elle prit à nouveau des cours, qu'elle n'achevait pas. Elle partit soudainement en Février pour Taïwan, où elle restait 2 mois. Elle revint en Avril, après de dures négociations. Je lui promettais un mariage sans lui donner de date fixe. Je lui demandais tout de même un effort de compréhension réciproque et de communication. Elle revint mais les choses se passèrent fort mal. Chaque jour, me demandant d'une manière impérative et infantile la date de notre mariage, m'épuisait davantage. En Juin, après des mois de disputes et des nuits où elle ne me laissait pas dormir, un comportement agressif, j'échouais à mes études de chinois, ce qu'elle me reprocha âprement. Depuis notre retour en France, après le premier voyage à Taiwan, elle s'était considérablement rapprocher de sa famille. Ses appels duraient des heures 5 à 6 fois par semaine. Mon mode alimentaire (je mange biologique), ma vision de l'éducation (éducation explicative et situationnelle), ma vision de la santé (médecine douce, prévention par le mode de vie) lui semblaient intolérables. J'essayais de lui faire comprendre en lui donnant des articles, livres (en anglais), etc., qu'elle ne lisait jamais et refusait même de lire. Nous avions discuté de tout cela au tout début de la relation et je fus très honnête : elle semblait curieuse et intéressée.
Devant une telle situation, je retardais le mariage, lui demandais un effort de compréhension, une attitude moins agressive, de me laisser dormir la nuit et aussi de ne pas laisser sa famille interférer sans cesse dans notre relation.
En Août dernier, elle repartit à nouveau à Taïwan. Emportant cette fois-ci avec elle toutes ses affaires. Elle prétendit repartir pour travailler plusieurs années et revenir ensuite. Je comprenais vite qu'il s'agissait en réalité de sa dépendance émotionnelle avec sa famille et de sa nostalgie (le panel complet des symptômes de ce que les anglais appellent « homesick »). Après deux petites semaines, je lui faisais part de mon souhait de mettre un terme à la relation. J'enlevais ma bague de fiançailles, supprimais les photos et coupais les liens « internet » avec elle. Elle prit très peur et par attachement, que je reconnais, à mon égard, elle décida de revenir. Elle doit maintenant revenir à la fin du mois, le billet est réservé. Nous devrions nous marier en Octobre.
Elle prétendit toujours que l'absence de mariage était la raison de son comportement. Ou encore qu'en l'absence de mariage, elle se sentait comme un « fantôme » à vivre ici avec moi. Ses propos me blessèrent énormément. Je ne pus pas me résoudre à mettre un terme à la relation. Etant issue d'une famille aisée, elle s'apprête donc à renvoyer tous ses cartons en France et à revenir à la fin du mois. Le périple lui aura coûter au bas mot 4000€.
Nos disputes ne cessent pas pour autant. Nous reconnaissons tous deux que l'intégrité de nos sentiments a été très altérée. Lorsque je lui demandais s'il ne serait pas plus sage de mettre un terme à notre relation, elle refusait et s'emportait dans des colères. Les négociations furent très rudes et je mis beaucoup de conditions. Elle me demanda d'accepter sa famille. Elle m'écrivit qu'elle aimait sa famille davantage que moi, mais que c'était un sentiment naturel. Ses parents étant partis en voyage, elle garde sa nièce jusqu'à la fin du mois, avant de revenir, et s'est remise dans un rôle quasi maternelle à son égard qui me blesse beaucoup : elle m'accorde peu de temps, sa nièce s'interpose dès que nous échangeons ... L'amour qu'elle porte à sa famille me donne le sentiment d'être à l'étroit, de ne pas être vraiment aimé et d'être toujours second. La voir prendre systématiquement la défense de sa famille contre moi, ou utiliser le "Nous", "Notre, "Maison" ("home" en anglais)pour désigner elle et sa famille ou la maison de ses parents, me déchire un peu plus à chaque fois dans mon sentiment de solitude. Une solitude accompagnée mais pourtant réelle...
Qu'est-ce qui appartient à la différence culturelle et qu'est-ce qui appartient au choix individuel ? En allant à Taïwan, je découvris une société somme toute assez normale, avec ses statistiques de divorce, ses traditions en disparition, accélérée sous le coup d'une jeunesse supportant de plus en plus difficilement l'étouffement familial, sa division politique et ses supermarchés géants de la mondialisation.
Je viens chercher vos conseils tant toutes mes certitudes ont été brisées. Si vous m'avez lu jusqu'ici, soyez en remercier et si, surtout, vous avez connu de près ou de loin des situation similaires, n'hésitez pas à me le faire savoir.
Dernière édition : 25/09/2010 20h56