Leigong et Dianmu
Le dieu du Tonnerre, Leigong, est une des divinités antiques que la religion moderne a gardées presque sans modification. A l'origine, c'était peut être un hibou : il en a conservé le bec, les ailes et les griffes, mais il a pris un corps d'homme tout bleu ; sa laideur est proverbiale. Il est vêtu tout juste d'un pagne, porte un chapelet de tambours et tient de la main droite un maillet de bois avec lequel il les fait résonner pour produire le roulement du tonnerre, et de la gauche le stylet dont il frappe les coupables qu'il a reçu l'ordre de châtier. Les religieux taoïstes l'ont décomposé en une collection de divinités qui forment le bureau du Tonnerre : le président est l'Ancêtre Tonnerre, Leizu, qu'on met à la place d'honneur dans les temples et les chapelles du Tonnerre et au nom de qui sont libellés des pardons imprimés ; Monseigneur le Tonnerre est un de ses subordonnés, avec plusieurs autres. Mais la religion populaire n'a pas ratifié cette distinction et ne connaît aujourd'hui, comme autrefois, qu'un seul dieu du Tonnerre, qui est appelé tantôt l'Ancêtre Tonnerre, tantôt le Bodhisattva Monseigneur le Tonnerre. Il a toute une famille, et il y a de nombreux contes sur les mésaventures des petits Tonnerres inexpérimentés : celui qui, pris dans la fente d'un arbre et ne pouvant se dégager seul, dut son salut à un bûcheron qui passait ; celui qui, encore maladroit, ne réussissait pas à s'envoler et finit par se faire assommer à coups de bâton par un paysan qu'ennuyait le bruit de ses roulements pendant ses essais infructueux ; etc.
Le dieu du Tonnerre fait le bruit, mais non les éclairs ceux ci sont produits par la Mère des Éclairs, Dianmu, à l'aide de deux miroirs. On raconte que le Seigneur Roi d'Orient manqua son coup en jouant dans son palais avec une Fille de Jade à un jeu qui consiste à lancer des baguettes, de façon qu'après avoir touché terre d'une extrémité elles rebondissent et aillent entrer dans un grand vase à ouverture étroite ; le Ciel se mit à rire, et de sa bouche ouverte sortit l'Éclair. La déesse est représentée debout sur un nuage, levant ses deux miroirs au dessus de sa tête. A Pékin, on la considère communément comme la femme du dieu du Tonnerre.