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Phylosophie chinoise

© Chine Informations - La Rédaction

Ce que par commodité nous appelerons ici la philosophie chinoise se réfère en fait à un faisceau de courants de pensée ayant profondément marqué de nombreux aspects de la vie des hommes ayant vécu en Extrême-Orient (Chine, Japon, Corée, Vietnam, etc.)

Fondations

La philosophie chinoise plonge ses racines dans l’antiquité. On la fait remonter au Yi Jing, le fameux Livre des Mutations, qui est une grille de 64 états transitoires symbolisés par les hexagrammes et les nombreuses possibilité de transformations qu’ils proposent. La pensée de cette époque s’orientait vers l’observation de la nature et de ses cycles. Observant les craquelures provoquées par la flamme sur des écailles de tortue ou des omoplates, les anciens Chinois pensaient « lire » le cours du monde. Pour noter le résultat de ces études oraculaires, c’est-à-dire en général savoir s’il est faste d’entreprendre telle chasse ou telle guerre, les caractères chinois ont été inventés. Une catégorie d’homme s’est spécialisée dans la manipulation de ces caractères et le metier de devin s’est diversifié en celui d’annaliste. Connaissant l’écriture et donc capable de lire les règlements, ces annalistes sont devenus des fonctionnaires et des lettrés, faisant souvent partie de la petite noblesse, intermédiaire entre le prince et le peuple. Ceux-ci débattaient des problèmes rencontrés dans leur vie de tous les jours et proposaient leurs conseils aux princes. Certains, comme Confucius et Lao Zi, ont eu une postérité et une influence qui n’ont rien à envier à celles de Jésus ou Socrate.

Ainsi donc, quelques siècles avant Jésus-Christ, un peu selon le même processus et à la même époque que la philosophie grecque et ses développements, quelques pères fondateurs ont initié des courants, puis ces courants ont connu divers avatars, éclipses, résurgences et renouvellements, puis des apports extérieurs ont été intégrés (comme le Bouddhisme ou le communisme par exemple). Les thématiques initiées par ces premiers Maîtres sont restées au cœur de la pensée chinoise et lui ont en grande part donné sa spécificité, bien que ces fondateurs aient vécu à une époque très éloignée et que leurs doctrines aient été interprétées, commentées, parfois déformées par des générations de lettrés dont les problèmes étaient fort différents.

Spécificités

La philosophie chinoise différe assez radicalement de la philosophie occidentale, au point que, techniquement, on peut refuser de qualifier de « philosophiques » les méthodes et les résultats de sa démarche. Refusant très tôt la spéculation et n’approchant que rarement et tardivement de la métaphysique ou de la logique, la pensée chinoise s’appuie plus volontiers sur l’analogie que sur la logique, sur la résolution des problèmes concrets que sur la définition des concepts, sur l’exemplarité que sur la démonstration, sur la fluidité de l’esprit que sur la solidité des arguments. Ne reconnaissant pas d’entité unique, personnelle et créatrice du monde, l’idée de vérité ultime et absolue à sonder par la foi ou la raison n’est que rarement invoquée dans une discussion philosophique.

En revanche, la morale humaine est au cœur du débat, et on s’oppose sur la fait de savoir si l’homme est naturellement bon mais perverti par la société (comme l’avance Mencius) ou si c’est seulement par l’éducation qu’on transforme une bête sauvage en être civilisé (reponds Xun Zi). De fait, la pensée chinoise s’oriente surtout vers la résolution pratique des problèmes de la société. Elle est dans ce sens essentiellement politique, avec des exceptions qui ne cachaient pas leur hétérodoxie. Ainsi, bien qu’aujourd’hui en Occident on imagine la sagesse chinoise comme une méditation cosmique faite d’ascèse et de détachement du monde, c’est ne voir que la partie émergée -- peut-être la plus en phase avec les aspirations contemporaines -- de l’iceberg monumental de la production écrite des lettrés chinois.

On peut trouver des raisons a cette tendance lourde au réalisme pragmatique de la philosophie chinoise. Le fait que le corps des lettrés (nos « intellectuels ») ait, pour des raisons historiques, eu à jouer un rôle central dans la société, en tant que fonctionnaires, en est une. Le fait que les œuvres antiques comme le Livres des Poèmes (Shi Jing) révérées comme l’essence même de la culture ait surtout eu pour thème les relation du Prince et du peuple, et que les livres des fondateurs Confucius et Lao Zi soient écrits à l’usage du prince, en est une autre. Cependant cette tendance n’exclut pas les reflexions plus individualistes ou spirituelles comme celles que l’on trouve dans le taoïsme et le bouddhisme, des courants de remise en cause philologique des textes, des considérations cosmologiques ou naturalistes comme l’étude du Yin et du Yang, des Cinqs Elements, etc.

Courants majeurs

Des divers courants de pensée ayant contribué à la philosophie chinoise, trois sont majeurs, d’autres ont joué un rôle historique, voire anecdotique.

Le Confucianisme en est le courant principal et n’a connu que de rares mises à l’écart. Toute éducation se fondait avant tout sur les livres formant le « Canon confucianiste » : dont le Shi Jing ou Livre des Poèmes, le Yi Jing ou Livre des Mutations, les Annales de Lu, les Entretiens de Confucius et le livre de Mencius. Presque toute la production savante en Chine peut s’interpréter comme une suite de commentaires sur ces œuvres vénérées comme étant l’essence de l’esprit chinois. Presque tous les mouvements de pensée confucianiste se présentaient comme ayant renoué avec la vraie pensée du Sage. Entre les « réalistes » comme Xun Zi et les partisants de son pendant « idéaliste » Mencius, plus tard entre Wang Yangming et Zhu Xi, des tendances ont émergé et débattu de la pensée du Maître, enrichissant la philosophie de nouveaux concepts et de nouvelles interprétations. C’est la lignée de Mencius que Zhu Xi va privilégier et ses commentaires seront ceux considérés comme orthodoxes, c’est-à-dire comme référence, par les examinateurs impériaux des dynasties des Ming et des Qing (la dernière).

La Taoïsme s’est le plus souvent placé en opposition par rapport à cette orthodoxie. Bien qu’il partage avec le confucianisme le fonds culturel chinois, et que des œuvres aussi essentielles que le Livre des Mutations aient été également revendiquées par les deux écoles, le taoïsme a été très tôt perçus comme hétérodoxe, et il a été cultivé soit par les artistes (souvent des lettrés ayant été rejetés de la société), soit par les empereurs en quête de recettes d’immortalité, soit par le peuple sous sa forme de religion chamanique.

Le Bouddhisme venant de l’Inde a réussi à s’imposer comme le troisième grand courant informant la pensée chinoise. Souvent décrié par les Lettrés orthodoxes (confucianistes, donc) comme étant une collection de superstitions étrangères permettant aux bonzes de manger sans travailler et de s’écarter des loi de la Nature par leur abstinence et leur végétarisme. Malgré cela, en s’appropriant les concepts chinois et en les revitalisant, le Bouddhisme a peu à peu obtenu ses lettres de noblesse et un grand nombre de ces Lettrés sont devenus bouddhistes.

Un proverbe familier dit que « les trois religions n’en font qu’une », montrant que, malgré les luttes d’influences, la plupart des Chinois observaient à leur égard un synchrétisme pacifique, qui a par ailleurs profondément troublé les missionnaires européens venus leur affirmer qu’il n’y a qu’un seul Dieu et qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois. De plus, ces « trois religions » n’ent forment en fait aucune, puisque qu’aucun de ces mouvements de pensée ne peut s’assimiler sérieusement avec ce que nous appelons une « religion » au sens propre.

Ces trois flux, mais surtout le confucianisme, ont assez tôt occulté différents autres courants qui ont vu le jour presque en même temps (pendant la période dite des « Cent Écoles »).

Les Cent Écoles

Le Légisme de Shang Yang ou Han Fei Zi est une doctrine purement politique, très autoritaire, ressemblant fort au totalitarisme et dont l’influence s’est manifestée lors de la création de l’Empire par Qinshi huangdi en 200 av. J.-C.. Selon les légistes, la loi est au-dessus de tout, les châtiments doivent être d’une sévérité extrême, on ne peut tenir compte que du bien public et les familles doivent toutes être au service exclusif du Prince. Ayant décrété un autodafé de tous les livres sauf ceux de médecine et d’agriculture, ayant envoyé à la mort des lettrés par centaines qui voulaient faire entendre les plaintes du peuple, le légisme a été unanimement condamné dans la Chine impériale, dès qu’il a été remplacé comme doctrine d’Etat par son ennemi direct, le confucianisme. La Chine lui doit portant un certain nombre de ses caractéristiques : unification des caractères, des poids et des mesures, des largeurs des essieux, centralisation de l’administration, méfiance envers les maisons princières toujours prêtes à dépecer le pays en fiefs autonomes.

Le Mohisme, fondé par Mo Zi, est une sorte de confucianisme dégénéré, où l’on trouve pèle-mèle l’amour universel pacifiste, l’embrigadement dans des unités para-militaires, le refus des rites et de la musique, le dévouement absolu au bien commun, des essais d’argumentation logique, etc. L’École des noms, ou des Logiciens, s’intéresse au langage et aux relations logiques qu’il décrit, dans le but de convaincre. Lors de l’effervence intellectuelle de cette période des Cent Écoles, il fallait débattre et l’emporter sur l’adversaire. En débattant « du dur et du blanc », en démontrant grammaticalement qu’un cheval blanc n’est pas un cheval, ces penseurs qu’on rapproche souvent des sophistes déstabilisaient l’interlocuteur.

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