Différentes écoles d'Opéras Traditionnels Chinois
Opéra Yueju 越剧
Interprété uniquement par des femmes, l'opéra Yueju est un des opéras locaux les plus populaires de Chine. Issu de la province du Zhejiang, ancien royaume des Yue, cet opéra du même nom existe depuis un siècle. Au départ, les spectacles étaient composés de chants et de textes, puis ils ont acquis leur propre identité, accompagnés d'un orchestre. Dans ce style d'opéra, influencé par la région du sud du fleuve Yangtsé, le chant et le jeu d'acteur sont mis en avant. Pendant cent ans il s'est s'imprégné de l'art théâtral des opéras Jingju, Kunqu, Shaoju et du théâtre moderne. Liang Shanbo et Zhu Yingtai (ou L'histoire des papillons), le Rêve du pavillon rouge, le Pavillon de l'Ouest et Xiang Linsao en sont les pièces les plus célèbres.
Opéra Jingju 京剧
Créé à Pékin, le Jingju est l'opéra qui a le plus influencé les différentes formes d'art dramatique moderne en Chine. Nous distinguons principalement quatre types de rôles : le sheng (personnage masculin) le dan (rôle féminin) le jing (personnage au visage peint) et le chou (rôle de bouffon). Sa grande qualité est d'avoir su déployer les multiples traditions théâtrales chantées et dansées de la Chine ancienne. Utilisant les procédés classiques du chant, de la déclamation, du jeu et du combat, le Jingju s'est progressivement constitué en système à part entière.
Les quatre modes d'expression obéissent à des règles strictes, chaque type de rôle devant respecter des procédés spécifiques. L'imbrication des rôles et l'entente entre acteurs et musiciens garantissent le déroulement harmonieux d'une intrigue toujours rigoureusement menée où l'esthétique n'est jamais oubliée. Les accessoires, les costumes, le maquillage et le décor ont non seulement des fonctions symboliques et ornementales, ils permettent en outre d'assister le jeu des acteurs.
Opéra Pingju 评剧
Issu de la partie est de la province du Hebei, cet opéra s'est développé dans la région de Tianjin, au Nord de la Chine. Contrairement aux autres types d'opéras régionaux, le Pingju n'use d'aucun dialecte. On l'interprète en mandarin, considéré comme le parler le plus pur.
Dans sa première période, le Pingju ne distingue que deux types de personnages – les masculins et les féminins. C'est sous l'influence des Opéras Bangzi et Jingju que, progressivement, ces rôles se sont divisés en personnages féminins qingyi, huadan, laodan ; masculins xiaosheng, laosheng ; bouffons, xiaochou ; et visages peints, hualian. Malgré l'influence certaine des opéras Bangzi et Jingju au niveau de la représentations et des règles d'interprétation, le Pingju a, toutefois, toujours conservé ses caractéristiques fondamentales de vitalité et ses touches de couleurs, propres à ses origines folkloriques. La spécificité du Pingju tient à sa capacité de retranscription réaliste du mode de vie de l'époque.
Opéra Manhanju 漫瀚剧
Le Manhanju est un opéra caractéristique de la région autonome de Mongolie Intérieure. La langue dialectale et le mandarin sont utilisés selon le contenu de la pièce. La musique qui mêle les quatre styles musicaux traditionnels, à la fois subtile, tempérée retentissante et expressive, fascine non seulement le public du nord, mais aussi celui du sud de la Chine.
Opéra Jinju 晋剧
L'opéra Jinju fait partie des quatre opéras Bangzi 梆子 de la province du Shanxi. Issu du centre de celle-ci, il porte également le nom de Zhonglu Bangzi (littéralement bangzi de la route centrale) et de Shanxi Bangzi lorsque l'on veut le distinguer des opéras des autres provinces. Il est apprécié du Shanxi au Shaanxi, et de Mongolie Intérieure jusqu'au Hebei.
Le répertoire de cet opéra est riche de plus de deux cents pièces, parmi lesquelles : La rivière Weishui, Fille de l'empereur se fait battre et Le mont Lintong. Ayant conservé les chants puissants et l'éloquence du Puzhou Bangzi, le Jinju a développé un aspect lyriquee allant même jusqu'au pathétique dans certaines pièces.
Composé de neuf musiciens, l'orchestre traditionnel se divise en deux parties : une partie « lettrée » avec les instruments à cordes (huhu, guitare à deux cordes erxian, guitare à trois cordes sanxian, guitare à quatre cordes sixian) ; et d'une partie « guerrière » accompagnée d'instruments à percussion (cymbales guban et bo, gong luo, et bangzi).
Cet opéra est surtout réputé pour ses scènes d'acrobaties, sa gestuelle délicate, ainsi que pour ses coiffes composées de plumes de faisan.
Opéra Kunju 昆剧
Créé à la fin de la dynastie des Yuan dans l'actuelle région du Jiangsu, style d'opéra privilégié des auteurs au cours des dynasties Ming et Qing, le Kunju est l'un des opéras les plus anciens de Chine. Son répertoire est riche, les livrets sont raffinés, l'esprit lettré présent.
Une attention toute particulière est portée aux quatre tons, à la prosodie et à la concision de l'ensemble. Les chants sont mélodieux et doux, le jeu élégant et fascinant. En plus du dizi (笛子flûte traversière en bambou), instrument principal, l'orchestre est composé de xiao (萧instrument à vent), de sheng (笙 instruments à anche) et de pipa (琵琶 luth à quatre cordes).
La musique et la danse développées dans le Kunju ont eu beaucoup d'influences sur les autres styles d'opéra. C'est pourquoi de nombreuses personnes disent du Kunju qu'il est « l'ancêtre des cents opéras ».
Le Kunju a été inscrit à la liste des chefs-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité de l'UNESCO.