Zhang Dali
Zhang Dali 张大力 qui signifie littéralement "la grande force" en mandarin, est le nom d'un artiste contemporain qui a vu le jour en 1963 à Harbin, province du Heilongjiang en Chine.
Biographie
Aux termes de ses études à l'Académie centrale des beaux arts et du design dans la ville de Pékin, il reçoit son diplôme durant l'année 1987. Son art de prédilection est divers et varié, allant de l'art urbain à des installations à grande échelle, en passant par l'archivage notamment des photographies du temps de Mao, et son oeuvre est centré sur la difficulté d'être un artiste dans la Chine communiste.
Mais après ses études en Chine, Zhang décide d'abord de partir en Italie où il fait la découverte de l'art du graffiti. A son retour dans les années 90, il se posa comme l'unique auteur de graffiti du pays, ce qui lui a valu d'être le premier artiste chinois à avoir sa photo en couverture du Time Magazine. Il le pratique pendant 3 ans encore, de 1995 à 1998, et compte à son actif plus de 2000 représentations géantes de son portrait chauve sur de nombreux bâtiments de Pékin. Ces peintures de graffiti souvent placés à proximité des caractères chinois chai 拆 peints par les autorités de la ville pour signifier la démolition prochaine d'un bâtiment, a suscité de vives polémiques et a été l'objet de nombreux débats dans les médias de Beijing vers 1998.
Offspring
Zhang Dali continue de demeurer dans la ville de Pékin où il exerce également son métier d'artiste photographe. Ses sujets favoris sont d'ailleurs en majorité des gens ordinaires, et des travailleurs qui font partie de l'exode rural qui arrive en masse dans les grandes agglomérations de la Chine. Il préfère cette classe de population, car ils sont le produit du changement social et de l'urbanisation. Ces travailleurs migrants plus connu sous le nom de "Mingong", est une catégorie de gens qui s'est constituée à partir de l'ère post réforme en Chine. L'artiste reproduit donc directement les images à partir de ces travailleurs qui lui servent de modèle dans sa série "Offspring".
Depuis 2003, Zhang a d'ailleurs procédé à l'élaboration d'environ une centaine de sculptures grandeur nature toutes faites en résine et représentant des travailleurs migrants dans différentes postures. Chacune de ces statues portent un numéro d'édition différent, la signature de l'auteur ainsi que le titre de l'oeuvre sous la forme de tatouages. Les personnages en résine sont pour la plupart posés à l'envers et accroché au plafond, de manière à représenter l'incertitude de la vie et l'impuissance des travailleurs chinois à changer leur destin.
Le travail de Zhang a beaucoup contribué à la progression des changements de la société en Chine. Notamment pour ces travailleurs migrants qui même s'ils sont considérés pour beaucoup comme une sous couche de la population, contribuent énormément au processus de modernisation de la Chine par leur travail dans la construction de bâtiments. Cette exposition met aussi le doigt sur le fossé en perpétuel croissance qui se creuse entre les riches et les pauvres et qui caractérise l'un des phénomènes les plus important de la Chine moderne.
Une seconde histoire
Dans un projet s'intitulant "Une seconde histoire" qu'il a initiée durant environ huit ans qui a été exposé à Pékin et ensuite à Canton, l'artiste se base sur les différentes sortes images qu'il est arrivé à trouver dans les vieilles archives chinoises, que ce soit les livres, les journaux, ou encore d'autres publications et impressions en tous genres. A partir de ces témoignages de l'histoire du pays, le travail de Zhang consiste à rendre public le rôle qu'a joué les photographies au service de la propagande d'Etat durant tout le temps où Mao Zedong était encore au pouvoir, et qui s'étend sur la période allant de 1949 à 1976. Pour illustrer ses recherches, l'artiste a du analyser plusieurs photos de l'époque, que ce soit au niveau des retouches, de la couleur, ou encore tout ce qui a été susceptible de modifications. En effet, sur de nombreuses photos officielles, les services de la propagande a procédé à la suppression ou à l'ajout de personnes et de divers éléments picturaux sur mesure, depuis la création de la République Populaire de Chine. Il y a trois raisons identifiées par Zhang qui ont motivé la modification des photos qu'il a pu rassembler. D'abord il y a la raison politique qui est la plus importante, et qui est sollicitée lorsque sur l'image apparaît une personne que l'on ne pouvait plus montrer car ayant commis des erreurs. Ensuite il y a les scènes de vie où l'on devait préserver une belle apparence. Et enfin, il y a la raison qui est purement artistique. L'artiste a non seulement retrouvé les originaux de plus d'une dizaine d'images retouchées, mais nous propose ensuite de comparer.
Ce que cherche l'artiste, ce n'est pas seulement montrer les implications politiques à l'origine de ces retouches sur ces documents historiques, mais aussi mettre en valeur le travail d'artiste tout en délicatesse dont a du faire preuve les censeurs qui ont exécuté ces ajustements. D'ailleurs l'artiste met en évidence la source sous chaque photo, pour faire savoir qu'il n'en est nullement l'auteur, mais tout au plus celui qui les a rassemblé sans apporter aucune modification. Mais l'oeuvre a aussi pour but de lutter contre l'amnésie globale qui a été imposée par les autorités d'alors. D'ailleurs à ce sujet, la tenue de cette exposition en Chine est déjà en soi une avancée considérable, en matière d'ouverture du pays, encore impossible à imaginer il y a quelques années.
Expositions
Ses oeuvres ont été le sujet à de nombreuses expositions non seulement en Chine, mais à travers le monde entier, comme à la 18Gallery à Shanghai, à la Galerie Magda Danysz à Paris, à la Courtyard Gallery de Pékin, à l'Institut des Arts Contemporains de Londres, au Kunstnernes Hus à Oslo, à la Biennale de Gwangju en Corée en 2006, à l'International center for Photogaphy de New York, ou encore aux Rencontres d'Arles en France en 2010. Son art est représenté dans divers pays par de prestigieuses enseignes, comme la Galerie Kiang à Atlanta , l'Eli Klein Fine Art à New York et la Base Gallery à Tokyo.
Oeuvres
"Une seconde histoire" :