Chine : petit tour des constructions illégales (et insolites)
Vendredi 16 août 2013 à Pékin, un correspond chinois du quotidien Beijing Morning Post parle d'un excentrique milliardaire chinois qui a fait de son rêve une réalité, en construisant sa villa de 1000 m², sur le toit de son immeuble de 26 étages, en plein centre ville. L'histoire ne serait pas relayée par les journaux du monde entier si la construction avait été légale. Mais elle ne l'est pas, tout simplement car elle n'a pas obtenue d'autorisation de la ville mais aussi parce que la mystérieuse construction était jugée dangereuse et menaçante pour la sécurité des habitants de l'immeuble et des alentours. L'édifice ressemble à une fausse colline faite des roches et des pierres dans lesquelles sont creusés des orifices pour installer les pièces de la villa et le tout est recouvert de plantes et de verdures. Le propriétaire, Zhang Biqing a été sommé par les autorités de faire détruire la construction car elle était l'objet de plaintes des habitants de l'immeuble qui constatait des fissures sur les murs ainsi que des dégâts sur la tuyauterie probablement dus au poids trop important des matériaux qui ont servi à sa construction.
Cette histoire n'est pas sans rappeler que les constructions illégales de ce type en Chine sont assez répandues et ne datent pas d'hier. Plusieurs d'entre elles ont déjà fait l'objet d'ordonnances judiciaires de démolition. Dans certain cas et selon la situation, les constructions considérées comme illégales sont démolies sans aménagements ou alors sont reconverties. Fruits de la flambée des prix du logement, que les autorités cherchent à contenir, ces constructions sont souvent réalisées sur les toits des immeubles où elles sont plus discrètes et où la place disponible est conséquente.
Cet événement qui fit beaucoup de bruit en Chine, a conduit de nombreux citoyens du pays à dénoncer d'autres construction de ce genre ou porter plainte à l'encontre de leurs voisins. Ainsi à Shenzhen, le "temple dans le ciel", jugé dangereux pour la sécurité publique, doit être démoli. Une fois encore, c'est un riche propriétaire et fonctionnaire, avec de nombreuses relations haut placées qui s'est permis cette excentricité.
Immeuble de 19 étages construit construit sans aucune autorisation à Haikou.
La première cause de démolition irrévocable est l'absence d'autorisation comme ce fut le cas pour la terrasse sur le toit d'un gratte-ciel à Changchun, dans la province du Jiling ou encore l'immeuble de 19 étages situé dans le centre ville de Haikou, dans la province de Hainan. Citons la tour Sky CIty qui devait être construite cette année à Changsha, capitale du Hunan ; Alors que les débuts des travaux avaient été annoncés à la presse le samedi 20 juillet , le lendemain, ceux-ci ont été stoppés net alors que le gouvernement local annonçait que le groupe BSB, en charge de la construction, n'avait pas reçu de permis pour édifier le gratte-ciel. Ce genre d'infraction est jugé comme grave aux yeux des autorités qui font leur possible pour repérer ces constructions et faire respecter la loi.
La seconde infraction, moins grave mais qui conduirait aussi à une démolition est l'irrespect des règles d'urbanisme. Etant donné que ces règles qui régissent l'urbanisation sont différentes d'une province à une autre, la tâche du gouvernement est encore plus difficile. Car si les constructions fantasques ne sont pas interdites dans certaines villes, elles le sont dans d'autres. L'harmonisation des législations locales avec la législation nationale suit son cours mais entre temps des constructions illégales voient le jour. Comme ce fut le cas de "la cour carrée suspendue", d'une superficie de 11300 m² environ, construite en 2010, et qui n'obéissait pas aux règles d'urbanisme de la ville de Pékin. En effet, les architectes y avaient construits des cours carrés au nombre de 12, considérées comme illégales donc interdites.
La destruction massive concerne souvent un propriétaire et rarement, plusieurs individus groupés. Tout comme en 2007, quand la Radio Chine International rapporte la décision de la ville de Pékin de raser des ruelles entières de Dongsi Batiao, maisons y compris, parce que des "siheyuans" ou "cours carrées traditionnelles" y ont été construites. Elles ont été interdites pour une économie d'espaces constructibles, dans une mégalopole en constante croissance comme Pékin. Le projet qui couvre une zone de 80 000 m² environ a été reporté pour une durée indéfinie, d'une part parce que les responsables de la démolition n'arrivaient pas à s'entendre avec les habitants sur le montant des compensations qu'ils allaient percevoir, et d'autre part, parce que la zone est considérée comme un site historique.
Au mois d'août de cette année, les médias du monde entier rapportaient également le cas de 25 villas luxueuses construites illégalement en 2009 sur le toit d'un centre commercial de la ville de Hengyang, dans la province du Hunan. Jugées impropres à la vente, elles doivent être détruites. D'ici là, elle servent aujourd'hui d'abris aux ouvriers et travailleurs migrant locaux.
Dans la même veine, le 13 août de l'année dernière, le quotidien China Internet Information Center rapportait l'histoire de quatre villas bâties sur le toit d'un centre commercial de la ville de Zhuzhou, également dans la province du Hunan, région qui semble être particulièrement touchée par ce genre de délit. Si les médias en ont parlé comme un simple fait insolite, les autorités de l'aménagement du territoire de la région ont confirmé l'illégalité de ces constructions. Ainsi, ces maisons, ne pouvant accueillir des familles, servent aujourd'hui de bureau pour des sociétés immobilières.
Le célèbre "palais flottant" de Shenzen a connut ce destin atypique. Il a été bâtit sur des barges flottantes d'une superficie totale de plusieurs milliers de mètre carré. L'édifice ne répondait pas aux normes de construction selon la marine nationale et représentait un danger pour ses occupants et les autres bâtiments. A l'époque, l'aménagement intérieur avait été imaginé pour abriter un "club". Les matériaux utilisés et la décoration étaient nobles. Le palais comptait plusieurs dizaines de chambres confortables, une piscine, un jardin oriental et un hippodrome. L'idée du créateur était de permettre aux habitants du palais de voir de nouveaux paysages à chaque lever du jour en faisant naviguer la construction le long des côtes. Malgré les menaces de destruction, le palais est resté debout mais il est devenu entre temps un port de pêche.
La Rédaction