Wuntun
Wuntun, le village des tanka de Chine
Le Fleuve Jaune, qui est le deuxième grand fleuve de Chine prend sa source au Qinghai, traverse le sud de la province du Gansu et à cause des monts Minshan, coule de nouveau au Qinghai. Le grand méandre en forme de « S » alors effectué par ce fleuve sinueux est le premier tournant de son cours. Le district de Tongren du département autonome tibétain de Huangnan, province du Qinghai, se trouve justement dans ce méandre. Réputé pour sa culture du bouddhisme tibétain, ce district figure sur la liste des 99 régions culturelles et historiques de la Chine. Le village de Wutun du district de Tongren ressemble à un grand institut des beaux-arts au sein duquel les paysans, de leurs mains habiles, fabriquent de jolis tanka.
Le tanka tibétain est une sorte de peinture sur tissu qui a une histoire plus de millénaire. Pour le peindre, on utilise de nombreux colorants minéraux et végétaux. Le thème touche toujours l'histoire de personnages religieux.
Dans la région de Tongren, presque tout le monde est adepte du bouddhisme, et dans tous les villages, il y a un monastère. Au 15ème siècle, un grand nombre d'artistes de cette région commencèrent à s'adonner à la sculpture, à la peinture religieuse, à la broderie avec pièces rapportées, à la peinture architecturale, à la fabrication des sculptures au beurre de yack, etc. En tibétain, Tongren est appelé « regong » ; de là vient le nom d' « art regong ». Dans le village de Wutun, les gens qui s'adonnent à ces divers types d'arts représentent 90% du total de la population masculine. On lui donne aussi le nom de « village du tanka » parce que ses tanka sont vraiment très beaux. De grands monastères de la région tibétaine, tels le Potala, le Jokhang et le Ta'er, commandent des tanka de ce village lorsqu'ils en ont besoin. Xiawu Cairang, grand maître artisan, est issu de ce village.
Pour faire une peinture d'une facture minutieuse comme le tanka, on utilise des traits simples, et le tout est rempli de couleurs vivantes. Un tanka de haut niveau exige habituellement le travail de deux personnes pendant trois mois.
La fabrication d'un tanka passe au moins par quatre étapes. D'abord, on applique une couche de peinture blanche sur la toile afin que celle-ci puisse recevoir facilement d'autres couleurs par la suite. Puis, on y fait une esquisse et on couvre de couleurs avec de la peinture faite de turquoise et de corail broyés. Finalement, on sépare les couleurs avec des traits dorés pour que le portrait des personnages devienne plus clair et plus splendide.
Une technique transmise par un grand maître est le secret des peintres du village de Wutun. Lorsqu'on dessine un visage, la distance entre le bord des cheveux et les sourcils, celle entre les sourcils et la pointe du nez et celle entre les narines et le menton ont toujours une largeur de quatre doigts posés horizontalement. Telle est la mesure standard de la peinture du Bouddha.
Au début de son apprentissage, Wanma Wangxing, peintre aujourd'hui connu dans le village de Wutun, ne pouvait pas préparer une couleur fine. Grâce aux conseils de Xiawu Cairang, grand maître de niveau national, Wanma a acquis les connaissances nécessaires pour bien préparer les couleurs. Son maître met les peintures dans un bol et les broie avec une pierre, en appliquant une force régulière. Après une journée d'un tel travail, la peinture est prête. L'application des couleurs est achevée en trois étapes, et chaque fois, on appose légèrement la couleur, afin qu'on ne voie pas la trace de l'esquisse. « Même en plusieurs années, je n'aurais pas pu apprendre par moi même ce qu' j'ai appris auprès de mon maître en un mois », a dit Wanma.
Dans le village de Wutun, cette scène se répète souvent : le garçon prépare la toile, le père fait une esquisse, la mère et les filles font des travaux ménagères et la grand-mère récite des prières. C'est un grand plaisir de voir chacun faire son travail de façon agréable.