Pont arc-en-ciel
Si l'évocation du nom de pont arc-en-ciel 彩虹桥 (cǎihóng qiáo) fait penser à une légende ou une histoire imaginaire, ce nom sert à désigner des infrastructures qui ont réellement existé par le passé sur le territoire chinois. C'est notamment durant la dynastie des Song, entre 960 et 1279, que ce type de ponts en bois avait été construit. Son appellation a sans aucun doute été choisie en référence à sa forme, car il faisait penser à un arc qui se dressait au-dessus des canaux ou rivières, et lui conférait ainsi l'image d'un arc-en-ciel. Si ce type de pont n'existe plus actuellement, il est toutefois possible d'en admirer une représentation sur une peinture chinoise qui date du XIIe siècle. Cette toile, portant le titre « Le jour de Qingming au bord de la rivière » montre en effet un pont arc-en-ciel, bâti à Kaifeng durant toujours la dynastie Song.
Selon l'histoire, la période durant laquelle cette dynastie avait régné sur la Chine était surtout marquée par la réunification des différentes parties du pays, pour former ensuite un seul et unique royaume. Le résultat de cette action est que la population de la Chine réunie avait alors doublé, ce qui avait entraîné de grands changements dans les infrastructures existantes. En effet, il a fallu par exemple multiplier les canaux pour irriguer les rizières, mais aussi construire des ponts afin de faciliter le déplacement des personnes, des marchandises ainsi que des armées. Toutefois, la construction de ces ponts ne devait pas engendrer des dépenses trop importantes, et ils devaient être érigés dans des délais assez brefs. Malgré toutes ces contraintes, il fallait tout de même qu'ils soient assez solides pour durer plusieurs années et supporter les nombreux va-et-vient de populations et de biens. Ils devaient aussi permettre de rejoindre les rives des différents canaux, des cours d'eau et rizières, sans qu'ils ne subissent les aléas des inondations. Un autre point essentiel se rapportant à ces ponts est qu'ils devaient permettre la circulation fluviale. Toutes ces contraintes réunies, il était évident qu'il était impossible de choisir les ponts qui disposaient d'une arche en pierre, car ils n'avaient pas une portée assez importante. La solution était alors de construire un pont arc-en-ciel, qui était fait essentiellement en bois et doté d'une seule travée. Les piliers du pont devaient aussi reposer sur les rives, mais non pas dans le cours d'eau, comme ce qui était fait habituellement. La courbe de son arche ainsi que son volume total lui confèrent un aspect très esthétique, ce qui fait que le pont arc-en-ciel semble gracieux et suspendu dans les airs. En plus d'être fait en grande partie avec du bois, le pont en arc-en-ciel se démarque aussi par la charpente qui compose son tablier. En effet, ceux qui érigent ces ponts utilisent deux charpentes en troncs, qui sont imbriquées entre elles, ce qui leur permet de se bloquer mutuellement sous leur poids. À part ce point particulier, le reste de la construction est assez basique, avec des fondations faites en pierres de taille, un revêtement fait avec de la pierre ou des planches, un garde-corps, etc. À cette époque, les ponts arc-en-ciel étaient fabriqués par les gardes d'une prison dans la province de Shandong.
Comme les ponts arc-en-ciel ont disparu depuis bien longtemps, le mystère entourant les techniques de sa fabrication demeure encore actuellement. Il n'y a en effet pas de trace écrite, ni de plans indiquant les étapes et les instructions à suivre pour son élaboration. Malgré le vide se rapportant à sa construction, une équipe de Novas a essayé, avec l'appui du professeur Huan Cheng, spécialisé dans les anciens ponts de Chine, de construire un pont arc-en-ciel. Leur projet était de bâtir cette infrastructure au-dessus d'un canal de la ville de Jinze, qui se trouve à proximité de la cité Song de Suzhou. Pour parvenir à leurs fins, ils avaient réalisé plusieurs maquettes, et devaient en plus évaluer toutes les contraintes et les difficultés liées au terrain où se dresserait le pont. Pourtant, à force de persévérance, ils parvinrent à leurs fins, et c'est ainsi que deux quartiers de la ville, séparés par le canal en question, furent reliés par un pont arc-en-ciel achevé au mois de février de l'an 2000. Le pont en question n'est praticable que par les piétons, de plus, par rapport aux ponts arc-en-ciel qui devaient exister du temps de la dynastie Song, il est plutôt de taille modeste. Toutefois, il est l'exemple concret que les ponts arc-en-ciel peuvent bien être bâtis, malgré le fait qu'ils mesurent plusieurs dizaines de mètres de longueur et de hauteur, et que leurs piliers se trouvent uniquement à leurs extrémités.
Il est important de noter que même Léonard de Vinci s'était attelé à produire des plans pour la construction du pont arc-en-ciel, et que ses dessins avaient servi à en construire un à Fribourg-en-Brisgau.
