On parle d'un chinois comme successeur possible de DSK au FMI, qu'en pensez-vous?
Les spéculations selon lesquelles un candidat chinois pourrait être proposé pour devenir Directeur du Fonds Monétaire International (FMI) vont bon train en Chine après que Dominique Strauss-Kahn ait été arrêté sous l'accusation d'aggression sexuelle présumée sur une femme de chambre de son hôtel.
L'Associated Press a rapporté mercredi que le Chinois Zhu Min, un conseiller spécial de DSK au FMI, était l'un des candidats potentiels à ce poste.
M. Zhu s'est refusé à s'exprimer sur ce sujet. « J'ai des réunions toute la journée », a t-il dit selon l'AP.
M. Zhu a pris son poste au FMI en mai 2010, après avoir occupé les fonctions de Gouverneur adjoint de la Banque Centrale chinoise et après un passage de six ans à la Banque Mondiale. Il est titulaire d'un doctorat et d'un master en économie de l'Université Hohns Hopkins.
Selon la tradition, c'est un Européen qui préside le FMI, alors que le patron de la Banque Mondiale vient des Etats-Unis. Mais les voix en faveur d'un candidat venant d'une économie émergente se font plus fortes, les pays en développement étant devenues un moteur de l'économie mondiale.
« L'histoire de la présidence européenne du Fmi pourrait bien être interrompue cette fois, et cela pour certaines raisons solides : le patron du FMI n'est habituellement pas choisi par promotion interne ; l'agression sexuelle présumée suivie de l'arrestation ont été soudaines ; et la voix des marchés émergents s'est fait plus forte ces dernières années », a dit Guo Tianyong, économiste et Directeur du Centre de Recherches de l'Industrie Chinoise de la Banque à l'Université Centrale de Finances et d'Economie.
Il a dit que si la Chine pouvait remporter une qualification pour les nominations, l'autre candidat chinois possédant les qualités requises pourrait être Zhou Xiaochuan, le Gouverneur de la Banque Centrale, qui possède une perspective internationale et s'exprime bien en anglais.
L'AP a également rapporté que quatre Européens pourraient remplacer DSK. Ce sont Christine Lagarde, actuelle Ministre des Finances de la France, Axel Weber, ancien directeur de la Banque Centrale allemande, Klaus Regling, Directeur du Fonds de Secours Européen, et Peer Steinbrück, un ancien ministre des finances allemand.
Dans les pays en développement, les candidats potentiels comprennent l'ancien ministre des finances turc Kemal Dervis, le responsable des finances de Singapour Tharman Shanmugaratnam, l'économiste indien Montek Singh Ahluwalia, l'ancien ministre des finances sud-africain Trevor Manuel, le Gouverneur de la Banque Centrale du Mexique Agustin Carstens et l'ancien président de la Banque Centrale du Brésil Arlinio Fraga. En Europe, des responsables comme le Ministre des Finances autrichien Maria Fekter ont demandé à DSK, âgé de 62 ans, de démissionner, pour éviter de causer des dommages supplémentaires au FMI.
Li Daokui, conseiller auprès du Comité de Politique Monétaire de la Banque Centrale chinoise, est d'accord pour dire que les chances qu'un candidat européen prenne la place sont à présent minces, mais il pense que soutenir un candidat chinois n'est pas le meilleur des choix pour le pays.
« Je pense qu'une personne de talent venant d'un petit pays neutre serait plus en accord avec les intérêts du monde, y compris la Chine, car des grands pays comme l'Inde ou le Brésil ont trop d'intérêts nationaux », a t-il dit.
Les pays en développement ont passé des années à tenter de reformer le système de vote au FMI. En décembre 2010, les 187 pays membres ont adopté une série de réformes des droits de vote qui vont doubler les quotas et amèneront à l'élection complète d'un conseil d'administration.
Avec pour résultat que le Brésil, la Chine, l'Inde et la Russie figureront désormais parmi les dix pays ayant le plus grand nombre de droits de vote, la Chine prenant la troisième place, derrière les Etats-Unis et le Japon.
Le Premier Ministre britannique David Cameron avait laissé entendre plus tôt que le FMI devrait chercher son prochain directeur en dehors d'Europe et des Etats-Unis pour accroitre son standing international.
« Si vous réfléchissez un peu au principe général, vous voyez l'émergence de l'Inde, de la Chine et de l'Asie du Sud, un déplacement du centre de gravité du monde, et l'heure est peut-être bien arrivée pour le FMI de commencer à réfléchir sur ce déplacement du centre de gravité », avait-il dit sur la radio de la BBC.
Mais les Européens ne lâcheront pas si facilement que cela la direction d'une institution financière-clé qui supervise la stabilité économique mondiale, en particulier avec des pays comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal qui font face à une crise de la dette.
En ce sens, lundi, la Chancelière allemande Angela Merkel avait dit préférer un autre Européen pour diriger le FMI, compte tenu du fait que le FMI est déjà profondément impliqué dans l'aide aux pays européens en difficulté.
Et le Président de la Commission Européenne, Jose Manuel Barroso, a de son côté déclaré à la télévision néerlandaise le même jour qu'il ne se lancerait pas dans des spéculations, mais que s'il s'avérait nécessaire de trouver un successeur, l'Union Européenne présenterait un candidat.
Source : le quotidien du peuple