10/02/2011 à 22:04 - Une affaire d'espionnage entre la Chine et Taiwan
Une grosse affaire d'espionnage entre la Chine et Taiwan est en train de faire un scandale, qu'en pensez-vous?
Se tendre la main, d'une rive à l'autre du détroit de Formose, n'empêche pas de s'espionner. Alors que la Chine et Taïwan opèrent depuis 2008 un spectaculaire rapprochement, vient d'éclater la plus «grave affaire d'espionnage depuis un demi-siècle», selon les autorités taïwanaises. Taïpeh a annoncé mercredi avoir arrêté un général, suspecté d'espionnage au profit de la Chine. Le général Lo Hsieh-che dirigeait le Département de l'information et des communications électroniques. Il aurait notamment transmis à Pékin des renseignements sur un système ultrasensible de communications, commandement et contrôle, nommé Bo Sheng («large victoire»), mis en place avec l'aide des États-Unis. Ce réseau permet d'organiser une défense intégrée de l'île et de se coordonner avec le commandement Pacifique américain. Et la presse taïwanaise assure que l'histoire ne fait pas sourire à Washington.
Détection tardive
Toujours selon le ministère taïwanais de la Défense, Lo Hsieh-che, 51 ans, aurait été recruté par la Chine alors qu'il était en poste en Thaïlande, entre 2002 et 2005. Il a aussi un temps été détaché aux États-Unis. Il est l'officier de plus haut rang jamais accusé à Taïwan d'intelligence avec Pékin. La dernière grosse affaire remonte aux années 1960, quand un vice-ministre de la Défense avait été arrêté pour des faits similaires.
Pointant la détection tardive de l'espion, l'opposition taïwanaise - contre le rapprochement avec Pékin - dénonce les «failles du système», s'expliquant par le fait que l'équipe dirigeante a trop «baissé la garde» face aux leaders communistes. Le président Ma Ying-jeou, arrivé au pouvoir en 2008, est l'artisan du rapprochement entre les deux rives. Après l'ouverture de liaisons aériennes directes entre le continent et l'île fin 2008, un accord commercial «historique» a été paraphé en juin 2010. Chaque semaine ou presque, de nouveaux actes symboliques sont posés, comme dernièrement l'augmentation du nombre de visas pour touristes et hommes d'affaires chinois, ou l'annonce de la construction du premier câble sous-marin reliant l'île à la Chine.
En octobre dernier, Pékin a proposé à Taïwan d'élargir le dialogue aux questions militaires. Mais le gouvernement taïwanais est obligé de rassurer périodiquement sa population. Il y a deux semaines, l'«île rebelle» a procédé à d'importants essais de tirs de missiles, médiatisés de manière inhabituelle, en présence du président Ma Ying-jeou. L'été dernier, Taïwan a appelé Washington à approuver de nouvelles ventes d'armes, « notamment des chasseurs F-16 CD (nouvelle version) des sous-marins et d'autres équipements ». Et en décembre, le ministère taïwanais de la Défense a confirmé pour la première fois que l'île produisait en série des missiles de croisière, en dépit du réchauffement du climat dans le détroit. Il est vrai que la Chine pointerait toujours quelque 1 600 missiles en direction de l'île.
Source: Le Figaro
http://www.lefigaro.fr/international/2011/02/09/01003-20110209ARTFIG00728-le-general-felon-taiwanais-renseignait-la-chine.php