Zhang Sanfeng
Zhang Sanfeng 张三丰 est un taoïste en partie mythologique, spécialiste des arts martiaux internes, ayant vécu entre la dynastie Song et le début de la dynastie Ming. La légende lui attribue la fondation de l'école d'arts martiaux du célèbre mont Wudang et l'invention du Tai-Chi-Chuan (Taiji Quan), ce dont les historiens doutent fortement. On dit de Zhang Sanfeng qu'il serait né le 9 avril 1247 à minuit et qu'il aurait vécu 200 ans.
De nombreuses légendes circulent à son sujet. Surnommé "Zhang Le malpropre" (Zhang Lata 张邋遢), il est souvent représenté en tenue de moine avec un chapeau de paille dans le dos. Son surnom de Sanfeng, qui peut être traduit par "Trois pics" viendrait des sommets de Baoji dont la beauté l'aurait impressionné.
La majorité des écoles de Tai-Chi en fait un personnage de la dynastie Song, mais selon la plupart des sources et écoles taoïstes, son existence se situerait entre la fin des Yuan et le début des Ming. Il existerait en fait deux Zhang Sanfeng : un spécialiste d'arts martiaux, et un taoïste de la mouvance Quanzhen. Ce dernier aurait eu pour nom Junbao 君寶 ou Quanyi 全一, et serait originaire de la ville de Yizhou. La version qui le fait vivre sous les Song prétend qu'il défit à lui seul une centaine de bandits à la demande de l'empereur Huizong.
Son histoire est essentiellement légendaire. Il est décrit sous l'aspect d'un immortel invisible. Ses os sont ceux d'une grue et sa posture celle du pin, symboles de longévité ; il est aussi bien capable d'avaler une quantité incroyable de nourriture que de rester à jeun pendant de longues durées. Il aurait ressuscité et appris des secrets ésotériques auprès de Huolong (l'immortel Dragon de feu 火龍真人). Il aurait également hérité de la tradition des légendaires Mayi / Li He, Liu Haichan, et Chen Tuan. Selon les arts martiaux, il a pour héritiers Wang Zongyue, Chen Zhoutong, Zhang Songxi et Jiang Fa.
Il aurait construit un monastère sur le mont Wudang pour que ses disciples s'y installent, mais lui-même n'y resta pas et reprit sa vie nomade vers le Sichuan, passant entre autres par les monts Qingcheng et Heming.
Une variante de sa légende en fait un ancien moine de Shaolin, une autre un condisciple de Liu Bingzhong (1216-1274), personnage politique important du début de la dynastie Yuan.
Il a été titré en tant que divinité par les empereurs Ming. Son anniversaire divin est le 9e jour du 3e mois lunaire.
Un recueil relativement important d'écrits lui est attribué, rassemblé dans l'Intégrale de Zhang Sanfeng (張三丰先生全集) par Li Xiyue des Qing, fondateur d'une secte importante qui prétendait avoir reçu de lui un enseignement secret. Ces textes ne sont pas directement liés aux arts martiaux, mais témoignent d'un taoïsme typique de la période post-Tang : emphase sur le travail du xing et du ming par l'alchimie interne , syncrétisme des Trois enseignements (taoïsme, confucianisme et bouddhisme) et importance de la morale. On y trouve aussi une base théorique pour les pratiques sexuelles (yinyang shuangxiu 阴阳双修).
À partir des Ming de nombreuses sectes taoïstes se réclament de lui, mais c'est au XIXe siècle qu'il est revendiqué comme précurseur du Tai-Chi par Yang Luchan, Wu Yuxiang (1812-1880) et Li Yishe (1832-1892). Ce dernier le désigne dans sa Brève introduction au Tai-Chi comme inventeur de cet art vers la fin de la dynastie Song, opinion reprise par Yang Chengfu (1883-1936), petit-fils de Yang Luchan, dans l'Intégrale des exercices de Tai-Chi-Chuan. Il aurait été inspiré par un combat entre un oiseau et un serpent. Certains en font aussi l'inventeur du style de la Grue blanche et de l'épée jiandao.