Chindogu, inventions japonaise utiles mais inutilisables
Chindogu 珍道具, est le mot japonais pour désigner l'art d'inventer des gadgets utiles mais inutilisables. En effet, 珍 chin veut dire rare et étrange, tandis que 道具 dogu signifie outil.
A l'origine, l'inventeur du Chindogu, Kenji Kawakami, à voulu fabriquer de petits objets étranges et insolites, qu'il considère plus comme de l'art.
Origine
L'art du Chindogu est donc un concept qui a été créé par Kenji Kawakami, ingénieur en aéronautique de son état, à la fin des années 1980 au Japon. Alors inventeur amateur, il lui vient à l'esprit que toute découverte de nouveaux gadgets ou autres accessoires, comme le fait de créer un prototype qui porte sa signature, n'était pas une chose futile, du moment que l'on prend plaisir à le faire. Ce phénomène est considéré aussi comme une réaction envers la société de consommation intensive qui caractérise le style de vie du monde moderne, et dénonce particulièrement le consumérisme et l'utilitarisme qui définit le Japon actuel. Car il s'agit donc de concevoir tous types d'engins ou d'objets pratiques, mais totalement excentriques, et ainsi dénués de toute objectif mercantile ou même utilitaire. En effet, ces objets pouvant régler les petits tracas de la vie quotidienne, ont tous une prédisposition à l'échec. Leur inutilité résulte aussi souvent du fait qu'il engendre de nouvelles contraintes ou déclenche parfois même le ridicule. Mais cela ne les empêche pas de faire de nombreux adeptes à travers le monde. Le terme Chindogu a par ailleurs été répertorié dans le vocabulaire de la langue anglaise vers 1991. Et un article sur le sujet a été publié dans le plus grand magazine japonais en langue anglaise, le Tokyo Journal, par le Président de la société Internationale de Chindogu, Dan Papia.
Kenji Kawakami
Kenji Kawakami ne s'est d'ailleurs pas arrêté à ses dernières inventions célèbres, comme les lunettes qui empêchent de pleurer lorsque l'on coupe des oignons grâce à un ventilateur intégré, mais il s'est attelé aussi à la publication d'un ouvrage sur le sujet. Son premier livre intitulé « Les 101 inventions japonaises inutiles et farfelues » est sorti en 1995, et a été édité dans plusieurs langues. La réussite de ce premier ouvrage l'incite à réitérer l'expérience en 1997, avec un autre titre « 99 More Unuseless Japanese Inventions : The Art of Chindogu » (ou « Plus de 99 inventions japonaise inutiles : l'art du Chindogu ») . Depuis, Kenji Kawakami a écrit cinq livres sur le sujet du Chindogu. Il est également souvent invité sur les plateaux télé que ce soit au Japon ou sur la chaîne anglaise BBC. Sans parler de l'émission télévisée qu'il anime personnellement et qui est diffusé au Japon.
Cet inventeur fou venant du pays du soleil levant, a fait plusieurs disciples dans le monde entier, et de nombreux concours de Chindogu sont organisés un peu partout ces derniers temps. On en rencontre ainsi aux Etats unis où les élèves en architecture du célèbre Massachussetts Institute of Technology qui se trouve à Boston, ont créé en 2004 une compétition de l'inutile du MIT. En France également, a été organisé le concours des Chindogus qui simplifient la vie numérique, parrainé par Orange Innovation TV le 26 mars dernier. On peut donc dire que Kenji Kawakami est bien l'instigateur d'un effet de mode au niveau mondial, et qui ne cesse pas de se répandre même de nos jours.
Kenji Kawakami a aussi créé l'International Chindogu Society dirigé par Dan Papia, le spécialiste à qui l'on doit la diffusion de ce phénomène au-delà des frontières du Japon. Cette institution est un organisme qui atteste si les objets créés par un inventeur respectent bien les 10 principes du Chindogu. Cela se fait grâce à une photo envoyée, et est ouvert à tous sans exception. Il possède aujourd'hui plus de 10 000 membres environ éparpillés à travers le monde.
Critères de validation
Il y a dix critères qui ont été édictés par l'International Chindogu Society, et auxquels doivent répondre l'objet inventé afin de pouvoir prétendre au titre de Chindogu :
- Il ne doit pas être destiné à un véritable usage. Donc côté pratique, il n'a pas d'utilisation réelle.
- Il doit cependant exister. Le fait de ne pas avoir d'utilité ne doit pas l'empêcher d'être représenté physiquement.
- Il doit contribuer à un certain esprit d'anarchie.
- Ils sont créés comme des outils de la vie quotidienne.
- Ils ne sont pas destinés à la vente.
- L'humour ne doit pas être le seul but de son existence. Il doit aussi avoir pour vocation d'apporter des solutions aux problèmes.
- Il n'est pas un objet de propagande.
- Il ne doit jamais être tabou. Il ne doit porter préjudice à aucune être vivant, ni être vulgaire.
- Il ne peut faire l'objet d'un dépôt de brevet. Ce sont des cadeaux offerts à l'intention de toute l'humanité, et qui de ce fait n'ont pas besoin de protection, copyright, brevets, et autres.
- Il ne doit pas porter préjudice. Il ne doit en aucun cas privilégier une race ou une religion par rapport à une autre. Qu'ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes, riches ou pauvres, tous devraient être libres et égaux quant à l'utilisation du Chindogu.
Exemples
