Le football en Chine
Le football en Chine relêve de l’autorité de la China Football Association (Association de football de la République populaire de Chine, ou CFA).
L’association de football de la République populaire de Chine (CFA) a été fondée en 1924. Elle a été affiliée à la FIFA de 1931 à 1958, puis de nouveau à partir de 1979. Elle compte aujourd’hui plus de 4 millions de licenciés. La Chine est également membre de la confédération asiatique de football (connue sous le sigle AFC), fondée en 1954. Elle participe dans ce cadre à l’ensemble des championnats organisés par l’AFC : AFC Asian Cup, AFC Champions League, l’Asian Football Qualifiers (qualifications à la coupe du monde), AFC Youth Championship, AFC U-17 Championship (pour les moins de 17 ans), Asian Qualifiers World Futsal Championship (football en salle) et AFC Women Championship.
La formation est l’une des grandes faiblesses du foot en Chine.
L’insuffisance des écoles de formation est l’un des points faibles du football chinois, ce qui explique les difficultés du pays à recruter de jeunes talents dans les clubs ou l’équipe nationale. Avant la professionnalisation, certaines écoles primaires avaient des classes spéciales dans lesquelles les enfants suivaient à la fois un enseignement généraliste et un entraînement sportif. Aujourd’hui, ce système public bat de l’aile et de nombreuses écoles de foot privées se sont ouvertes. On en compte 25 dans la seule municipalité de Shanghai. Ces écoles n’offrent toutefois pas un enseignement de qualité, par manque de professionnalisation des personnels enseignants. Ce nouveau paysage des écoles de formation entraîne deux conséquences majeures: les écoles primaires publiques sont de moins en moins nombreuses à proposer une formation au football à leurs élèves et le recrutement des enfants dans les écoles de football se fait désormais davantage selon des critères financiers que sportifs. Par ailleurs, peu médiatisées et par conséquent peu rentables en termes de bénéfices financiers, les équipes de jeunes ne sont pour l’instant pas valorisées dans le football chinois.
La professionnalisation du championnat en 1994 a permis de dégager des moyens pour le football.
La professionnalisation du championnat en 1994 et l’ouverture des clubs aux investisseurs privés ont suscité l’engouement des entreprises chinoises, avec pour conséquence une augmentation rapide des salaires des joueurs. Un bon joueur peut désormais prétendre à un salaire de plusieurs millions de yuans par an. Au vu des montants mis en jeu dans l’acquisition et l’entretien d’une équipe de football, seuls les plus grands groupes peuvent se permettre de sponsoriser des clubs. Les groupes les plus présents sont ceux de l’industrie alimentaire et automobile (7 clubs chacun), les télécommunications, les industries pharmaceutiques, les marques d’électroménager et celles d’alcool (5 clubs chacun), puis les assurances et les marques de cigarettes (3 clubs chacun). Les clubs féminins sont bien moins nombreux que leurs homologues masculins et les montants mis en jeux y sont nettement inférieurs. Certains clubs féminins sont affiliés à un club masculin, avec lequel ils partagent le même propriétaire, comme c’est le cas pour Dalian. Mais les clubs féminins n’arrivent pas toujours à trouver des financements privés et dépendent alors du gouvernement de la province ou d’universités.
Le championnat national chinois a été réformé en début de saison 2004 pour devenir la China Super League.
La nouvelle formule du championnat, baptisée Super ligue (China Super League ou CSL), a donné son coup d’envoi le 15 mai 2004. Il s’agit de rationaliser le fonctionnement du championnat, qui avait connu des saisons un peu chaotiques ces dernières années, probablement à cause de la double tutelle de la CFA et du Bureau des sports, dont les directives étaient parfois contradictoires. Désormais, à l’issue de chaque saison, un club de Super ligue est relégué en deuxième division et un club de division deux accède à la Super ligue. Les deux meilleurs clubs de Super ligue sont directement sélectionnés pour la ligue des champions asiatiques.
Outre ce championnat national, la Chine organise également tous les ans depuis 1995 une Coupe CFA, moins prestigieuse que la CSL, mais qui offre de bonnes opportunités à la fois sportives et médiatiques aux clubs de division deux.
Le championnat féminin jouit d’un moindre prestige, bien que son niveau soit comparativement meilleur à celui de son homologue masculin. Il a été créé en même temps que le championnat masculin, en 1994.
La Chine compte aujourd’hui sept équipes nationales :
- l’équipe nationale masculine : ses médiocres résultats pendant des années ont fait le désespoir des supporters chinois, ils ont parfois même été à l’origine de violences, comme le 29 mai 1985 à Pékin, quand la Chine a vu partir en fumée ses prétentions à la Coupe du monde, suite à une humiliante défaite face à Hong Kong. L’équipe n’a été qualifiée qu’une seule fois à la Coupe du monde de 2002.
- l’équipe nationale olympique : confrontée dans les matchs de sélection asiatique à des équipes bien plus performantes, comme celles du Japon ou de la Corée du Sud, la Chine n’a, à ce jour, jamais réussi à accéder aux phases finales.
- l’équipe nationale junior masculine : cette équipe de joueurs de moins de 17 ans, rebaptisée « Équipe espoir des Jeux 2008 » est couvée par la CFA, qui souhaite en faire une équipe compétitive lors des JO de Pékin.
- l’équipe nationale féminine : sous la férule de Sun Wen, capitaine et joueuse phare de l’équipe, les « Roses d’acier » sont considérées comme l’une des meilleures équipes féminines au monde. Elles sont actuellement classées 5ème par la FIFA.
- l’équipe nationale junior féminine : cette équipe connaît le même sort que son homologue masculin, puisque c’est en elle que se cristallisent les espoirs olympiques chinois pour 2008.
- Les équipes Espoir, masculine et féminine.
Des structures commerciales pour favoriser le développement du football.
La China Football Development Corporation est la branche commerciale de la CFA Depuis 2002, elle gère l’intégralité des aspects commerciaux du football chinois, des droits d’image aux droits de retransmission, en passant par Internet. C’est cette « entreprise » qui est chargée de gérer les sponsors des événements et équipes nationaux et qui doit trouver les financements pour mettre en œuvre les directives imposées par la CFA
Le loto sportif est contrôlé par l’Administration de la loterie sportive chinoise, placée sous la tutelle du Conseil des affaires d’Etat. Ces paris officiels sont devenus un canal important de financement des infrastructures et programmes sportifs nationaux. Si les bénéfices récoltés par l’Etat grâce à cette loterie (chiffre d’affaires de 8 milliards de Yuans en 2003, soit 850 millions de plus qu’en 2002) ne sont que très partiellement réinvestis dans le foot, cette loterie contribue à passionner les supporters de la discipline (qui peuvent espérer décrocher le pactole de 5 millions de yuans).
Pas de foot sans supporters
L’engouement pour le foot date du début des années quatre-vingt-dix, lorsque la télévision nationale chinoise a commencé à retransmettre les matchs des championnats italien et anglais. Aujourd’hui encore, les amateurs de foot en Chine regardent plus volontiers un match européen (les retransmissions ont depuis été élargies aux championnats allemand et français) que le championnat national, dont le niveau encore médiocre décourage les connaisseurs. Peu de joueurs chinois jouissent d’un « culte de la personnalité » comme peuvent le connaître Zinédine Zidane en France, ou Beckham en Angleterre. La Chine compte autant d’associations de supporters que de clubs de foot, qui regroupent environ deux millions de supporters, dont un cinquième de femmes. Le nombre total d’amateurs de foot est évalué à 200 millions. C’est sur ce nombre de spectateurs que tablent les chaînes de télévision lors de la retransmission des matchs importants de l’équipe nationale.
Le comportement des supporters n’est pas toujours exemplaire, même si les sanctions systématiquement appliquées par la CFA aux clubs fauteurs de troubles ont permis de contenir le phénomène. Quelques épisodes incontrôlés ont néanmoins marqué la courte histoire du football chinois. Le championnat national a connu son lot de violences : les supporters de Xian et de la province du Sichuan sont réputés avoir le sang chaud. Plus récemment, ce sont les affaires de corruption et de matchs truqués qui ont provoqué le courroux des supporters et la corruption est devenue l’une des principales causes de violences dans les stades. L’épisode le plus violent de l’histoire du championnat chinois s’est ainsi déroulé le 24 mars 2002, lors du troisième tour du championnat : soupçonnant l’arbitre d’avoir sifflé un penalty de complaisance en faveur de Qingdao, les supporters du Shanxi ont saccagé le stade de Xian.
Le football chinois est en voie d’internationalisation
Officiellement, la Chine encourage ses athlètes à partir à l’étranger, afin de relever le niveau national. Mais en pratique, les obstacles au départ sont nombreux. Tous les athlètes chinois qui s’expatrient doivent signer un contrat avec leur association sportive et obtenir l’autorisation de leur club. Ceux qui sont membres des équipes nationales doivent s’engager à revenir en Chine pour participer aux Jeux olympiques, Jeux asiatiques et autres compétitions internationales. Un engagement qui entraîne de nombreuses absences des joueurs chinois dans leur nouveau club, qui apprécient peu cette forme de patriotisme sportif.
Les premiers joueurs à avoir tenté l’aventure des clubs européens sont pour la plupart revenus en Chine après des expériences plus ou moins réussies, comme Fan Zhiyi, Qu Bo, ou Jiang Jin. De jeunes joueurs prennent désormais la relève, sélectionnés par les clubs européens selon des critères à la fois sportifs et commerciaux, comme Shao Jiayi, Zhang Xiaobin, ou Dong Fangzho.
De plus en plus de joueurs et surtout d’entraîneurs étrangers évoluent dans les clubs de football chinois. À l’heure de gloire de Bora Milutinovic, l’entraîneur de l’équipe nationale qui a conduit la Chine jusqu’à la coupe du monde, de nombreux Yougoslaves entraînaient des équipes locales, comme Milorad Kasanovic dans le club de Dalian, Ljupko Petrovic à Pékin, Dejan Petkovic à Shanghai Shenhua et Vasili Nepomniastch à Shandong Luneng. Les Français ne sont pas en reste : Claude Leroy, entraîneur du club de Shanghai Cosco en 2002-2003, a fait de ce club qui venait tout juste de monter en première division, l’un des leaders du championnat. À Canton c’est Didier Notheaux, qui a dirigé l’entraînement de 2004 à 2005. Philippe Troussier, quant à lui, serait le favori de la CFA pour le poste d’entraîneur de l’équipe nationale pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008, dont le nom sera annoncé officiellement cet été.
Côté joueurs, la Chine s’est également largement ouverte sur l’étranger. Les clubs de foot atteignent tous leurs quotas maximums de joueurs étrangers, dont beaucoup sont originaires d’Afrique. Quelques joueurs français (souvent en fin de carrière) se sont essayés au championnat chinois, le dernier en date étant Nicolas Ouédec. Après une très bonne saison à Dalian Shide en 2002, Ouédec est longtemps resté en délicatesse avec la Fédération chinoise suite à son transfert vers le club de Shandong Luneng, où il jouait encore il y a deux ans.
Les dossiers noirs du foot chinois
La corruption a fait son apparition à grande échelle dans le championnat national en 2001. L’histoire qui a fait le plus de bruit s’est déroulée en 2001 et concernait une poignée de clubs de division B, qui ont acheté des arbitres pour favoriser la montée en division A. Cette affaire a fortement ébranlé le championnat chinois et est probablement l’une des raisons pour lesquelles la CFA a gelé tout transfert de la division A vers la division B à l’issue de la saison 2002. La méfiance des supporters a continué à augmenter au cours des saisons suivantes : ainsi un sondage réalisé par CCTV et Sina.com révélait que les supporters chinois mettaient en doute plus de la moitié des résultats des matchs de première division sur la saison 2003. Depuis la situation s’est améliorée, mais cette suspicion a entraîné une désertion des stades, une forme de protestation passive adoptée par les supporters face aux matchs truqués.
Le premier cas de dopage dans le football chinois a été révélé en février 2004. Zhang Shuai, un défenseur de 22 ans de Beijing Hyundai Football Club, avait été testé positif à l’éphédrine lors d’un match de première division en novembre 2003. La CFA lui a imposé six mois de suspension et une amende de 6 000 dollars, une sanction relativement modérée puisque le joueur risquait jusqu’à 4 ans de suspension. Le coach de l’équipe, Yang Zuwu et le médecin ont également été suspendus pour trois mois. Pressenti pour l’équipe olympique, Zhang Shuai a exprimé ses regrets et affirmé n’avoir pris que des médicaments contre la grippe, sans consulter le médecin de l’équipe. En optant pour une sanction modérée, la CFA a accrédité l’idée d’une prise involontaire de substances dopantes.
Une pratique qui semble en revanche relativement répandue dans le football chinois est la falsification de l’âge des joueurs dans les équipes junior. Ainsi en 2001, lors d’un camp d’entraînement dans le Guangdong, la CFA a pratiqué des tests d’âge osseux sur 881 joueurs, dont ceux de l’équipe nationale junior. 125 d’entre eux ont été reconnus coupables d’avoir menti sur leur âge, afin de rester en équipe juniors et ont été interdits de matchs et de sélections par la CFA. Plusieurs clubs, accusés de fermer les yeux sur la pratique, voire de l’encourager, ont également été réprimandés par la CFA (Zhejiang Lucheng, Sichuan Quanxing, Chengdu Football Association et Xiamen Hongshi).