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Fiançailles dans la Chine Traditionnelle

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(miniature) Fiançailles dans la Chine Traditionnelle Fiançailles dans la Chine Traditionnelle

Fiançailles dans la Chine Traditionnelle du point de vue des supertitions
Extrait de "Manuel des superstitions chinoises, ou Petit indicateur des superstitions les plus communes en Chine."
Par le P. Henri DORÉ, S. J. (1859-1931).
Diffusé par
chineancienne.fr sous license CC-by-nc-sa.

Les présages fastes ou néfastes

Les Chinois évitent avec le plus grand soin de faire savoir que la fiancée est née l'année du tigre (chou-­hou). Personne ne voudrait introduire une tigresse dans sa famille. Si par malheur une fille est née l'année du tigre, on avance généralement d'un an, ou l'on retarde d'autant, la date de sa naissance, puis on écrit sur le billet pa-tse t‑ié les caractères de l'année précédente ou de l'année suivante, suivant les cas.

Corollaire : il est bon de se défier de l'âge avoué des fiancés, la date pouvant être avancée ou retardée d'un an, pour les besoins de la cause.

Nan ta se, pou kouo se.
Si le fiancé est plus âgé (que sa fiancée) de quatre ans, il mourra avant quatre ans.

Nan ta san, t'i‑k'i tao lai, lien lien tchan.
Si le fiancé est plus âgé de trois ans, il fera table rase de toutes les propriétés (il les coupera au couteau par la racine). (Proverbe de Chang‑hai).

Nan ta san, pi chang wan.
Si le fiancé est plus âgé de trois ans, il deviendra riche à myriades. (Proverbe opposé au Kiang‑pé)

Niu ta san, ou‑tsi t'an.
Si la fiancée est plus âgée (que son fiancé) de trois ans, la maison croulera (le faîte du toit croulera).

Niu ta san, pi t'ao fan.
Si la fiancée est plus âgée de trois ans, le ménage devra mendier.

Niu chou yang, p'ai-kia‑tsing.
Si la fiancée est née l'année de la chèvre, la ruine de la maison est assurée. (L'herbe rongée par la dent d'une chèvre repousse difficilement.) (Proverbe de Chang-­hai.)

Procédure à suivre pour les fiançailles

Voici, en quelques lignes, la marche suivie dans ces négociations.
Un entremetteur, mei-jen, est chargé de faire les premières avances : c'est le chouo‑ts'in.

De part et d'autre on se fait connaître l'état civil des deux familles. Quelquefois le fiancé écrit cette déclaration sur une feuille de papier rouge appelée : men‑hou t'ié.
S'il y a chance d'arriver à une entente, il y a échange des pa‑tse t'ié, ou billets des 8 caractères. Deux expriment l'année, deux le mois, deux le jour, deux l'heure de la naissance. C'est le billet d'identité. Un diseur de bonne aventure confronte ces deux pièces, et d'après les règles de son art, conclut à la chance ou à la malchance d'une pareille union ; c'est ce qu'on appelle : ho‑hoen, faire cadrer le mariage. Et il donne ses raisons écrites sur une feuille de papier rouge, nom­mée ming‑tan ; les païens en tiennent grand compte.

Si le diseur de bonne aventure conclut à la possibilité de l'union, on envoie les premiers présents. Ces cadeaux sont considérés de part et d'autre comme un simple essai, et trois jours sont donnés pour examiner et constater les effets fastes ou néfastes de cette première avance. Si, durant ces trois jours, il survient quelque événement fâcheux, ou de mauvais augure, on renonce à l'union projetée. « Tout est rompu, mon gendre ! » Par exemple, si un chat sauvage mange une poule dans la ferme, si un animal tombe malade ; à fortiori, si quelqu'un de la famille est indisposé, souffrant, on doit renoncer au mariage futur. « Pou‑li, c'est néfaste ». Tout raisonnement est inutile !

Si, au contraire, rien de néfaste n'a été constaté, on envoie sérieusement les présents de fiançailles, fang‑ting, ou ting‑li, ou encore kouo‑li, selon les pays.
Le vrai contrat de fiançailles définitives, nommé : tch'oan‑keng‑t'ié, est joint aux arrhes versées à la famille de la fille.

Cette formalité s'appelle vulgairement hia‑chou.

L'indication officielle du jour fixé pour le mariage est consignée sur un billet spécial nommé : t'ong‑chou ; t'ong-s'in ; je‑t'ié. Enfin, immédiatement avant le mariage, le fiancé envoie le trousseau destiné à son épouse, et appelé kia‑tchoang.
Indiquons brièvement quelques coutumes supersti­tieuses ou frisant la superstition.

L'intervention du diseur de bonne aventure pour confronter les deux pa‑tse‑t'ié et en tirer des prévisions fastes ou néfastes pour le futur mariage.

La coutume de suspendre l'exécution du contrat pendant trois jours, après l'offrande des premiers présents, et de conclure à l'infortune d'un mariage, par la plus futile découverte qui aurait couleur de malchance, et n'ayant aucune liaison avec l'union projetée.

Les présents

Quand la décision du diseur de bonne aventure et l'expérience des trois jours ont prouvé que le mariage rendrait les conjoints heureux, la famille du fiancé envoie les présents à la famille de la fiancée. Parmi ces présents figure un couple de canards. Les canards sont le symbole de la fidélité conjugale. On accepte le canard mâle et on renvoie la cane. C'est une condition essentielle pour obtenir une descendance ; sans cela pas de postérité !

Dans plusieurs régions, on joint aux présents deux aiguilles enfilées d'un fil de soie rouge et piquées sur une carte. C'est le symbole de deux âmes prédestinées à vivre ensemble. La couleur rouge est un gage de richesse, c'est la couleur du yang, principe mâle, et le symbole d'une nombreuse descendance.

Parmi les présents figurent de préférence les fruits à nombreux pépins, comme : la grenade, des baies de nénufar, dont les multiples grains présagent beaucoup d'enfants : tse, grains et tse, enfants, jeu de mots très goûté.

On y voit aussi des jujubes tsao‑tse, jeu de mots avec : « Tsao‑tse, Ayez vite des enfants » ; des poires li-tse, jeu de mots avec : « Li-tse, Créez une descendance », etc.

Une oie sauvage est le présent rituel. La régularité de ses migrations est un emblème de fidélité conjugale.

Le flambage des habits de noces

Quelques jours avant le mariage, les habits de noces sont placés sur un crible et on les passe rapidement au‑dessus de la flamme, pour les purifier de toute maligne influence. Les païens appellent cela : pi-sié, chasser les perverses influences, exorciser.

Après la cérémonie purificatrice, on doit éviter qu'une main de femme ne vienne à toucher ces vêtements, surtout si cette femme est enceinte ou porte le deuil : deux circonstances très néfastes. La femme est in, principe féminin ; en touchant ces habits, elle y ferait rentrer le principe inférieur, chassé par le feu, qui est comme la quintessence du principe masculin yang. Les futurs époux n'auraient pas d'enfants, ou du moins pas d'enfants mâles.

La supplique

Avant le mariage, une supplique est adressée aux divinités tutélaires, pour leur demander protection. On les informe respectueusement du jour où le mariage sera contracté.

Houo Ho eul‑sien, les deux esprits de la concorde et de l'harmonie, sont tout spécialement invoqués.

Le choix du jour pour le mariage

Dans la plupart des cas, le jour favorable pour le mariage est déterminé par le diseur de bonne aventure, ou par un autre devin. Mais le peuple païen se base aussi sur certaines apparences extérieures interprétées d'une manière faste ou néfaste. Il en est ainsi de la suivante.

Ta-kien, siao‑kien, croissant et décours.
Un principe général préside au choix des jours :
Le mariage doit toujours se faire au temps du croissant, jamais au temps du décours.
Donc du 1er au 15e de la lune, pendant le temps où elle croît en grandeur et en éclat : c'est un présage de fortune et de bonheur, le pronostic d'une prospérité toujours croissante. Au contraire, le temps qui s'écoule du 15e au 30e est une période de décadence ; les échan­crures du disque lunaire, son éclat toujours faiblissant, font présager des revers de fortune.

Quand la fiancée meurt avant le mariage, le fiancé se rend dans la demeure de la jeune défunte, et demande à ses parents la paire de souliers dont elle se servait les derniers jours de sa vie. Il les emporte et brûle de l'encens devant ces chaussures, parce que l'âme de sa fiancée, après la séparation d'avec le corps, a dû se cacher dans ces souliers. Il considère l'âme de la morte comme son épouse.

Pao p'ai tso ts'in, embrasser la tablette du fiancé défunt et se marier à son âme.
Si le fiancé vient à mourir avant la célébration des noces, et si sa future épouse veut garder la virginité, alors on fait cette cérémonie. La jeune fiancée prend la tablette, siège de l'âme de son futur mari, et se lie par une promesse de fidélité perpétuelle à l'âme du défunt.

Quelquefois, mais bien rarement, il arrive que la famille de la fiancée, si elle est très influente, demande et obtient que le fiancé survivant se marie à l'âme de sa fiancée défunte, en accomplissant le même rite.

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