Kung fu
Le kung fu (ou gong fu, 功夫) est le nom donné en occident à certaines boxes chinoises ; le terme est en fait impropre il signifie « maîtrise » (on peut par exemple aussi parler de gong fu en gastronomie : l'art ─ et non la cérémonie ─ de bien servir le thé chinois se dit par exemple gong fu cha) ; les Chinois utilisent plutôt les termes wu shu (武术, pinyin : wǔshù, art martial) ou quan fa (拳法, pinyin : quán2 fǎ, méthode du poing, ou méthode de boxe), et finalement les spécialistes parlent d'arts martiaux externes chinois. Cependant, le terme étant très répandu, notamment aux États-Unis d'Amérique et en Europe (la popularité du quan fa en Occident doit beaucoup à Bruce Lee, qui a fondé le style jeet kune do), modification du Wing Chun, il commence aussi à être utilisé en Chine, essentiellement pour des raisons commerciales. Le terme Kung-fu wushu, mélange entre translitération du cantonais et du mandarin de gongfu wushu (maîtrise des arts martiaux ) n'est certainement pas plus approprié, et peut prêter à confusion, lors d'une conversation avec un pratiquant chinois. Consulter l'article relatif au wushu, ou aux arts martiaux pour plus de détails.
Il existe plus de quatre cents styles différents d'arts martiaux externes chinois, parfois très différents les uns des autres, mais on retrouve toujours un point commun de l'un à l'autre : ils utilisent plus la force que l'énergie interne (le chi ou Qi), au début de leur entrainement.
Ces arts martiaux utilisent toutes les parties du corps, et plus régulièrement les poings, les pieds, mais aussi des armes (bâton, poignard, épée, etc. Voir paragraphe suivant). Ils se sont développés en Chine à partir du Xe siècle par les moines bouddhistes, dont ceux du monastère de Shaolin (少林) à partir des exercices physiques et arts martiaux indiens, ou tibétains, avant d'être diffusé à travers tout le pays ; ils incluent une part importante de bouddhisme chan na (à l'origine du zen) et de taoïsme) et insistent entre autres sur la maîtrise de la respiration. Certains styles cherchent à imiter les attitudes des animaux.
Il ne faut pas confondre ces arts externes (axés sur la dureté et la rigidité du corps) et les arts internes (considérant le corps comme une enveloppe souple et composé d'une multitude d'articulations, et devant donc dépasser la force brute) comme le taiji quan.
Quelques unes de ces techniques de boxes ont été importées par le Japon, via l'île d'Okinawa, qui fut longtemps chinoise, et ont évolué pour donner les différents styles de karate-do (空手道, kong shou dao en chinois, voie de la main nue), ou le kobudo, son pendant armé.
On trouve aussi dans le Kung Fu de très nombreux combats chorégraphiés, appelés Taos (道,voie), qui opposent le pratiquant à des adversaires imaginaires. Ces séquences, de difficultés variables et constituées d'une dizaine à plusieurs centaines de mouvements, servent à l'entraînement individuel du pratiquant.
Les Taos sont propres à chaque école, à chaque style. Il en existe pour le combat à mains nues comme pour le combat armé. Le maître (appelé ShīFù) tente de le transmettre à son élève en conservant au moins l'essence de l'art.
Même en occident cet art martial n'est pas seulement une boxe, mais aussi une philosophie, une manière d'être et de penser, une médecine, une profession et même une religion selon son avancée dans la pratique et l'enseignement de son maître.
Les styles
Parmi les 400 styles de kung fu, on peut noter :
Bai he quan 白鹤拳 Boxe de la grue blanche, boxe du sud de la chine, inspiré des styles tibétains
Binh-Dinh : Boxe sino-vietnamienne (donc style du sud), mouvements courts et efficaces, déplacements en zigzag, frappe dans le déplacement ; peu connue en France.
- Chang quan 长拳 Long poing (boxe inspirée du shaolin du nord (bei shaolin quan))
- Hoa Linh Bac Tru QuyenTechnique de la flamme sacrée
- Hou quan 猴拳 Boxe du singe
- Hung gar (littéralement "boxe de la famille Hung", boxe du tigre et de la grue, tibétain, ayant inspiré la grue blanche)
- Jun fan (cantonais)
- pak mei boxe sourcil blanc
- pek kwarboxe mains tranchantes
- Tang lang quan Boxe de la mante religieuse
- Tang Long Hu Shi Style du tigre et de la mante religieuse
- Vo-Lam : A la fin de sa vie, Bodhidharma créa sur le Mont Tung Son l'institut d'enseignement des vertus et techniques du Võ-Lâm.
- Wing Chun (littéralement "boxe du printemps radieux)
- Yihe Quan
- ying quanboxe des serres d'aigle
- Zui quan 醉拳 Boxe de l'homme ivre
- Choy Lee Fut.
- Kejia Quan :Boxe de la famille des Hakka.
Techniques communes aux différents styles
Postures de base
Avertissement :Les postures décrites ci-dessous sont pratiquées dans plusieurs styles enseignés en Europe. Il est cependant possible qu'il existe des variantes d'une école à l'autre, tant dans le nom de la posture, que dans la posture elle-même. Aussi les noms et descriptions des positions suivantes ne sont-ils présentés qu'à titre indicatif.
- Le Héron (Ti Xi) : posture sur une jambe, genou relevé haut, pointe du pied tendue, buste vers l'avant ou de trois quarts. 100% du poids repose sur la jambe arrière. Cette position permet de frapper du pied très rapidement.
- Le Cavalier (Ma Bu): jambes écartées de part et d'autre du corps, pieds parallèles, genoux pliés, buste vers l'avant. 50% du poids repose sur chaque pied.
- Le bassin ne doit pas basculer vers l'arrière. C'est la position la plus stable.
- Le Pas en arc, ou Arc et Flèche (Gong Bu): Jambe avant pliée, jambe arrière tendue, buste vers l'avant. Suivant les styles, l'angle des pieds par rapport aux jambes peut changer. 70% du poids repose sur la jambe avant. Position offensive, qui permet de frapper du pied et du poing rapidement.
- Le Pas rasant (Pu Bu): la jambe avant est tendue, la jambe arrière pliée. Le buste est tourné de 90° par rapport à la position précédente. 70% du poids repose sur la jambe arrière. Position défensive et d'esquive.
- Le Pas vide (Xu Bu): La jambe arrière est pliée (le pied, le nombril et la tête forme une ligne), la jambe avant est légèrement posée sur la pointe. Le buste est tourné vers l'avant. 80% du poids sur la jambe arrière. Position permettant de frapper rapidement du pied, d'esquiver ou de se replier.
- Le Dragon (Sie Bu) ou Pas Assis : Jambe avant légèrement pliée, pied tourné à 90°, jambe arrière légèrement pliée, pied sur la pointe. Le buste est effacé de trois-quart. Le genou arrière doit être exactement au-dessus du talon avant. 80% du poids repose sur la jambe avant. Position d'attaque, permettant d'armer un coup de pied, ou de changer d'axe.
- La Chèvre : position typique du Wing Chun, variante de la position du Cavalier. Les pieds sont légèrement écartés (largeur des épaules), les genoux légèrement rentrés vers l'intérieur. Position stable, permettant de mobiliser rapidement bras et jambes en corps à corps.
Un entraînement couramment pratiqué consiste à marcher en passant d'une posture à l'autre, les jambes d'appui fléchies au maximum.
Il existe d'autres postures, mais elles sont soit utilisées comme exercice de musculation, soit spécifiques à certains styles.
L'intérêt de la posture est multiple :
- Renforcer les muscles, os et articulations des jambes (et même le reste du corps) afin de frapper et d'être frappé sans blessure.
- Permettre des déplacements rapides dans toutes les directions, en exposant le moins possible ses points vitaux.
- Mettre le corps dans des positions optimales pour enchaîner les techniques offensives et défensives.
- Forger la volonté en tenant longtemps la même posture.
Les douze postures du style Binh-Dinh : Homme, Cavalier, Arc-et-flèche (ou Panthère), Moine-en-garde, Moine-assis, Épée, Tigre, Serpent, Ours, Oiseau, Cigogne, Singe.
Respiration
Comme dans tous les arts martiaux, la respiration est primordiale dans le kung fu. Suivant les écoles ou philosophies (Bouddhiste ou Taoïste par exemple), les façons de respirer peuvent être différentes, mais toutes s'accordent cependant sur l'importance de la respiration ventrale et sur l'importance de souffler en frappant et en bloquant (pouvant différer des théories de certains arts internes). Certaines écoles insistent sur l'importance, en combat, d'écouter la respiration de l'adversaire, afin de le frapper lorsqu'il inspire. Ces mêmes styles recommandent aux combattants de masquer leur propre respiration. D'autres styles au contraire insistent sur l'importance de libérer son chi (Qi) avec le plus de violence et donc de bruit possible, à l'instar du karate.
Certains exercices de respiration permettent en outre au praticant de renforcer ses organes internes (poumons, coeur, etc.).
Théorie du coup
Comme nous l'avons vu plus haut, le kung fu est un art martial externe qui considère le corps comme un solide. Le but principal du coup est donc de briser ce solide. Pour se faire, le pratiquant devra durcir les zones de frappe de son corps, mais aussi durcir ses points faibles en prévision des coups qu'il recevra. Pour cela, la plupart des styles dispose de techniques dites de la « chemise de fer », ou Qi Gong.
Les frappes de la main
Le coup est majoritairement porté de la main (ouverte ou fermée) ou du pied. Un coup de poing pour être efficace doit être lancé par un mouvement de rotation de jambes. Le pied, puis la hanche tournent, donnant de la vitesse et donc de la puissance au bras qui terminera le mouvement.
Les frappes du pied
Le kung fu est réputé pour ses coups de pieds complexes et spectaculaires, bien que tous les styles n'exploitent pas toutes ces techniques. Contrairement au karate, qui se pratique pieds nus, le pratiquant de kung fu porte des chaussures. Les coups se portent donc plus avec la plante du pied, la tranche ou le talon qu'avec le bol du pied.
Les frappes des autres parties du corps
En Kung-Fu on peut aussi frapper avec les coudes, genoux, doigts, tête, postérieur, toutes articulations et même mordre. Ces techniques s'apprennent mais ne doivent servir qu'en cas de stricte nécessité dans la rue. C'est le principe originel de l'art martial.
Le kung-fu hung-gar se pratique pied nus pour plus de légèrté...
Les armes du kung fu
La Chine est un pays où les guerres ne se sont arrêtées que pour laisser la place aux rébellions. Il est donc logique que les armes les plus diverses soient apparues dans ce pays, et ce bien avant l'invention du kung fu en lui-même.
Les chinois se sont servis des armes pour faire la guerre mais aussi comme moyen de musculation (c'était un complément à l'apprentissage du kung fu).
On peut supposer que l'adjonction d'armes dans le kung-fu (dans le sens d'« art martial externe chinois ») s'est fait tout naturellement par fusion d'arts martiaux plus anciens utilisant des armes. Par la suite, la maîtrise d'une arme est devenue un bon moyen d'accéder à une maîtrise de soi plus complète.
Les armes des arts martiaux anciens
Il existe 18 armes classiques, utilisées dans les armées du Moyen Âge chinois sur le champ de bataille. Elles sont les ancêtres de toutes les armes pratiquées actuellement au sein des arts martiaux chinois.
Remarque linguistique : les noms qui suivent sont ceux utilisés dans l'une des formes de Kung Fu. Il existe beaucoup de noms différents pour une même arme, de par la richesse linguistique de la chine.
- Mao : lance, avec ou sans crocs.
- Chui : Masse d'armes qu'il était possible de lancer.
- Gong : arc.
- Nu : arbalète (très ancienne en Chine).
- Chong : vouge ou fauchard (lance équipée d'une longue lame).
- Bian : épée à lame très souple et ondulée, utilisable comme un fouet d'acier. Éventuellement équipée de sections, elle peut être comparée aux fléaux ou nunchaku.
- Jian : 2 types d'épées à double tranchant et à deux mains. Soit la section en était carrée, voit elle était plus large au niveau de la pointe que vers la garde.
- Lian : chaîne lesté
- Yue : guisarme. Hache garnie d'une pointe.
- Ge : Lance courte.
- Ji : hallebarde.
- Pai : bouclier.
- Bang : bâton d'arme, ferré.
- Qiang : fourche de guerre.
- Pa : râteau équipé de lames acérées.
Tout guerrier digne de ce nom se devait de maîtriser ces armes. Il s'agissait bien de technique guerrière, et pas d'une voie d'accomplissement personnel des arts martiaux actuels.
Les armes des arts martiaux actuels
Bien que chaque style ait ses armes favorites (par exemple le couteau papillon pour le Wing Chun), on retrouve souvent les armes suivantes, d'un style à l'autre :
- le bâton long ;
- l'épée ;
- le sabre chinois (avec ou sans anneaux).
Ces armes sont les bases permettant de maîtriser toutes les autres armes, voire de transformer n'importe quel objet en arme.
Il existe bien sûr toute une foule d'armes plus ou moins exotiques, plus ou moins improvisées par un peuple cherchant à se défendre avec ce qui lui tombait sous la main. En voici une liste non exhaustive :
- la lance ;
- la hallebarde (lance permettant de piquer et de trancher) ;
- la masse ;
- le sabre chaîné (sabre manié par une chaîne fixée à sa poignée) ;
- les sabres jumeaux (deux dans le même fourreau) ;
- les couteaux papillons (deux courts sabres, utilisés pour le Wing Chun, à ne pas confondre avec les couteaux papillons philippins) ;
- le bourdon (gros bâton lesté, très apprécié par les moines d'autrefois) ;
- le tabouret ou le banc ;
- l'écharpe lestée (une arme de tueur à gage) ;
- la chaîne (à maillons, à section, lestée ou non)
- l'éventail (généralement en fer).
Restent les nombreuses armes de jets, moins prisées car moins nobles (elles peuvent être utilisées à distance).