Le pousse-pousse et son histoire
Dans les années 30 en Chine, une dizaine de milliers d'hommes gagnaient leur vie en tirant un pousse-pousse 人力车 (rénlìchē, de 人rén= homme, 力lì=force et 车chē=véhicule)
A cette époque-là, il fallait courir une bonne dizaine d'heures chaque jour pour arriver à gagner 1 yuan avec lequel on pouvait acheter 5 kg de farine de blé.
Le pousse-pousse, introduit du Japon en Chine à la fin de la dynastie des Qing (1616-1911), était le moyen de transport le plus populaire dans les grandes villes d'Asie pendant la première moitié du 20ème siècle. Aux yeux de certains occidentaux, il symbolisait la pauvreté asiatique, du moins une vie très dure.
Ceux qui utilisaient les pousse-pousse étaient la plupart du temps, des gens aisés et ceux qui les tiraient des esclaves.
Tirer un pousse-pousse en pleine rue était extrêmement difficile. Dans les années 30 et 40, les rues de Beijing étaient couvertes d'une terre caillouteuse que les chevaux soulevaient de leurs sabots en laissant traîner derrière eux des nuages de poussière que respiraient les tireurs de pousse-pousse. Et quand il pleuvait, il leur fallait patauger dans une boue glissante.
Les accidents le long de ces chaussées n'étaient pas rares. 8/10 des tireurs de pousse-pousse commençaient à courir sans avoir mangé et il arrivait qu'ils devaient tirer des gens ayant recours à la violence s'ils n'allaient pas assez vite.
Les intellectuels progressistes de Chine étaient vivement préoccupés par le sort des tireurs de pousse-pousse. Un des livres de l'écrivain chinois Lao She raconte leur vie à travers celle de l'un d'entre eux qui rêvait de posséder son propre pousse-pousse. L'idéal de l'écrivain était alors d'éliminer à tout jamais ce genre de métier. Il fallut attendre la fondation de la Chine nouvelle en 1949 pour que l'idéal de cet écrivain se réalisa.
A l'époque, on n'aurait jamais imaginé voir apparaître des cyclo-pousses puis des auto-pousse pour satisfaire la curiosité de certains touristes prêts à payer parfois deux à trois fois plus cher qu'un taxi.
Un tireur de pousse-pousse a fait cette réflexion: "Mes clients ont non seulement de l'argent, mais aussi du temps. Ils prennent mon cyclo-pousse pour visiter les beaux sites touristiques de Beijing et jouir un peu d'un folklore dépassé ".
Dans certaines rues commerçantes comme celle de Wangfujing, au centre-ville de Beijing, des sculpteurs ont érigé une statue en bronze représentant un tireur de pousse-pousse pour ne pas oublier le passé.