Les espions de Renault en mêche avec un industriel chinois ?

Il est vrai que les journalistes en rajoutent toujours et tout le temps, sur tout et n'importe quoi. Quand ils parlent de ferroviaire, je m'arrache souvent les cheveux tellement c'est bourré d'erreurs.

Mais ne nous voilons pas la face: si les différents ministères et personnalités politiques ont démenti la piste chinoise, c'est simplement pour ne pas froisser un partenaire économique important. Les renseignements se sont intéressés à cette piste, ce n'est pas pour rien. Il est vrai cependant que rien n'indique qu'elle était vérifiée.
Mais ne nous voilons pas la face non plus (bis), la Chine -comme d'autres pays- n'est pas blanche en ce qui concerne les contrefaçons, transferts de technologie et autres espionnages industriels...

Néanmoins, loin de moi l'idée de faire d'un cas une généralité. D'ailleurs, je trouverai dommage que cette affaire chez Valéo décourage les entreprises françaises de prendre des stagiaires chinois. Quand je vois à quel point il est difficile de trouver un stage, même à mon niveau d'ingénieur, j'imagine que cela ne doit rien arranger pour les étudiants chinois présents en France...

Dans une guerre économique mondiale tous les pays pratiquent l'espionnage industriel. Personne ne s'est offusqué, me semble-t-il ?
Je pense que les autres pays espionnent la Chine et la Chine espionne les autres pays. Tout le monde le sait.

Le problème est que :
Quand le chroniqueur Eric Zemmour met en cause les noirs et les arabes, on dit que c'est du racisme.
Quand le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux met en cause les maghrébins, on dit que c'est du racisme.
Quand on met en cause la Chine tout de suite avant que le renseignement a établi les faits, est-ce que ceci n'est pas du racisme ?

D'autre part, tant que la justice n'a pas établie la culpabilité, il y a présomption d'innocence. Donc on n'a pas le droit d'accuser à priori un autre pays. Il y a du délit de faciès.

La présomption d'innocence se fonde sur l'article 11 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 de l'ONU qui la formule de la façon suivante :

« Article 11. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.
Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis. »

Je suis tout à fait d'accord avec CKdeux. Ce n'est pas que parce que je suis chinoise que je m'indigne. Même s'il s'agissait d'un petit pays du fin fond de l'Afrique, je me serais indignée.

En ce moment, les journalistes et responsables politiques ont tendance à tout mettre sur le compte de la Chine. Tout comme en France, tous les problèmes viennent des Arabes et des Noirs. C'est trop facile!

Encore une fois, la France qui prétend être un état de droit et LE pays des droits de l'homme est la première à bafouer la présomption d'innonce. Mais ce n'est pas un scoop, tous les jours, dans les journaux et à la télé, on voit la tête de tel suspect que son procès n'est même pas fixé.

En ce qui concerne la présomption d'innocence, les journalistes rajoutent toujours "présumé blablabla" pour les criminels, ce n'est donc pas une violation de cette dernière. Rien n'empêche non plus d'évoquer une piste, puisque par définition, ce n'est pas encore des faits, mais quelque-chose à suivre qui demande à être vérifié.

Maintenant, on est d'accord, la Chine a souvent bon dos ces temps-ci...

Quand les journalistes rajoutent toujours "présumé blablabla", est-ce que la Jurisprudence l'a condidéré comme non-violation de la présomption d'innocence ?
Soit, ce n'est pas un fait juridique, mais c'est un fait médiatique.

On sait que dans une guerre économique mondiale tous les pays pratiquent l' espionnage industriel. Pourquoi "évoquer une piste" ? De quelle "piste" vous voulez évoquer ? Pourquoi vous désignez spécialement un pays ?

Vous avez dit : "La Chine a souvent bon dos ces temps-ci", ce n'est pas étonnant, car les chinois sont des hommes de couleurs au même titre que les africains et les arabes.

Espionnage chez Renault

Libération :
Espionnage : Renault envisage avoir été trompé
http://www.liberation.fr/economie/01012323188-espionnage-renault-reconnait-avoir-ete-trompe

Le parisien :
Espionnage : Renault admet l'hypothèse d'une manipulation
http://www.leparisien.fr/economie/espionnage-renault-admet-l-hypothese-d-une-manipulation-02-03-2011-1339434.php

Le monde :
Espionnage : Renault a peut-être été victime d'une manipulation
http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/03/02/espionnage-renault-reconnait-avoir-ete-victime-d-une-manipulation_1487392_3234.html

Eh oui CKdeux, apparemment les 3 mis en cause étaient victimes de radio-cafeteria.

Mon mari m'a fait remarqué que le mot "Chine" n'est plus prononcé à propos de cette affaire ... Les médias , au début de l'affaire, nous ont pourtant ressassé sans cesse que les trois "espions" auraient probablement travaillé pour un industriel chinois ... Qui a dit "désinformation" ???

Oui c'est scandaleux car le mal est fait dans l'opinion publique!

Un article intéressant en guise de boomerang a cette polémique.

Certains médias accusent Eric Besson, le ministre de l'Industrie, d'avoir envisagé une éventuelle responsabilité de la Chine dans l'affaire d'espionnage qui touche Renault.
Lorsque Renault a révélé le 4 janvier dernier l'affaire d'espionnage qui touchait le groupe, Eric Besson avait alors envisager un épisode de « guerre économique », sans viser directement la Chine. Pekin avait démenti tout acte d'espionnage.
Or, il y a quelques jours, le directeur général de Renault, Patrick Pélata, admettait douter de l'espionnage qu'il y a eu au sein de son groupe. La plainte contre les trois cadres accusés d'avoir transmis des données confidentielles sur la voiture électrique à une puissance étrangère n'a cependant pas été retirée. Les trois accusés sont toujours licenciés, mais Renault promet de les réintégrer si le doute sur une possible escroquerie contre le groupe est confirmé.
De fait, on peut s'interroger : Eric Besson n'a-t-il pas été trop rapide dans son jugement en janvier dernier lors du déballage de l'affaire ? La réponse est « oui », et vient du ministre de l'Industrie lui-même, qui dans un communiqué, conteste s'être prononcé sur le fond des accusations : « Eric Besson a pour préoccupation d'une part la protection de l'industrie française, dont Renault est l'un des fleurons, face aux tentatives d'espionnage ou de déstabilisation, d'autre part le respect de la présomption d'innocence ».
Christine Lagarde, ministre de tutelle d'Eric Besson, est venue à sa rescousse, expliquant qu'elle l'avait mis en garde contre la tentation facile d'accuser la Chine dans cette affaire d'espionnage. « Eric n'a jamais à ma connaissance accusé la Chine de quoi que ce soit. Nous en avions parlé ensemble et j'avais attiré son attention sur le fait qu'il ne faut pas tirer sans viseur ou accuser sans preuve », a-t-elle ainsi déclaré.

Sources : http://www.lespolemiques.fr/2011/03/05/affaire-renault-eric-besson-naurait-il-pas-accuse-trop-rapidement-la-chine/