Chinoiserie
Chinoiserie : vase en porcelaine du
Musée de l'Art Décoratif à Paris.
Une chinoiserie est un objet d'art dont l'esthétisme est inspiré d'Extrême-Orient, et en particulier de Chine.
Définition
Une chinoiserie constitue un ouvrage dont les caractéristiques lui confèrent une place au sein des objets d'art présentant une esthétique et un design qui découlent du principe de pensée des orientalistes. Ainsi, elle renvoie à l'intérêt et à la beauté du courant de collectionnisme, passionné par l'acquisition d'oeuvres et d'architectures originaires de l'Extrême-Orient, et plus particulièrement ceux provenant de la Chine. C'est donc un art qui illustre à merveille l'attrait pour le fantasme de l'Orient rêvé, à travers le monde de l'imagerie et des emblèmes, selon une configuration précise, asymétrique ou maîtrise des jeux d'échelle, ainsi que dans la constitution du fond, soit des motifs soit des canons. Cette description permet de déduire que l'art qui trouve son inspiration dans l'Asie orientale proprement dit n'en représente aucunement l'élément moteur.
Histoire
L'intérêt soudain pour les chinoiseries se révéla sur le continent européen depuis fort longtemps, durant l'antiquité, par le biais des confections de soies. Plus tard, cet attrait se renforça entre le XIVe et le XVIIIe siècle, période pendant laquelle il fut comparé d'un côté à la tendance rococo très en vogue, et d'un autre côté, au style avant-gardiste typiquement anglomane. Il est donc tout à fait concevable d'assimiler la source de cette exaltation en faveur des répercussions de nature "philosophique", en la manière dont il est consigné à travers les diverses pensées littéraires approfondies par le siècle des Lumières.
Application
La chinoiserie représente un bel exemple d'inspiration artistique européenne, mais qui trouverait son épanouissement dans l'influence chinoise. Elle est déterminée par le recours au langage figuratif et quelque peu bohème utilisé dans une Chine allégorique, par l'entremise de procédés asymétriques, de dissemblances assez explicites ainsi que l'emploi de substances enduites servant à la décoration. Les chinoiseries ont été largement diffusées dans l'univers artistique de l'Europe à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, même si la notoriété du concept n'a atteint son paroxysme qu'aux environs du milieu du XVIIIe siècle, avant d'être appliquées au rococo.
A partir de la Renaissance, et cela jusqu'au XVIIIe siècle, les précurseurs occidentaux tentèrent non sans difficulté de reproduire le raffinement technique spécifique des céramiques chinoises. Mais ceux-ci ne réussissent qu'à interpréter assez banalement ces oeuvres. En effet, la copie immédiate des faïences d'origine chinoise débuta à la fin du XVIIe siècle, afin d'être apposée à la multiplication européenne de porcelaine, pour divers articles tels que les productions en rapport avec le thé, pour enfin se vulgariser davantage au niveau du goût prononcé pour les Chinoiseries du courant rococo, cela vers 1740 et 1770.
Les premières indications de ce type d'art se manifestèrent au commencement même du XVIIe siècle, faisant face à un contexte artistique national compliqué mais prospère, caractérisé par un commerce fructueux entre la Hollande et l'Angleterre et les nations de l'Orient. Par exemple, la poterie réalisée en étain, d'apparence glacée et produite à Delft, tout comme dans bon nombre de villes hollandaises, arbore une décoration bleue et blanche qui renvoie incontestablement à l'époque Ming du début du XVIIe siècle. De même, les objets façonnés en céramique de Meissen et, justement ne constituent tout naturellement que des contrefaçons des aspects chinois dans la conception des plats, des vases et des articles de thé. Néanmoins, à l'échelle mondiale, au sein du monde supposé imaginaire de l'art des chinoiseries, les mandarins ont mené une existence au milieu de paysages montagneux très anticonformistes, agrémentés çà et là de passerelles de toile d'araignée, d'ombrelles embellis avec des fleurs, puis ont vadrouillé au centre de délicats cottages en bambou, habités par des dragons ou des phoenix, alors même que des primates se berçaient nonchalamment sur des cordons oscillants.