She (ethnie)
Les quelque 635 000 She 畲 habitent dans les provinces du Zhejiang, Jiangxi, Anhui et Guangdong. Ils vivent dans des villages regroupant des dizaines de ménages de la même ethnie ou avec les Han. La plupart habitent dans des zones de collines dans lesquelles les rivières ont creusé leur vallée. Le climat y est doux et humide, la période de gel assez brève et la terre est fertile. Les produits agricoles abondent : riz, patates, blé, colza, fèves, tabac et pommes de terre pour n'en nommer que quelques-uns.
Le bois de construction et le bambou sont des marchandises importantes pour les She; les autres produits comprennent le thé, les pousses de bambou séchées et marinées, les arachides, les champignons, le camphre et les herbes médicinales. Les ressources minérales incluent le charbon, le fer, l'or, le cuivre, l'aluminium, le soufre et beaucoup de métaux non ferreux.
Le langage des She est très semblable au dialecte des Kejia (Hakkas), et la plupart des She utilisent le chinois dans la vie courante. Certains She du Guangdong utilisent un dialecte qui ressemble à celui des Miao.
Histoire
Les experts ne s'entendent pas sur la véritable origine des She. Sont-ils des descendants des Yue? Ont-ils les mêmes ancêtres que les Miao? La plupart croient que les ancêtres des She vivaient dans les monts Phénix, à Chaozhou, province du Guangdong. Ils auraient quitté leur pays natal pour fuir l'oppression du régime féodal. C'est pourquoi les She se donnent l'appellation d'« invités des montagnes ». Dans leur nouvel habitat, les She furent dirigés par le gouvernement central, pour la première fois au VIIe siècle, lorsque la cour des Tang (618-907) mit en place les préfectures de Zhangzhou et de Tingzhou, dans la province du Fujian. Sous les Song (960-1127), le régime féodal était bien implanté parmi les She qui vivaient alors de la culture du riz, du thé, de la canne à sucre et de la ramie. Au XIVe siècle, les She se déplacèrent vers les zones montagneuses de l'est du Fujian, du sud du Zhejiang et du nord-est du Jiangxi. Leur situation s'est améliorée sous les Ming (1368-1644). Tout au long de l'histoire, les She ont combattu l'exploitation et l'oppression. Durant la première guerre civile révolutionnaire (1924-1927), les paysans she de l'est du Guangdong se soulevèrent, et ceux du Fujian et du Zhejiang le firent à leur suite. Les activités révolutionnaires pullulaient durant la révolution agraire (1927-1937), et la plupart des zones habitées par les She étaient régies par le pouvoir démocratique des paysans-travailleurs. Les She luttèrent vaillamment durant la guerre contre l'agression japonaise (1937-1945) et contre le Guomindang. Ces cinquante dernières années, les zones habitées par les She sont devenues des régions importantes dans la production du thé. Le chemin de fer passe par les monts où habitent les She et tous les districts sont reliés par la route, ce qui facilite les déplacements et le commerce.
Mode de vie
Chants alternés entre hommes et femmes. Les She aiment chanter. Ils chantent en travaillant ou pendant les occasions spéciales, et chaque année, des She prennent part à des festivals de chants. Ils aiment chanter en duo.
Habillement. Les femmes aiment porter des vêtements fleuris, ornés de motifs d'oiseaux ou de formes géométriques. Elles portent souvent des écharpes aux couleurs vives et des chapeaux en bambou décorés de perles ou garnis de dentelle de soie blanche ou rouge. La dentelle est souvent employée pour orner les vêtements. Dans certaines régions, les femmes portent un pantalon court à longueur d'année. Lorsqu'elles le font, elles couvrent leurs jambes, enroulent des écharpes colorées à leur taille et portent un veston orné de dentelle. Elles portent les cheveux enroulés en chignon et les nouent avec un fil de laine rouge. Le jour de son mariage, la jeune fille she porte une couronne de phénix tenue en place par des épingles à cheveux en argent.
Famille. Les familles She sont organisées selon les « temples ancestraux » et regroupés par nom de famille ou par clan. Chaque temple possède un chef qui est responsable de régler les différends, d'administrer les affaires publiques et de présider les cérémonies sacrificielles. Dans chaque temple, il y a les « fang » sous lesquels vivent les groupes unis par les liens du sang.
L'unité de base sur le plan de la vie et de la production demeure la famille patriarcale, dirigée par l'homme le plus âgé. Toutefois, les femmes she jouissent d'un statut plus élevé que les femmes han. En fait, beaucoup d'hommes she vivent dans la famille de leur femme et adoptent leur nom de famille.
Mariage. Aujourd'hui, les coutumes matrimoniales des She ressemblent beaucoup à celles des Han. Autrefois, les mariages arrangés étaient chose courante, de même que la vente des filles. La dot comprenait habituellement des outils de ferme, des chapeaux en bambou et des capes contre la pluie. La cérémonie nuptiale était simple. Le futur époux se rendait dans la famille de la fiancée pour un festin. Comme il y trouvait la table vide, il chantait pour exprimer ce qu'il désirait : baguettes, vin et nourriture traditionnelle pour les noces. À la fin du banquet, il chantait encore, cette fois-ci pour demander qu'on desserve la table. En retour, le cuisinier répliquait avec des chansons de son cru. Les nouveaux mariés faisaient des prières aux ancêtres et disaient au revoir aux parents. Le marié marchant au-devant, les deux époux se dirigeaient vers la maison de la famille du marié, chacun portant un parapluie et chantant en écho. Les parents du marié les accueillaient à la porte, ce qui complétait la cérémonie. Au moment où le système de servage féodal était en cours, les parents et les entremetteuses prirent de l'importance pour assurer un mariage « convenable » : le prix d'une épouse devint exorbitant et les paysans les plus pauvres ne pouvaient plus envisager de se marier. En raison du grand nombre de mariages sans amour, les rassemblements de chants sont alors devenus un moyen utilisé par les gens pour passer du temps avec leur amoureux, mettant ainsi au défi le système féodal.
Funérailles. Il y a des siècles, les She incinéraient leurs morts, mais au milieu du XXe siècle, l'enterrement était chose courante.
Fêtes. Tout comme les Han, les She célèbrent la fête du Printemps, la fête des Lanternes, la fête de la Pure Clarté (à la mémoire des défunts), la fête des Bateaux-Dragons, la fête de la Mi-Automne et la fête du Double Neuf. De plus, le troisième jour du troisième mois lunaire est un jour férié au cours duquel aucun travail n'est accompli. Le culte des ancêtres est le thème d'une autre fête, le huitième jour du quatrième mois lunaire. Des sacrifices sont offerts au « roi Duobei » en octobre, et les gens prennent un jour de congé le dix-neuvième jour du deuxième mois lunaire pour marquer l'atteinte du Nirvana par le Bouddha.
Religion. Par tradition, chaque clan était symbolisé par un bâton en tête de dragon, signe des croyances totémiques des She. De plus, les She avaient l'habitude de faire remonter leurs ancêtres à un légendaire « Panhu » qui a aidé un empereur à réprimer une rébellion et gagné le c?ur d'une princesse. Selon la légende, Panhu et la princesse auraient eu trois fils et une fille qui sont devenus les ancêtres des She. Les She vénèrent une peinture de leurs ancêtres légendaires et leur offrent des sacrifices tous les trois ans. Jusqu'à la diffusion généralisée de l'éducation, les She croyaient aux esprits et aux fantômes et ils étaient très superstitieux. Cette coutume perdure chez les personnes plus âgées.