J'emprunte le titre du beau livre d'Yvonne Verdier,
"Façons de dire, façons de faire" (un livre consacré à la culture traditionnelle en Bourgogne), pour ce nouveau sujet.
Je viens, comme chaque jour, de regarder un épisode du feuilleton de CCTV et je remarque qu'un père de famille reprend sa fille, âgée d'environ 18-20 ans, parce qu'elle lui dit
"tu es adorable". Il la rappelle à la
"bienséance", et lui dit qu'elle ne peut pas lui parler ainsi parce qu'il est son père. La jeune fille, qui a fait des études universitaires, lui reproche alors de réagir en
"paysan" .
Nouvelle incartade linguistique, la jeune fille ose appeler une femme d'une quarantaine d'années, étrangère au village et qui se trouve être la maîtresse de son père (veuf)
"par son nom complet". Son père lui dit que cela est
"inconvenant"....
Quelqu'un peut-il nous expliquer quelles sont les règles de la bienséance entre père et fille d'une part, entre jeunes et adultes d'autre part dans le monde paysan (si tant est que ces règles soient identiques partout en Chine) et en quoi le monde moderne, le monde la ville, a rompu avec elles.
Je m'étonne aussi des rapports verbaux entre mari et femme. Beaucoup d'insultes, de malédictions (allant jusqu'à souhaiter la mort de l'autre) et des mots d'adresse qui me paraissent dénués de tendresse :
"ma vieille" ou
"mon vieux". Est-ce courant ? J'entends rarement des
"mon chéri" et encore moins des
"mon amour" ; cela ne m'étonne pas, du fait de la pudeur chinoise, mais je suis d'autant plus surprise de la crudité des propos conjugaux.
Voilà pour les
"façons de dire". Quant aux
"façons de faire" (différentes du
langage et de la gestuelle du corps, auxquels je m'intéresse beaucoup aussi), j'en prendrai pour exemple la curieuse manière dont les personnages des téléfilms se comportent avec la nourriture. Ils parlent souvent la bouche pleine (vraiment très pleine !), postillonnant alors abondamment ce qu'ils sont en train de mâcher. La bienséance autorise-t-elle ces comportements dans tous les milieux ou à peu près ?
Merci d'avance à ceux qui pourront éclairer ma lanterne !