Pan ShiYi
Le Dao pour sauver l'imagination compétitive
A la fin du 19ème siècle, un légendaire écrivain américain, Horatio Alger, raconte les histoires de personnalités qui se sont extirpés de l’état de pauvreté et sont devenues riches à force de persévérance, de travail et de chance tout en conservant leurs propres valeurs, leurs racines.
Pan ShiYi 潘石屹 de Beijing personnifie un de ces héros d’Alger. Contrairement à beaucoup de notables ou entrepreneurs de la capitale, il n’est pas né à Pékin et il n’a pas étudié dans les universités occidentales. Il est né dans une ferme du Gansu où ses parents travaillaient pour la communauté. Sa mère tomba malade et son père dépensa tout l’avoir de la famille pour prendre soin d’elle. La famille dut même confier deux des sœurs de ShiYi à des familles plus aisées qui les ont adoptées.
Pan a reçut une éducation d’ingénieur technique à l’école de Lanzhou, où ses résultats lui ont permis d’obtenir une bourse pour étudier dans l’université du pétrole. Il commence à travailler pendant la période de première libéralisation de la Chine pour une entreprise d’état dans le pétrole et c’est en 1987 qu’il passe dans l’immobilier en tant que promoteur immobilier entre Shenzhen et Hainan après avoir connu cette région pour y avoir travaillé pour son premier job. C’est à cette époque qu’il se rend compte aussi que les programmes libéraux économiques soutenus par l’Etat dans certaines régions sont efficaces, notamment dans la région de Shenzhen qui devient en un temps record extrêmement riche et attractive.
Espérant une libéralisation au niveau national, il déménage à Pékin et continue à travailler dans l’immobilier pour cet immense marché. Il crée Soho avec sa femme Zhang Xin 张欣, Soho qui devient une nouvelle référence dans le paysage urbain de Pékin. Ensemble, ils développent une variété de projets de la construction et du développement du nouveau centre d’affaires de Pékin à des projets de villas de luxe à Hainan, en passant par des maisons contemporaines de luxe conçues par des architectes asiatiques d’avant-garde. Il remporte à la biennale de Venise en 2002 le premier prix du jury, une première pour un chinois. Son style est marqué par une originalité remarquable et par un travail de fond sur la valeur à long terme de ses projets : des matériaux locaux, un style chinois mais neuf et coloré à l’image de la fusion entre style scandinave et dynastie Ming qu’il a choisi pour son bureau. Non, ce n’est pas un hasard si Soho est devenu le projet urbain le plus rentable en Chine.
A l’instar des héros d’Horatio Alger, Pan n’a jamais abandonné ses racines ou oublié les leçons qu’il avait reçu étant enfant. Il croit très fermement que celui qui veut connaître la Chine, ne doit pas connaître seulement Beijing ou Shanghai mais s’imprégner aussi des 56 minorités ethniques et visiter l’ouest chinois qui représente la vraie Chine, celle où la religion est la plus influente aussi.
Pan a vu la Chine changer, pas si rapidement à certain égards lorsqu’il dit que « le Guanxi est important en Chine, mais la relation que l’on se doit de plus privilégier, c’est celle avec les ouvriers, pas avec le gouvernement ou quiconque ». Pour lui, toutes les philosophies sont originaires du taoïsme et comme le dit LaoZi, nous ne pouvons aller contre la nature, mais s’adapter à elle. Une philosophie qu’il adapte au quotidien.
Benoit Boisseuil (http://lustintranslation.blogspirit.com)