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Dieux des maladies et dieux guérisseurs

© Chine Informations - La Rédaction

Les daoshi ont un ministère des Épidémies composé de cinq dieux qui président aux épidémies des cinq points cardinaux et des quatre saisons. Mais ce sont des divinités qui ne sont guère l'objet d'un culte que de la part des sorciers taoïstes, et ceux ci leur donnent des noms et des titres divers suivant les régions et l'école à laquelle ils appartiennent. Il en est de même du ministère de la Médecine et de celui de l'Expulsion des Maléfices, dont les membres ne sont guère connus que des médecins et des exorcistes.

Dans le peuple, la divinité de la Petite Vérole, Doushen, est une des plus craintes. On dit qu'elle est particulièrement chargée de punir l'infanticide, fréquent il ya encore quelques années dans certaines provinces où on noiyait beaucoup de petites filles à leur naissance, et qu'elle empêche les coupables d'avoir une postérité. On trouve souvent son image dans de petites chapelles élevées à des carrefours en pleine campagne, et aussi dans un grand nombre de temples. Dans certaines régions, c'est une déesse, et elle est rangée parmi les suivantes de la Princesse des Nuages Bigarrés, avec son fils le Dieu de la Petite Vérole Noire, Banshen, à côté des deux déesses de la Rougeole, Shashen et Zhenshen : dans d'autres temples, c'est une divinité masculine. Dans l'un et l'autre cas, ses images et ses statues sont caractérisées par une éruption de pustules sur la figure. Il y a aussi la Déesse de la Peste, le Dieu de l'Asthme et le généralissime des Cinq Dynasties, un dieu des furoncles qui paraît être particulier au Fujian, etc. Tous ces dieux et déesses sont implorés tant pour protéger des maladies qu'ils donnent que pour en guérir, mais on ne s'adresse guère à eux que pour des cas isolés ou peu graves, ou encore par anticipation, à la suite d'une consultation de médium ou de sorcier qui a conseillé d'aller leur faire quelque offrande.

Dans les grandes épidémies, ils sont trop peu puissants pour être bien utiles. Dans bien des régions, en particulier au Hebei, on célèbre à nouveau les fêtes du Jour de l'An, quelle que soit l'époque de l'année où l'on se trouve : les esprits induits en erreur croiront que l'année est finie, qu'une année nouvelle a commencé, et que le temps fixé pour la durée de la maladie est passé ; en sorte qu'elle cessera bientôt. Mais, en même temps, on se rend en foule dans les grands temples. Dans les villes, c'est avant tout au temple du Dieu des Murs et des Fossés, protecteur attitré des habitants, et responsable d'eux auprès de l'Auguste de Jade, que l'on se rend. Les fonctionnaires locaux y allaient naguère faire des sacrifices officiels, et quelquefois la vieille idée de la responsabilité du souverain ou des fonctionnaires dans les maux qui échoient à ses sujets ou à ses administrés donnait lieu à des manifestations curieuses : j'ai déjà dit le conte du sous préfet, s'installant en plein soleil à côté de la statue du Dieu des Murs et des Fossés, pour déterminer, par la résistance de sa propre tête et de celle de la statue, qui était responsable d'une calamité. On le raconte un peu partout ; ordinairement, c'est à propos d'une sécheresse (et c'est la forme originale, car l'exposition au soleil des sorciers et des sorcières était un des moyens de faire tomber la pluie) ; mais parfois aussi c'est pour une épidémie, car la responsabilité des mandarins est la même, de quelque espèce que soit la calamité. La population fait des collectes pour offrir une fête au dieu ; on fait venir une troupe d'acteurs et on joue dans son temple pendant un ou plusieurs jours. On va aussi au temple du Pic de l'Est, qui est le supérieur hiérarchique du Dieu des Murs et des Fossés, ou à celui de Ouan di, qui chasse les mauvais esprits. Ou bien on va dans les grands temples bouddhiques faire appel à la compassion des Bouddhas et des Bodhisattvas, les Très Miséricordieux et les Très Bienveillants qui ont fait vœu de sauver tous les êtres vivants. C'est dans certaines régions le Bouddha Bhaishajyaguru, Yaoshiwang Fo, dont le nom signifie Bouddha Roi-Maître des Remèdes, qui voit alors les dévots, rares à l'ordinaire, se presser au pied de ses autels, car il a fait vœu de « guérir les maladies de tous les êtres vivants », et ce vœu, qui s'applique en réalité à la « maladie d'ignorance », est pris à la lettre par la foule. Mais il n'est pas le seul à qui on s'adresse ; on va aussi brûler de l'encens et réciter des prières devant les statues de Guanyin ou d'autres Bodhisattvas, souvent en faisant un vœu de pèlerinage à accomplir une fois le péril passé.

Si rien de tout cela ne réussit, il reste la ressource de faire une procession. Parfois, c'est un dieu qui l'a ordonnée par l'intermédiaire d'un médium, et il a indiqué aussi le lieu d'où il faut partir, l'itinéraire qu'il faut suivre, les offrandes qu'il faut présenter au dieu principal et à ses suivants. C'est presque toujours le dieu protecteur local qu'on promène ainsi : dans les villages, c'est le patron auquel est dédié le principal temple, souvent Guanyin de Putuo, au Jiangsu et au Zhejiang, ou quelquefois un autre Bodhisattva, et alors le temple est desservi par un bonze, ou bien encore une divinité taoïste ou un héros local dont le temple est desservi par des maîtres laïques taoïstes ; dans les villes, c'est le Dieu des Murs et des Fossés. La procession de celui-ci ne diffère guère en ce cas de celle de sa fête annuelle que par quelques traits particuliers. En tête, on porte des charmes destructeurs de démons, et le plus souvent quelques uns des médiums du temple marchent devant ou derrière, les cheveux dénoués, l'épée à la main, et ils vont dansant et poursuivant les démons de l'épidémie tout le long du chemin ; pour le reste, troupes de notables, chacun un bâtonnet d'encens allumé à la main, précédant et suivant les statues, puis cortège des statues, avec les gongs, les tam tams, les parasols et les bannières, et enfin bandes de masques déguisés en démons de toute sorte, tout cela ne diffère de la procession annuelle que par le nombre des assistants.

Dans les villages du Jiangsu et du nord du Zhejiang, les prières au patron du village sont précédées de la cérémonie d'« imposer une âme » à la statue. Si le dieu, pense-t-on, ne protège pas ses fidèles et laisse l'épidémie les décimer, c'est que sa statue n'est plus animée et, par suite, ne sait pas ce qui se passe alentour et ne lui en rend pas compte. C'est à lui rendre une âme qu'est destinée la cérémonie. On fait une procession en grand silence au milieu de la nuit à travers les rues et les champs. Les statues en terre séchée et laquée sont creuses et ont dans le dos une ouverture fermée par un volet. Au moment de sortir du temple, le prêtre, bonze ou daoshi, ouvre ce volet ; puis on promène la statue dans son palanquin pendant qu'il suit en récitant à voix basse les prières. Dès qu'il entend le cri d'un être vivant, oiseau, insecte, animal quelconque, il referme brusquement le volet et ramène la procession au temple, où les cérémonies commencent. On dit qu'au moment même où le prêtre a fermé le volet, il a saisi l'âme de l'être qui a poussé le cri ; celui-ci tombe mort, et son âme, enfermée dans la statue, l'anime ; elle voit et entend, et peut prévenir le dieu. Il vaut la peine, à partir de ce moment, d'accomplir des cérémonies.

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