L'histoire de la famille d'Alain Mérieux avec la Chine montre les racines profondes de l'amitié sino-française (REPORTAGE)
"Mon attachement à la Chine vient vraiment du coeur", a dit avec émotion Alain Mérieux, président de la fondation portant son nom, lors d'un événement organisé le 11 avril 2024 à Shanghai, citant une belle histoire entre sa famille et la Chine.
Trois jours plus tôt, le président chinois Xi Jinping avait reçu M. Mérieux et son épouse Chantal au Grand palais du Peuple à Beijing, saluant le soutien à long terme du couple et de la fondation au développement des relations sino-françaises et à la cause chinoise pour la santé.
"L'hommage que nous a fait le président Xi Jinping témoigne d'étroits liens entre notre famille et votre pays et du combat que nous menons ensemble pour relever les défis de la santé publique", a confié récemment M. Mérieux dans une interview écrite accordée à Xinhua.
Cette année marque le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, alors que la famille Mérieux a contribué à l'amitié sino-française de génération en génération.
UNE COLLABORATION SANS FRONTIERES
"Lorsque je reviens en Chine aujourd'hui, c'est comme si mon premier voyage avait eu lieu il y a deux siècles", plaisante l'octogénaire français qui y a effectué sa première visite en 1978, l'année même où la Chine lançait sa politique de réforme et d'ouverture, afin d'y promouvoir les vaccins humains et vétérinaires.
C'est ainsi qu'ont commencé des collaborations étroites et étendues entre l'Institut Mérieux, une holding familiale lyonnaise de premier rang dans la biologie au service de la santé publique, ainsi que la fondation Mérieux, une fondation familiale indépendante visant à lutter contre les maladies infectieuses dans les pays en développement, et les acteurs de la santé chinois. Elles se poursuivent depuis 46 ans.
"Nous avons toujours travaillé dans un esprit de partenariat avec la Chine pour faire avancer la santé publique de ce grand pays avec pour devise 'En Chine, avec la Chine, pour la Chine'", a dit M. Mérieux à Xinhua.
Au fil des ans, plusieurs bases de production et de recherche ainsi que des laboratoires de haut niveau se sont implantés conjointement avec la partie chinoise : le laboratoire Christophe-Mérieux de Beijing créé conjointement en 2005 par la fondation Mérieux et l'Académie des sciences médicales de Chine, une base de production, de recherche et de développement à Shanghai et plus récemment un site de production de tests de diagnostic important à Suzhou, dans la province du Jiangsu (sud-est), etc.
Depuis de nombreuses années, le groupe Mérieux travaille également avec les acteurs de santé chinois au renforcement du diagnostic des souches de tuberculose résistantes dans plusieurs provinces.
Aujourd'hui, la Chine représente le deuxième marché de BioMérieux. Elle "est devenue pour nous un pôle majeur dans le domaine industriel comme celui de la recherche, où nous avons pu développer des partenariats de haut niveau à longue durée, dans le domaine du diagnostic et celui de la sécurité alimentaire", a assuré Alain Mérieux, soulignant que "la Chine s'est dotée d'équipes médicales, scientifiques et hospitalières de haut niveau et d'universités internationalement reconnues. Et collaborer avec ces entités représente une opportunité unique pour nos chercheurs".
UN VIEIL AMI AVEC FIDELITE
En décembre 2018, lors du grand événement à Beijing pour célébrer le 40e anniversaire de la politique chinoise de réforme et d'ouverture, M. Mérieux a fait partie des dix lauréats étrangers de la Médaille de l'amitié pour la réforme au titre de sa contribution à la santé publique chinoise, particulièrement dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses.
"Il s'agissait d'un grand honneur et la remise de ce prix a été un moment particulièrement solennel et empreint d'émotion", a-t-il rappelé, ajoutant qu'il s'inscrivait dans les relations de long terme entre sa famille et la Chine depuis de très nombreuses années et avant lui, son beau-père, Paul Berliet.
De fait, les liens entre la famille Mérieux et la Chine datent même d'avant 1978, quand Paul Berliet est venu en 1965, un an après l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, présenter les camions Berliet à Beijing, ce qui a fait de lui un pionnier de la coopération sino-française. En 1975, dix ans après l'introduction des camions Berliet en Chine, M. Mérieux et son beau-père ont accompagné le dirigeant chinois de l'époque Deng Xiaoping lors de sa visite de l'usine Berliet à Vénissieux, près de Lyon.
Aux yeux d'Alain Mérieux, cette histoire montre "les racines très profondes" de l'amitié sino-française. "Vous comprenez donc que mon amour pour la Chine vient vraiment de loin", a-t-il dit.
Après sa première visite en Chine en 1978, il n'a cessé de promouvoir la collaboration dans le secteur de la santé entre les deux pays. Au début des années 1980, M. Mérieux, alors vice-président du conseil régional Rhône-Alpes, a fait progresser les relations amicales entre sa région et la municipalité de Shanghai. Dans les années 1980 et 1990, il s'est rendu en Chine deux fois par an.
En 2012, il a rencontré Xi Jinping, alors vice-président chinois, qui a remercié la fondation Mérieux pour sa contribution au développement des relations bilatérales et salué l'attention et le soutien qu'elle a apportés à la santé publique chinoise.
Lors de sa visite d'Etat en France en 2014, le président Xi a visité le centre de recherche BioMérieux à Lyon où Alain Mérieux, les membres de sa famille et le personnel du centre l'ont accueilli chaleureusement.
"Je crois que je suis le seul Français à avoir vu le président Xi Jinping plus souvent que le président français", a-t-il plaisanté le 11 avril 2024 à Shanghai, trois jours après sa dernière rencontre avec le président chinois.
UNE VISION COMMUNE A LONG TERME
A l'occasion de la prochaine visite d'Etat de M. Xi en France, Alain Mérieux a pensé que "la France et la Chine doivent unir leurs forces dans le cadre de leurs relations historiques", ajoutant qu'"il nous faut renforcer les liens entre les peuples français et chinois par de nouveaux projets de coopération structurants. Et, pour cela, dépasser les divergences pour se concentrer sur des projets communs et une vision à long terme".
Le mois dernier, lors de son séjour en Chine, M. Mérieux s'est rendu à l'Institut national de biologie des pathogènes à Beijing pour l'inauguration du nouveau site du laboratoire Christophe-Mérieux, nommé d'après son fils défunt. Créé en 2005, ce laboratoire a considérablement aidé la recherche sur les maladies infectieuses émergentes et contribué au développement de la recherche sur des maladies infectieuses respiratoires.
"J'ai été très touché par la cérémonie d'inauguration du nouveau laboratoire Christophe-Mérieux créé avec l'Académie de sciences médicales à Beijing, où la communauté médicale à nos côtés depuis plus de vingt ans a témoigné son attachement à mon fils Christophe et à notre collaboration", a confié M. Mérieux à Xinhua.
Se tournant vers l'avenir, Alain Mérieux souhaite que son groupe soit de plus en plus "actif" en Chine, en investissant dans les startups et les petites entreprises, en formant de nouveaux partenariats avec les universités, les hôpitaux et les centres de recherche chinois.
"Le développement économique remarquable de la Chine, la montée de ses compétences scientifiques et le développement de ses infrastructures de soins ont fait de ce pays un partenaire privilégié pour des sociétés telles que les nôtres", a-t-il estimé.