Tung Chee-hwa
Tung Chee-Hwa 董建華 né le 7 juillet 1937 à Shanghai en Chine a été le premier chef exécutif de la Région Administrative Spéciale de Hong Kong en République Populaire de Chine.
Epidémie de pneumonie atypique, crise financière, manifestations monstres réclamant plus de démocratie... : le numéro un de Hong Kong, Tung Chee-hwa 董建華, "démissionné" par Pékin selon la presse locale de mercredi, a essuyé crise sur crise depuis 1997, année où il prenait les rênes de l'ancienne colonie britannique tout juste rétrocédée à la Chine.
Né à Shanghai dans une des dynasties d'armateurs les plus riches de Chine, ingénieur formé à l'Université de Liverpool (Grande-Bretagne), aussi bien implanté dans le parti communiste de Shanghai que dans le gouvernement de Hong Kong : Tung Chee-hwa semblait le candidat idéal quand il a été nommé par Pékin pour devenir le premier leader chinois de la toute nouvelle "Région administrative spéciale". La presse dit qu'il aurait accepté à contrecœur.
Patriote chinois, il avait incarné l'optimisme provoqué en 1997 par le transfert de souveraineté. Mais la période de grâce fut brève : à la fin de la même année, l'Asie était saisie par une grave crise économique et financière.
Quelques années plus tard, peu après sa reconduction au pouvoir en 2000 pour un nouveau mandat de cinq ans, c'est le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), ou pneumonie atypique, qui allait infliger un coup encore plus sévère à Hong Kong, tuant 299 personnes en 2002-2003 et faisant plonger Bourse et marché immobilier.
"Concentré uniquement sur les problèmes économiques", le dirigeant a négligé le social, explique le député de l'opposition Ronny Tong.
Le retour du bâton a été sévère : le 1er juillet 2003, un demi-million de personnes, sur une population de sept millions, descendaient dans la rue, critiquant la gestion gouvernementale du SRAS et de la crise économique. Les manifestants exigeaient également plus de démocratie à Hong Kong.
C'était "le début de la fin", se souvient Christine Loh, figure de l'opposition démocratique. Au lieu de tenter d'apaiser la fronde, "l'homme de Pékin" comme on le surnomme souvent, commettait la maladresse de vouloir passer en force sur une loi anti-subversion, voulue par le pouvoir communiste et vivement critiquée par les démocrates.
Le résultat ne se fit pas attendre : le 1er juillet 2004, ce sont à nouveau un demi-million de personnes qui manifestaient, avec pour slogan "le pouvoir au peuple".
"Il n'a pas pu sauver sa crédibilité après ça", souligne Christine Loh. Quelques scandales politiques et une polémique sur la collusion soupçonnée du gouvernement avec les magnats ont achevé de réduire la popularité du leader Tung.
"Vous ne pouvez pas lui mettre sur le dos tout ce qui s'est mal passé", admet Ronny Tong "mais de nombreux problèmes proviennent de sa manière de gérer les choses", estime l'opposant.
Pékin a commencé à perdre patience à mesure que croissaient le mécontentement et en particulier les protestations des démocrates, qui réclament l'élection au suffrage direct du chef de l'exécutif dès 2007, soit la fin théorique du mandat de Tung Chee-hwa. Cette revendication a récemment reçu une fin de non recevoir de la part de Pékin. Le "président" de Hong Kong est actuellement nommé par un comité acquis au pouvoir communiste.
A Macao en décembre, Tung Chee-hwa essuyait une sévère remontrance du président chinois Hu Jintao qui l'invitait à "placer les intérêts de Hong Kong et les intérêts de la nation à long terme en première place".
"Sa chute est due à son écrasante mission de décoloniser Hong Kong, de l'intégrer plus à la Chine. Ce n'était pas nécessaire. Cela a affaibli les institutions qui jusqu'alors réunissaient la population", estime Christine Loh.