Voici la suite (et fin si tout va bien) de mon travail.
喜喜, le double bonheur
Prononcé “xi”, cet idéogramme, lorsqu'il est double, est censé apporter une double dose de bonheur tout autour de lui. On le voit lors des cérémonies de mariages et est généralement un cadeau typique pour apporter le bonheur à une nouvelle union.
Son association avec le mariage est liée à une histoire ancienne selon laquelle un étudiant qui se rendait à la capitale pour passer un examen tombe malade et trouve refuge chez un herboriste, père d'une jolie jeune fille. Ils tombent amoureux. Alors qu'il repart pour son examen, elle lui donne un couplet de poésie sur la nature à compléter. Arrivé à la capitale, il obtient le meilleur résultat à l'examen et rencontre l'empereur. L'empereur s'entretient avec le jeune homme et lui demande de l'aider à compléter une poésie. Le couplet de sa petite amie complète parfaitement la poésie de l'empereur. Le jeune homme est récompensé par l'obtention d'une position élevée dans le gouvernement. Heureux, il retourne voir la jeune fille et lui récite le couplet de l'empereur. Ils décident alors de se marier. Pour le mariage, le couple inscrit le caractère chinois bonheur, en double, sur un morceau de papier rouge et l'accroche sur un mur pour exprimer leur bonheur pour les deux événements. Depuis, la tradition perdure et le symbole du double bonheur est devenu une coutume sociale.
D'autres voient dans cet idéogramme l'image de deux personnes, les fiancés, se tenant main dans la main dans le bonheur conjugal. Ce symbole est très important dans la culture chinoise. Il représente une certaine philosophie de la vie, l'idée que chaque personne a une âme soeur en ce monde.
Des plantes et des animaux porte-bonheurs
Les plantes sont fréquemment utilisées comme métaphores ou symboles dans les jixiangtu.
On y trouve, par exemple, les trois plantes durables de l'hiver.
L'hiver est une saison pendant laquelle la plupart des plantes fanent, excepté le pin, le bambou, et la fleur de prunier qui grandissent malgré le froid, arborant leurs couleurs chatoyantes, années après années. C'est pourquoi ces trois plantes symbolisent l'amitié éternelle et la force du peuple chinois.
On pensera également aux quatre plantes de vertu :la fleur de prunier, le pin, le bambou, et le chrysanthème.
La fleur de prunier est aimée par le peuple chinois depuis les temps anciens. Noble et pure, cette fleur brave la neige et les glaces pour fleurir au milieu de l'hiver, apportant ainsi courage et vigueur au peuple chinois. Les hommes de lettre ont souvent comparé la fleur de prunier à la personnalité humaine. Cette fleur a cinq pétales, qui symbolisent chacune un bonheur.
Le pin, arbre vert avec une vitalité forte,brave le froid, le vent, la neige et la glace et pousse d'un vert luxuriant au bord des précipices ou hors de la roche. Les chinois ont beaucoup d'estime pour cet arbre qu'ils considèrent comme quelque chose qui promet la longévité, vous maintient jeune sans devenir âgé. “Que ta vie soit longue comme le pin de la montagne du sud”, “rester vert comme le pin”, etc...
Le bambou, plante longue et délicate aux joints solides, résiste lui aussi à l'hiver. Les chinois le considère comme une plante élégante au caractère noble. De plus, le caractère du bambou (竹
, prononcé “zhu”, est un homophone de 祝 (bénédiction ou félicitation).
Quant au chrysanthème, il fleurit à la fin de l'automne, alors que les autres fleurs fanent. Il est perçu comme une fleur défiant le froid.
Bien d'autres plantes sont symboliques, mais mon travail de fin d'étude utilisant la fleur de prunier, le pin et le bambou, j'ai choisi de me pencher sur celles-ci.
Les animaux prennent eux aussi une place de choix dans les images porteuses de chance. Le dragon, le lion, et le phoenix sont trois figures largement utilisées dans ce sens.
Le
dragon est considéré comme la plus importante créature surnaturelle, incarnant la force et symbolisant la puissance. D'après la légende, le dragon serait capable d'être visible ou invisible, fin ou épais, grand ou petit, et il génèrerait les nuages et la pluie pour apporter le bien à toutes les choses de la terre. Il peut apporter beaucoup de bonnes choses au peuple et gagne ainsi naturellement son respect. Cependant, durant le système féodal, les chefs féodales s'approprièrent le symbole du dragon pour en faire le signe des vertus des empereurs et des autorités célestes. Bon nombre de ces chefs féodaux se considéraient eux-mêmes comme l'incarnation des descendants du dragon. Pour prouver ce qu'ils avançaient, ils ont peint des dragons partout, sur les colonnes, le mobilier, les escaliers, et objets usuels en tout genre, ou encore sur la couronne de l'empereur, ses robes et ses ceintures. Le peuple ordinaire avait l'interdiction d'utiliser la représentation du dragon, sous peine d'être puni sévèrement. Avec la chute du système féodal, le dragon revint au peuple. Durant les festivals et les grandes célébrations, on voit alors les danses de dragons, les courses de bateaux dragons, des papiers découpés à son effigie, etc..Dans la Chine actuelle, les bâtiments de standing sont souvent décorés de dragons, montrant ainsi la magnificence et la fierté de la nation chinoise.
Le
lion est le roi des animaux, un symbole de pouvoir et de dignité. Cet animal est particulièrement estimé dans le bouddhisme, qui le désigne comme une bête puissante avançant bravement. C'est un animal divin qui symbolise le sacré et le bonheur. Il est considéré par le peuple comme leur saint patron ayant la capacité de supprimer les autres animaux et d'exorciser les esprits maléfiques. Souvent, dans l'ancienne Chine tout comme la Chine moderne, deux statues représentant un couple de lions garde l'entrée des bâtiments. Le mâle tient une balle sous sa patte avant et la femelle joue avec un lionceaux. La plupart de ces lions ont les cheveux bouclés, de grands yeux, la bouche ouverte, et des pattes allongées. Ils sont effrayants mais charmants. Il n'est pas rare de voir des représentations de deux lions jouant avec une balle, signifiant alors la joie ou le souhait d'accomplir une belle carrière.
Le
phoenix est un animal légendaire, roi des oiseaux. On raconte qu'il aurait été formé à partir d'essence des cinq éléments (le métal, le bois, l'eau, le feu, et la terre). Sa tête est comme le ciel; ses yeux, comme le soleil; son dos, comme la lune; ses ailes, comme le vent; ses griffes, comme la terre; et sa queue représente la latitude. C'est un oiseau divin, bienveillant et vertueux. Lorsqu'il apparaît, il apporte la paix. Si on le voit tourné face au soleil rayonnant, il symbolise une vie heureuse et un avenir radieux.
Des dieux qui accompagnent
Il me serait bien difficile d'aborder la question de la religion en Chine tant elle est éloignée de nos conceptions occidentales.
Il existe cependant des dieux, que l'on pourrait comparer aux dieux de la mythologie grecque, dans ce sens qu'ils ont une forme humaine, qu'ils sont donc accessibles, et tiennent chacun un rôle spécifique.
J'aborderai ici trois de ces dieux que l'on retrouve fréquemment dans les jixiangtu : le dieu du bonheur, le dieu de la santé, et le dieu de la longévité.
Le dieu du bonheur. Les chinois lui rendent hommage pour obtenir le bonheur et un destin favorable. Ce dieu apparaît généralement avec cinq longues touffes de barbe et une mine bienveillante. Il porte une robe rouge et une ceinture de jade brodée avec la représentation d'un dragon. Parfois, ce dieu peut être accompagné d'un petit garçon. Dans d'autres cas encore, il tient un rouleau sur lequel on peut lire quatre caractères signifiant “les fonctionnaires officiels célestes accordent la bénédiction”.
Le dieu de la richesse. Adoré par le peuple chinois, le dieu de la richesse a une grande influence. La tradition veut que l'on salue ce dieu lors de la veillée du nouvel an chinois. A cette occasion, de l'encens est brûlé et l'on fait des offrandes. La représentation du dieu de la richesse est accrochée à chaque foyer, dans l'espoir d'obtenir une meilleure récolte et des bons revenus pour la nouvelle année. Parfois, il tient dans ses bras un petit enfant qui symbolise les souhaits de bonne santé, la prospérité, et la source d'espoir du présent et du futur.
Le dieu de la longévité. Ce dieu n'est pas grand mais vigoureux. Son visage est apaisé, son front très étendu, et il tient dans sa main un bâton de bois, sur lequel il s'appuie pour se déplacer. Un serviteur céleste l'accompagne et porte une pêche qui représente l'immortalité. Le dieu de la longévité, de par son comportement affable inspire le respect. On raconte que la représentation du dieu de la longévité vient de Lao Zi (fondateur du taoïsme). Il aurait vécu plus de 300 ans et serait né avec des cheveux blancs, un large front, des longs sourcils, des grandes oreilles, une large bouche et des lèvres épaisses. Son front était ridé. Son esprit était calme, dépourvu de désirs égoïstes, et il préconisait de gouverner en ne faisant rien qui soit contre-nature. Une autre légende raconte que l'image du dieu de la longévité aurait été inspirée par Peng Zu, un immortel. On dit de lui qu'à l'âge de 767 ans, il ne montrait encore aucun signe de vieillesse. Il aurait vécu plus de 800 ans et 54 de ses fils seraient morts avant lui.
Ces trois dieux sont parfois réunis, sous formes de statuettes disposées dans le salon ou la sale à manger. On les place alors sur un meuble ou à un endroit élevé au-dessus du niveau des yeux, en signe du respect qu'on lui porte.