Vous êtes nombreux à être fascinés par la civilisation japonaise et par ses personnages de bandes dessinées, lointaines héritières des images du
"monde flottant" et de
LA Manga d'Hokusai.
Je remarque que la masculinisation des mots s'impose dès lors qu'un objet, déjà nommé, est valorisé : le mot
"icône", pourtant féminin de longue date, devient masculin dans la bouche et sous la plume des informaticiens et tout le monde parle des mangas au masculin, sans se poser la question du genre.
Certes, les mots japonais n'ont pas de genre, ils ne sont ni masculins ni féminins, on pourrait donc dire, en droit, indifféremment
"le" ou
"la" Manga. Mais la langue aussi a une histoire et c'est bien au féminin que le mot a été introduit dans la langue française par les premiers japonisants que furent, outre les vendeurs de
"japonaiseries", les amateurs d'estampes du XIX° siècle :
LA Manga d'Hokusaï est un recueil de dessins rapidement croqués, un répertoire de gestes, de grimaces et d'attitudes corporelles totalement contraires au code du maintien bourgeois qui a passionné les romanciers (les frères Goncourt, Emile Zola) et les peintres (Monet, Manet, Degas et même Millet qui fut le premier à emprunter aux Japonais leur mise en page).
J'oubliais de répondre à la question : je ne lis pas de mangas, question de génération sans doute !
La BNF (Bibliothèque Nationale de France) a consacré une superbe
exposition aux estampes japonaises. Vous y découvrirez les oeuvres majeures d'Hokusaï (et en particulier
LA Manga) et d'Hiroshige, des paysages à couper le souffle, des "
images de printemps" et autres fantaisies érotiques, des belles à leur toilette, bref, tout le répertoire de l'Ukiyo-e dans lequel puisent à l'envi les artistes depuis le milieu du 19° siècle.