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Jiang Qing

© Chine Informations - La Rédaction

Jiang Qing 江青 fut la femme de Mao Zedong. Elle joua un rôle politique majeur durant la Révolution culturelle.

(miniature) Jiang Qing Jiang Qing
Mao et sa famille à la fin des années 40, dont Jiang Qing à l'extrême droite.

Jiang Qing, de son vrai nom Luan Shumeng (alias Li Jin, alias Lan Ping, alias Li Yunhe), est née en 1913 à Zhucheng de la province du Shandong d'une famille d'origine humble. Elle intègre l'académie des arts dramatiques de Jinan en 1929, puis part commencer une carrière d'actrice sous le nom de Lan Ping (蓝苹) en 1933 à Shanghai et épouse un critique cinématographique appelé Tang Na (pseudonyme de Ma Jiliang).

Surnommée « Pomme bleue » (Lan Ping), elle décroche pendant quelques années des rôles très modestes dans des films de second plan. Cette médiocre carrière d'actrice l'amène néanmoins à côtoyer les milieux de gauche, sans être vraiment acceptés par eux — ce dont elle tirera une grande rancœur qu'elle pourra assouvir pendant la Révolution culturelle. Femme réputée légère, elle noue notamment des liens avec des membres du Parti communiste chinois, dont le célèbre Kang Sheng, qui fut peut-être son amant. Elle devient également la maîtresse de Yu Qiwei (alias Huang Jing), un cadre communiste clandestin. Elle est arrêtée par la police pour ces fréquentations mais est relachée aussitôt, sans doute en dénonçant certains des camarades dont elle connaissait l'identité, comme il lui a été reproché par la suite de façon persistante (Jiang Qing s'est employée à faire disparaître tous les documents qui pourraient la compromettre au moment où elle avait toute latitude pour le faire, pendant la Révolution culturelle — gageons cependant qu'il en reste assez pour connaître tous les détails quand la situation politique en République populaire de Chine le permettra).

En 1937 elle se sépare de son mari Tang Na et en compagnie de son ancien amant Yu Qiwei rejoint Yan'an, la base des forces communistes établie à l'issue de la Longue Marche. C'est à ce moment qu'elle prend le nom plus connu de Jiang Qing. Très ambitieuse, elle va s'employer à séduire Mao, qui répudie alors sa seconde femme, He Zizhen. Le Bureau politique est pourtant très défavorable à cette union, se méfiant de cette starlette à la réputation sulfureuse. Il craint en outre que cette liaison nuise à l'autorité de Mao, dont l'ex-femme était une militante exemplaire qui avait participé à toutes les luttes du Parti (elle avait notamment enduré les épreuves de la Longue Marche aux côtés de Mao). Une condition est donc posée qui est acceptée par Mao : que Jiang Qing s'abstienne de participer à toute activité politique publique. Malgré la déception très vive de Jiang Qing, celle-ci s'incline et le mariage a lieu en novembre 1938. Elle devient ainsi la quatrième et dernière femme de Mao, après Yang Kaihui (épousée en 1920) et He Zizhen (épousée en 1928).

De fait, Jiang Qing va attendre son heure et se tenir à l'écart de la vie publique pendant plus d'une décennie. Elle donne à Mao une fille en 1940, Li Na. En 1950, on lui abandonna avec regret un poste dans la culture : elle fut nommée membre du comité directeur de l'industrie cinématographique dépendant du ministère de la culture. On la traite néanmoins avec désinvolture, ne lui cachant pas qu'elle est accueillie à ce poste par faveur privée du Président Mao (ce dont les têtes de ce comité comme Xia Yan, Tian Han, etc. auront à se repentir : ils seront tous éliminés pendant la Révolution culturelle, ainsi que toutes les personnalités influentes du théâtre et du cinéma). Cet retrait est d'autant plus accentué qu'elle entretient dans les année 50 des relations pour le moins tumultueuses avec Mao, qui ne pouvait supporter notamment l'hypocondrie dont elle était affligée (elle séjourne pour de longs séjours en URSS entre 1949 à 1959 pour soigner un cancer — sans que l'on sache précisemment s'il s'agit d'une mesure d'éloignement de Mao ou d'un mal bien réel) et qui ne lui témoignait pas une fidélité exemplaire (les biographes de Mao comme Philip Short en font même un dépravé friand de — très — jeunes filles). À l'issue de l'échec de l'aventure catastrophique du Grand Bond en Avant lancé par Mao entre 1957 et 1962, celui-ci est écarté du pouvoir par le Parti. Il se rapproche alors de Jiang Qing, qui s'efforce justement de développer une certaine influence dans le domaine de l'art. Elle met en avant de grandes théories extrêmement radicales sur ce que doit être l'art dans les sociétés populaires, et s'intéresse particulièrement à la réforme de l'opéra de Pékin. Son désir de mettre un terme à l'effacement qu'elle subit est en outre exacerbé par les succès publiques de Wang Guangmei, la femme de Liu Shaoqi, le numéro un du régime. Celle-ci aussi subira par la suite la vindicte haineuse de Jiang Qing, quand elle sera vilipendée, torturée (entre autres crimes et trahissant la signature bien féminine de l'accusation, on lui reprochera l'élégance de sa toilette lors d'un voyage officiel en Indonésie effectué aux côtés de Liu Shaoqi).

En attendant, comme modeste mesure de compensation, Jiang Qing est élue à l'Assemblée populaire nationale. Sa première occasion de manifester un activisme politique se présente durant l'été 1964, lorsqu'elle propose une réforme de l'opéra. Cette tentative fera néanmoins long feu face au mur d'indifférence, si ce n'est de mépris, présenté par les autorités du Parti.

À partir de 1965, la Révolution culturelle lui permet de se hisser au centre la scène . Elle se jette dans la mêlée politique orchestrée par Mao pour reprendre le pouvoir en détruisant le Parti et relancer la révolution sur une voie radicale. Puis profitant du chaos sanglant qui s'ensuit, elle se place — avec l'assentiment de Mao — au premier rang des dignitaires du régime en prenant avec Chen Boda la tête du Groupe de la Révolution culturelle.

Elle entreprend une campagne de « purification » des arts à partir de 1967, excluant tout ce qui ne relevait pas d'un véritable art populaire « antiféodal » et « antibourgeois ». Elle limite strictement le nombre d'opéras autorisés. Lin Biao l'aide également à cette époque à répandre son idéologie au sein de l'Armée populaire de libération par le biais de compagnies de danse et de théâtre. De façon générale, elle joue un rôle essentiel au cours des différents rebondissements de cette folle équipée qui mena la Chine au bord du gouffre. Un rôle « signe de l'état de décadence dans lequel a sombré le pouvoir maoïste » (Simon Leys) puisque rien dans son action passée, sa personnalité ou ses compétences ne justifient la position de l'« Impératrice rouge », qui doit tout à sa relation privée avec Mao. Malgré le déploiement de propagande qu'elle avait mis en place pour exalter sa personne, elle restera d'ailleurs universellement haïe et méprisée par le peuple chinois.

Dès 1971, Simon Leys pouvait écrire : « On peut dès à présent prédire que, Mao une fois disparu, le pouvoir de Jiang Qing sera le tout premier à se trouver en péril. »

L'analyse était juste. Un mois après la mort de Mao Zedong, le gouvernement de Deng Xiaoping, désirant en finir avec les excès de la faction radicale, fait arrêter Jiang Qing en octobre 1976 avec le reste de la Bande des Quatre (dont les trois autres membres étaient Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen) alors qu'elle s'efforçait sans doute de s'emparer du pouvoir. En juillet de l'année suivante, elle est exclue du Parti communiste chinois.

Elle est finalement condamnée à mort le 25 janvier 1981 à l'issue d'une parodie de procès, avec un sursis de deux ans lui permettant de se « repentir ». Elle n'exprima pas le moindre regret (elle est responsable directement ou indirectement de centaines de milliers de morts) durant son procès, défiant et injuriant au contraire ses accusateurs. Sa peine est commuée en 1982 en détention à perpétuité.

Elle se suicide en résidence surveillée le 14 mai 1991, selon les autorités chinoises qui n'ont annoncé sa mort en qu'en 1993.

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