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MAO, L'histoire inconnue


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14/06/2011 à 10:14 - L'histoire officielle : florilège
@Fredi,

Merci pour ce lien, j'avais entendu parler de ce livre, La vie privée de Mao racontée par son médecin de Li, Zhisui, paru en 2006 chez Plon. mais je ne l'ai pas lu. Voilà la quatrième de couverture :

l'éditeur a écrit :
Nommé bien malgré lui médecin personnel de Mao Zedong en 1954, Li Zhisui a vécu vingt-deux années durant dans l'intimité du dirigeant suprême de la Chine - un paysan charmeur, plein d'esprit, de chaleur, doublé d'un monstre froid, grand stratège manipulateur et impitoyable.

Nous découvrons un Mao en peignoir, allongé au bord de sa piscine ou sur son immense lit de bois, entouré de courtisans et de très jeunes filles, se «reposant» de la lutte révolutionnaire ou préparant en secret des attaques contre ses propres lieutenants, aussi bien qu'en grande tenue, accordant sa bénédiction aux masses assemblées sur la place Tiananmen. Le docteur Li nous livre une fascinante chronique, secrète et quotidienne, de la vie à la cour «impériale» de Mao, où l'hypocondrie et la paranoïa règnent en maîtres. Ces Mémoires, dont l'auteur vécut au coeur du pouvoir communiste chinois jusqu'à la mort de Mao, en 1976, offrent également un témoignage sans précédent sur les grandes heures, tumultueuses et parfois, jusqu'ici, baignées de mystère, de l'histoire de la Chine contemporaine.


Je ne savais pas qu'il était officiellement interdit de se procurer des livres sur Mao ! A l'occasion du 90 anniversaire de la création du Parti (puisqu'officiellement, il n'a été créé qu'en 1921), le PCC multiplie livres, sites internet et publications historiques de toute sorte. Il se décerne à lui-même des brevets d'objectivité au mépris de l'exigence du débat contradictoire que réclament à cor et à cri des historiens comme ce spécialiste du Grand Bond dénonçant le détournement de l'histoire par le Musée National de Pékin.

Voici un florilège des articles vantant cette histoire officielle du PCC :

Le PCC considéré comme objectif dans le récit de son histoire

Un haut responsable du PCC appelle à faire la publicité de l'histoire du PCC

Chine : lancement d'un site Internet officiel sur l'histoire du PCC

La Chine publie certains documents du PCC de la période 1921-1949

Livre sur l'histoire du PCC : un million d'ouvrages vendus

Il est bien évident que le livre de Jung Chang et Jon Halliday n'est pas neutre, j'y reviendrai plus tard, mais l'important, en histoire (et, plus généralement en science), c'est justement que le débat et la controverse soient possibles pour que l'on puisse s'approcher au plus près de la vérité, en sachant même qu'elle reste un idéal inaccessible.

@ Tahar

Bienvenue sur le forum mais je ne crois pas qu'un peuple ait besoin de subir une implacable dictature pour devenir vertueux ! La serviture rend servile, si tant de Chinois ont, envers et contre tout, sauvé leur âme, ce n'est sans doute pas leur bourreau qu'il faut féliciter.

Dernière édition : 14/06/2011 10h18

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14/06/2011 à 14:23 - MAO, L'histoire inconnue
"Instaurer un régime de terreur..." Que d'exemples au coeur de l'Histoire de notre pauvre humanité....
Je suis d'accord avec Lulu, et pour répondre à Tahar, je pense que le premier à avoir légué au Peuple chinois une discipline inébranlable n'est pas Mao mais bien le premier empereur Qin Shi Huang Ti, qui pratiqua la politique des châtiments et des récompenses sous l'inspiration des philosophes légistes... le contraire de ce qu'avait prôner la philosophie confucéenne.
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15/06/2011 à 12:59 - 1927-1928 : Mao au pays des bandits
Après le coup d'éclat de Tchang contre les communistes, Staline ordonna au PCC de former sa propre armée pour conquérir la Chine. Mao se plia à sa volonté ; le 7 août 1927, il prononçait le fameux : « Le pouvoir est au bout du fusil ». Les ordres de Moscou étaient de détourner une partie des armées nationalistes, travaillées, de l'intérieur, par des agents du PCC. De fait, 20 000 soldats, stationnés à Nanchang, dans le Jiangxi, se mutinèrent le 1° août 1927 à l'instigation de Zhōu Ēnlái, sur ordre de Koumanine. Evidemment, ce « soulèvement de Nanchang » fut mis au compte du seul PCC par l'histoire officielle. Les mutins se rendirent ensuite à Shantou où Mikoyan devait leur livrer armes et munitions.

Mais Mao voulait « son » armée. Prétendant vouloir créer une « base rouge » sur « cinq comtés », il réclama qu'on lui envoie une partie de ces hommes. Après avoir renoncé au plan ambitieux qu'il avait lui-même proposé, il réussit à convaincre les Russes de limiter le soulèvement à la ville de Changsha et à obtenir la responsabilité de l'opération comme « chef du comité du front ». Mais loin de jeter les troupes qu'on lui avait allouées sur la ville, Mao leur ordonna de le rejoindre à Wenjiashi, à 100 km de là ! Les Russes, qui ne comprenaient pas qu'ils avaient été joués, parlèrent de « traîtrise et de couardise tout à fait méprisables » et de « parodie de soulèvement » mais Mao n'en avait cure, il avait fait main basse sur 1500 hommes. Cet épisode figure dans les manuels d'histoire sous le nom d'« Insurrection de la Moisson d'automne » dont Mao aurait été le leader alors qu'il en fut le... saboteur !

Mao avait décidé de faire sa base du « pays des bandits » dans les montagnes du Jǐnggāng, au sud de Wenjiashi. Il eut bien du mal à convaincre les officiers, qui voulaient attaquer Changsha, selon le plan initial, de le suivre pour son repaire mais il était le seul représentant du Parti sur place et ils durent se soumettre. Cependant, quand Mao leur apprit qu'ils allaient de venir des « seigneurs de la montagne », nombreux choisirent la désertion ; beaucoup d'autres moururent de la malaria ou de dysenterie ; lorsque les « seigneurs de la montagne » arrivèrent dans leur repaire, 15 jours plus tard, au début du mois d'octobre, ils n'étaient plus que 600 ! Mao conclut un marché avec Yuan Wen-cai, le chef des hors-la-loi : ses hommes pourraient séjourner provisoirement sur son territoire à condition d'assurer leur propre subsistance par le pillage.

Dès qu'il fut sur place, Mao reprit contact avec les communistes des Changsha mais, jugeant son insubordination intolérable, Shanghai le démit de ses fonctions le 14 novembre 1927. Le 31 décembre, il condamnait ses « erreurs politiques d'une extrême gravité » et recommandait aux communistes du Hunan de le remplacer « par un camarade ouvrier courageux et intelligent ». C'était sans compter avec la chance - à moins que ce ne soit le machiavélisme-, de Mao.... Le comité du Hunan fut opportunément arrêté par les nationalistes avant que les ordres de Shanghai ne lui parviennent ! Et quand un autre émissaire parvint à la base, le 28 mars, Mao se contenta de changer de casquette pour contrôler « son » armée comme « commandant de division ».

Entre temps, Mao et ses hommes avaient vécu de pillages déguisés en opérations révolutionnaires sous le nom de « da tu-huo » : « écrasons les tyrans possesseurs de terres ». Mais la presse continuait à voir en lui un chef de bandits et la population n'était pas disposée à lui prêter main forte :
un soldat de Mao a écrit :
dès que nous nous sommes introduits dans la place, des gongs se sont mis à résonner [...] et plusieurs centaines [de villageois] [...] se sont emparés de plus de 40 de nos hommes et les ont enfermés dans le temple familial [...] ils les ont battus et ligotés, les femmes les ont piétinés avec violence. Puis on a mis sur eux des tonneaux à grain, sur lesquels étaient posées de grosses pierres. Ils ont été affreusement torturés [...].

Quant à l'état major, il était de plus en plus indocile : en décembre 1927, Chen Hao, commandant en chef, fut exécuté pour l'exemple devant ses hommes. Pour se concilier ses troupes, Mao institua des comités de soldats ayant droit de regard sur la répartition du butin, mais il mit surtout sur pied des cellules secrètes du Parti surveillant tous les autres pour son compte. Pendant ce temps, Mao fit main basse au cours de ses pillages sur de magnifiques résidences : en campagne, le Pavillon octogonal, comme dans la grande ville de Longshi. Il réquisitionna les bâtiments de la meilleure école de la région comme quartier général. Il avait à son service toute une escouade de domestiques et prit une troisième épouse, Gui-yuan, une jeune fille de bonne famille qui avait adhéré au Pari en 1926 et qui servait d'interprète à Yuan, le chef des bandits. En fait, celle-ci était amoureuse de Mao Ze-tan, le plus jeune des frères de Mao, mais Ze-tan était déjà marié et Mao convainquit la jeune femme de l'épouser. Elle regretta amèrement mais Mao l'emmena de force lorsqu'il quitta le pays.

Mao gagna ses galons militaires en enlevant le chef-lieu du comté de Ninggang aux troupes gouvernementales le 18 février 1928. Le 21, le chef du comté était exécuté à coups de suo-biao. . Les exécutions publiques devinrent alors la norme. Mao composa même, à l'occasion du nouvel an de 1928 de terrifiantes sentences parallèles : « Regardez-nous tuer les mauvais propriétaires aujourd'hui. N'avez-vous pas peur ? Les couteaux tranchent, l'un après l'autre. »

En avril 1928, les survivants de la mutinerie de Nanchang, sous la direction de Zhu De, se réfugièrent à la base de Mao. Membre loyal du Parti, Zhu avait, conformément aux ordres, organisé les soulèvements populaires mais les consignes dictées par Moscou étaient d'une violence extrême : « Brûlons ! Brûlons ! Tuons ! Tuons ! » Tout récalcitrant, considéré comme un « chien courant de la petite noblesse », encourait la peine de mort ! A Hailufeng, le carnage fit plus de 10 000 morts. A Chenzhou et à Leiyang, sous les ordres de Zhu, « tout a été livré au fer et au feu, on a tiré les habitants comme des lapins ». On comprend que les victimes se soient massivement tournées vers les nationalistes ! Une soeur adoptive de Mao, Chrysanthème, et son mari, qui habitaient Leiyang, firent les frais de leur ressentiment : ils furent tous les deux exécutés et la jeune femme fut horriblement torturée. Les communistes et ceux qui leur avaient prêté main forte durent fuir devant les troupes de Tchang. C'était la stratégie de Moscou : pousser les sympathisants des rouges vers un point de non-retour pour les enrôler définitivement au service de la révolution : « J'avais supprimé des contre-révolutionnaires, dira l'un deux. [...] Je devais aller jusqu'au bout. [...] Alors j'ai brûlé ma maison de mes propres mains [...] et je suis parti [avec Zhu] ».

Lorsque Zhu arriva auprès de Mao, celui-ci pouvait apparaître comme celui qui avait sauvé le plus important détachement de communistes mais aussi comme un modéré, car il préférait récupérer églises et belles demeures plutôt que de les détruire. Or Moscou venait de décider que les « pogromes », les « actes d'aveuglisme » ou « l'incendisme-et-tuerisme » (cf. la novlangue) avaient fait leur temps. Dès le 2 mai, il écrivit à Shanghai pour demander de présider aux destinées de ce qui allait devenir « l'Armée rouge de Zuo-Mao » ; il récupérerait ainsi les 4000 hommes de Zhu (lui n'en avait que 1000) ; pour renforcer son image, il commença à procéder à la redistribution des terres (formalité qu'il avait jusqu'alors négligée). Son cas fut examiné le 26 juin 1928 au VI° Congrès du PCC qui se tint près de Moscou. Zhōu Ēnlái trouvant que ses soldats avaient « en partie une nature de bandits », émit des réserves mais Staline voulait la création de l'Armée rouge et Mao en avait jeté les bases. Dès novembre, Mao se vit confirmer dans ses fonctions militaires à la tête de l'armée Zhu-Mao et de son territoire au pays des bandits....

Dernière édition : 15/06/2011 14h34

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15/06/2011 à 18:59 - MAO, L'histoire inconnue
Il est clair qu'une armée de 600 hommes, celle des débuts, ne vit pas d'amour et d'eau fraîche... Souvent, et ce depuis longtemps, j'ai imaginé toutes ces armées de "libération" déferlant sur les campagnes telles des nuées de sauterelles et ravageant tout sur leur passage.... D'Alexandre à Mao, en passant par Napoléon, pour ne citer que ces trois là.... que de souffrances, que de boucheries.
Pauvre petit peuple libéré (quand il s'en sortait vivant) d'un joug pour en supporter un nouveau peu de temps après....
Merci pour ces nouvelles pages Laoshi.... (celles qui restent collées les unes aux autres dans les livres d'histoire et que nous ne découpons pas par manque de curiosité
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15/06/2011 à 23:09 - MAO, L'histoire inconnue
oui , merci Laoshi pour cette présentation que je prends le temps de lire (le livre aurait été mis au dessus de la pile avec les autres .....)
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28/08/2011 à 18:58 - Message à Laoshi
Merci mille fois de vos fiches de lecture sur la biographie monumentale de Mao. C'est très généreux de faire profiter les membres du forum de votre travail. Personnellement j'apprécie énormément, sur le plan intellectuel et sur le plan humain.
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28/08/2011 à 19:09 - MAO, L'histoire inconnue
Chère Laoshi
Les vacances sont terminées.... pour vous également ! (mais c'est la dernière ligne droite ;o)
Je vois que vous avez repris les outils avec promptitude !
Dès que j'ai un moment je continue cette passionnante lecture.
Amitiés.
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29/08/2011 à 17:10 - Partage
Merci Jjrauzy, merci Michel ; je suis heureuse de voir que ces fiches de lecture vous intéressent. En faisant partager à tous mes réflexions et/ou mes lectures, je pensais d'abord contribuer au dynamisme et à l'attractivité du forum de CI, à sa convivialité aussi mais, comme le disait Corneille, "Le ciel sur nos souhaits ne règle pas les choses"...

NB : vous pouvez suivre pas à pas l'avancement de ce travail en vous inscrivant sur zhongguowenhua puis en vous abonnant au sujet.

Dernière édition : 29/08/2011 17h13

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29/08/2011 à 20:20 - MAO, L'histoire inconnue
J'apprécie moi aussi ces notes synthétiques très claires.
La Chine 中国 (Zhongguó), pays de l'Asie orientale, est le sujet principal abordé sur CHINE INFORMATIONS (autrement appelé "CHINE INFOS") ; ce guide en ligne est mis à jour pour et par des passionnés depuis 2001. Cependant, les autres pays d'Asie du sud-est ne sont pas oubliés avec en outre le Japon, la Corée, l'Inde, le Vietnam, la Mongolie, la Malaisie, ou la Thailande.