Le garrulaxe de Courtois, symbole de l'union franco-chinoise pour la protection des espèces menacées
Nichée dans le village de Wangcun Shimen du district de Wuyuan, dans la province chinoise du Jiangxi (est), une sculpture circulaire est bien plus qu'une oeuvre d'art. Elle porte en son centre deux représentations du garrulaxe de Courtois, cet oiseau rare présentant un plumage vert olive, une extrémité des plumes gris-bleu et une tête bleu azur est un écho vivant de l'engagement de la Chine à préserver sa faune.
Zhang Weiwei, professeure à l'Université agricole du Jiangxi, arpente inlassablement les forêts de Wuyuan, sanctuaire de cette espèce rare. Sa persévérance résonne à des milliers de kilomètres de là, au Parc zoologique et botanique de Mulhouse, en France, où son directeur Brice Lefaux veille avec une attention particulière sur les garrulaxes de Courtois de son établissement.
Cet intérêt partagé pour le destin du garrulaxe de Courtois trouve ses racines dans son inscription sur la Liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2012, et sa classification ultérieure comme animal protégé de classe A en Chine. Avec une population sauvage estimée à peine supérieure à 200 individus, selon le service de sylviculture de Wuyuan, la lutte pour sa survie est plus critique que jamais.
L'histoire du garrulaxe de Courtois est indissociable de l'amitié franco-chinoise. Des premiers spécimens capturés par un missionnaire français en 1919 à Wuyuan, à la nomination officielle de l'espèce par des ornithologues français en 1923, chaque chapitre de son histoire souligne la profondeur de ces liens culturels et scientifiques.
Cependant, on n'en trouve plus trace après 1923 et jusqu'en 1995, lorsque le directeur du Parc zoologique et botanique de Mulhouse de l'époque identifie un spécimen de cette espèce rare en vente dans une jardinerie locale. Depuis lors, le Parc zoologique et botanique de Mulhouse est devenu le premier établissement en France à élever ce petit oiseau très coloré.
"A ce jour, les zoos de toute la France hébergent ensemble huit garrulaxes de Courtois, dont quatre se trouvent à Mulhouse", précise M. Lefaux.
A des milliers de kilomètres, en Chine, sa réapparition à Wuyuan au début des années 2000 a marqué un tournant dans sa conservation, déclenchant des efforts de recherche et de protection locaux. L'engagement des communautés de Wuyuan, où les forêts denses et les cours d'eau abondants offrent un habitat idyllique, témoigne d'un profond respect pour cette espèce.
La collaboration internationale a franchi un nouveau palier lorsque Mme Zhang et M. Lefaux ont uni leurs forces. Les échanges de courriels entre la Chine et la France, portant sur les meilleures pratiques de conservation et les mises à jour sur les populations captives, ont cimenté une amitié et une coopération dédiées à la cause du garrulaxe de Courtois.
L'année 2023, célébrant le centenaire de la nomination scientifique de cette espèce, a vu la concrétisation de cette coopération à travers un salon de recherche organisé à Wuyuan. Cet événement a jeté les bases d'une collaboration étendue en matière de protection, de génétique et de reproduction, illustrant l'importance de l'union des forces dans la conservation des espèces menacées.
A l'aube du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France, l'histoire du garrulaxe de Courtois incarne le potentiel de la coopération internationale. Mme Zhang et M. Lefaux, figures emblématiques de cette mission, continuent d'inspirer par leur dévouement commun à la sauvegarde de cette précieuse espèce, symbole vivant de l'amitié entre leurs deux nations.