Chronologie : La Chine au XXe siècle
1911 : Insurrection républicaine à Wuhan (10 octobre). En décembre, Sun Yat-sen devient président provisoire de la République proclamée à Nankin le 1er janvier 1912.
1912 : Abdication de P'ou-yi, le « dernier Empereur » mandchou (12 février). Yuan Shi-kai, un général qui était ministre dans le gouvernement impérial, obtient la démission de Sun Yat-sen le 15 février, le remplace comme président de la République et établit un régime autoritaire (constitution du 1er mai 1914). Les chefs mongols se proclament indépendants à Urga (Oulan-Bator). Création à Londres de la Banque anglo-chinoise.
1912-1914 : Insurrection paysanne dite du « Loup Blanc » dans le centre et le nord du pays.
1913 : Le Tibet se déclare indépendant. Le Kouo-min-tang (Guo-min-dang), le parti nationaliste de Sun Yat-sen, gagne les élections en mars mais Yuan Shi-kai n'en tient aucun compte et brise la révolte qu'engendre son attitude en juin-septembre. Il reçoit par ailleurs le soutien du premier « Consortium » occidental (groupe bancaire international constitué pour l'exploitation du marché financier chinois) et peut établir un régime dictatorial de 1913 à 1916. Un autre « consortium » du même type demeurera à l'état de projet en 1921.
1915 : Le Japon, désireux d'imposer, à la faveur de la guerre européenne, son hégémonie économique à la Chine présente au gouvernement de Pékin 21 demandes dont Yuan Shi-kaï accepte la plupart malgré la colère de l'opinion. Une convention conclue entre la Chine, la Russie et la Mongolie reconnaît l'indépendance de ce dernier pays (25 mai).
1916 : Après avoir échoué dans ses projets de restauration monarchique (décembre 1915), Yuan Shikai meurt le 6 juin 1916 en laissant le pays aux mains des généraux qui se disputent le pouvoir.
1917 : La Chine entre en guerre aux côtés de l'Entente. Sun Yat-sen forme un gouvernement républicain dissident à Canton.
1918 : À la faveur de prêts consentis au gouvernement chinois, le Japon développe son influence économique dans le pays.
1919 : Mouvement du 4 mai pour protester contre les mesures que vient de prendre la Conférence de la Paix réunie à Paris (transfert au Japon des droits allemands sur le Shandong). En juillet, la Russie soviétique annonce qu'elle renonce aux droits acquis par le régime tsariste en Chine à la faveur des « traités inégaux ».
1920 : Sun Yat-sen rentre à Canton. À Pékin, le parti Anfu, acquis aux Japonais, est remplacé au pouvoir par le parti Zhili lié aux Anglo-Saxons. La majeure partie de la Chine est alors aux mains des « seigneurs de la guerre », des généraux prédateurs exploitant des régions entières. L'un d'entre eux, Zhang Zuolin, contrôle ainsi la Mandchourie où il s'oppose à l'influence soviétique, jusqu'à sa mort survenue en 1928 (son train est saboté par les services japonais quand il est sur le point de se rapprocher du gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi).
1921 : Fondation à Shanghai, le 1er juillet, du Parti Communiste Chinois.
1921-1922 : Conférence de Washington consacrée au Pacifique et à l'Extrême-Orient. Elle aboutit au « traité des neuf puissances sur la Chine » qui garantit l'indépendance et l'intégrité territoriale du pays et contraint même le Japon à renoncer aux anciens établissements allemands du Shandong. Les Anglo-Saxons veulent surtout, par ce traité, contrecarrer les ambitions japonaises vis-à-vis de la Chine.
1922 : Sun Yat-sen est chassé de Canton dans un contexte d'agitation sociale et de grèves mais il y revient en février 1923.
1923 : Arrivée en septembre à Canton de la mission soviétique dirigée par Borodine qui vient soutenir le Kouo-min-tang.
1924 : Traité sino-soviétique. Les communistes sont admis au sein du Kouo-min-tang.
1925 : Mort de Sun Yat-sen à Pékin (12 mars).
1926 : Le gouvernement nationaliste de Canton lance l'expédition du Nord et occupe la Chine centrale.
1927 : Rupture en avril entre les communistes et le Kouo-min-tang dirigé par Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi), un proche de Sun Yat Sen. L'insurrection communiste de Shanghai est écrasée en avril. Les communistes rompent aussi en juillet avec le gouvernement de gauche établi à Wuhan. En août, l'insurrection de Nanchang voit la naissance de l'Armée Rouge. En décembre, c'est la « Commune de Canton » qui est écrasée.
1928 : La Chine est réunifiée sous l'autorité du Kouo-min-tang. Le gouvernement chinois obtient des puissances le retour à l'autonomie douanière.
1928-1930 : Entrés en rébellion, les communistes constituent plusieurs bases paysannes en Chine du Sud sous la direction de Mao Tsé-toung (Mao Tsö-tong, Mao Zedong).
1929 : Bref conflit sino-soviétique dans le nord de la Mandchourie, conclu par l'armistice de Khabarovsk du 22 décembre qui rétablit le statu quo ante et signifie l'échec de Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi)dans sa tentative de rétablir sa complète autorité sur la région.
1931 : Attaque japonaise contre la Mandchourie à la suite du sabotage du chemin de fer (19 septembre). La conquête du territoire est achevée en janvier 1932. Proclamation en novembre d'une République chinoise des Soviets dans le Jiangxi.
1932 : Les Japonais, qui ont occupé Shanghai de janvier à mai, proclament P'ou-yi, le dernier empereur mandchou, souverain du protectorat du Mandchoukouo. Condamnés par la SDN, ils quittent l'organisation internationale (27 mars 1933).
1933-1935 : Les Japonais avancent en Chine du Nord et s'emparent du Jehol, une région montagneuse située entre la Mandchourie et la Mongolie extérieure, puis d'une partie du Hebei et de la Mongolie intérieure, ce qui les conduit à s'installer à proximité immédiate de Pékin et de Tianjin.. Les armées du Kouo-min-tang tentent d'encercler et de réduire les territoires contrôlés par les communistes. La cinquième campagne lancée par les nationalistes contraint Mao Tsé-toung et les siens à entreprendre, en octobre 1934, la « Longue Marche » qui les conduit au Chen si où ils fondent la république de Yen-Ngan (Yan'an).
26 juillet 1937 : Le Japon envahit l'ensemble de la Chine en prétextant un incident survenu au nord de Pékin le 7 juillet. Les troupes nippones débarquées en août à Shanghai s'en emparent le 27 octobre. Au sud, Canton sera prise en octobre 1938. Les communistes et le Kouo-min-tang unissent leurs forces contre l'envahisseur.
1938-1940 : Le gouvernement nationaliste – chassé de Nankin où les Japonais ont perpétré de décembre 1937 à février 1938 un massacre général – est impuissant à empêcher la conquête de l'est et du sud du pays et doit se replier sur Hankou, puis sur Chongqing, dans le Bassin Rouge, pour y continuer la lutte, alors que les communistes créent des zones de guérilla dans la partie de la Chine occupée par les Japonais. Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi) reçoit alors le soutien des aviateurs volontaires américains de C. Chennault (les fameux « Tigres volants ») qui, en réalisant un pont aérien avec l'Inde, contribuent à limiter l'isolement du gouvernement de Chongqing.
1940 : Wang Jing-wei constitue à Nankin un gouvernement pro-japonais (20 mars).
1941 : Incident de l'Anhui, qui voit les forces nationalistes attaquer les troupes de la Nouvelle Quatrième Armée communiste.
1942 : Le général américain Stilwell devient le chef d'état-major de Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi) à Tch'ong-k'ing (Chongqing).
1943 : Anglais et Américains renoncent aux privilèges, notamment les concessions d'extraterritorialité liées aux « traités inégaux » conclus à l'époque du break up of China, dont ils disposaient dans le pays.
1944 : Succès de l'offensive japonaise Ichigo en Chine centrale.
1945 : Capitulation japonaise (15 août et 2 septembre). Les troupes du Kouo-min-tang (Guo-min-dang) sont transférées en Chine du Nord par l 'aviation américaine.
1946 : Échec des tentatives de conciliation réalisées sous l'égide de l'Amérique entre communistes et nationalistes. La guerre civile reprend.
1947 : Les nationalistes prennent Yen-Ngan alors que les communistes réalisent la réforme agraire dans les zones qu'ils contrôlent.
1948 : Défaites du Kouo-min-tang en Mandchourie. Désastre de Shenyang (Moukden) en septembre-novembre. La bataille de Huai-Huai, de novembre 1948 à janvier 1949, scelle la défaite complète des nationalistes.
1949 : Victoire des communistes qui entrent à Pékin en janvier et proclamation, le 1er octobre, de la République populaire de Chine. Tchang Kaï-chek se réfugie à Formose (Taiwan) où il entend maintenir, avec l'aide des Américains et dans le contexte de la guerre froide commencée deux ans plus tôt, la fiction d'une légitimité du régime issu du Kouo-min-tang . Voyage de Mao à Moscou dès le 15 décembre : il y signe le traité d'amitié sino-soviétique du 14 février 1950.
1950 : Loi sur le mariage (1er mai) Généralisation de la réforme agraire (30 juin). Intervention en Corée, le 25 octobre, des « volontaires » chinois. Dix jours après l'entrée de ses troupes au Tibet, le régime de Pékin réaffirme sa souveraineté sur ce pays. La Chine apporte son soutien au Viêt-minh engagé dans la lutte contre les Français en Indochine.
1951 : Les forces chinoises et nord-coréennes prennent Séoul.
1953 : Signature de l'armistice de Panmunjon entre les deux Corées. La Chine populaire tire un grand prestige de son intervention dans le conflit.
1954 : La Chine est représentée par Chou En-lai (Tcheou Ngen-lai, Zhou Enlai) à la conférence de Genève qui met fin à la guerre d'Indochine. En septembre, l'Assemblée nationale populaire adopte une première Constitution.
1955 : La Chine participe à la conférence de Bandoung (18-24 avril) qui voit la naissance du « bloc afro-asiatique » né de la décolonisation. En juillet, Mao exige une accélération de la collectivisation agricole.
1956 : Le régime chinois prend ses distances avec la dénonciation de Staline par Khrouchtchev lors du XXe Congrès du PC soviétique.
1957 : Lancement de la campagne des « Cent Fleurs » qui doit permettre, en introduisant un minimum de libéralisation du régime, « de faire un bon usage des contradictions au sein du peuple ».
1958 : Fondation des communes populaires et lancement du « Grand bond en avant » (mai).
1959 : Écrasement en mars de la révolte tibétaine. Fuite du Dalaï-lama en Inde. En avril, Liou Chao Shi (Lieou Chao-k'i, Liu Shaoqi) remplace Mao à la présidence de la République. Lin Piao (Lin Biao) devient ministre de la Défense.
1960 : L'URSS rappelle ses experts en juillet et suspend son aide à la Chine. La généralisation du « grand bond en avant » entraîne une régression économique qui dure jusqu'en 1962. La famine coûte au moins 15 millions de morts au pays.
1962 : Conflit sino-indien sur la frontière himalayenne (octobre-novembre) conclu sur une défaite humiliante pour l'Inde. Pékin dénonce la « reculade » soviétique lors de la crise de Cuba et désigne « l'impérialisme américain » comme un « tigre de papier ».
1963 : La Chine dénonce la signature du traité de non-prolifération nucléaire.
1964 : La Chine expérimente sa première bombe atomique, avant de faire exploser, en juin 1967, une bombe H.
1966 : Les purges entreprises par les fidèles de Mao frappent le maire de Pékin Peng Zhen, Liou Chao Shi et Teng Siao-p'ing (Deng Xiaoping). La Révolution culturelle se développe au cours de l'été. Mao et les siens utilisent les gardes rouges contre les « réformistes » du Parti. Lin Piao devient le numéro deux du régime.
1967 : Poursuite de la révolution culturelle dans laquelle Jian Qing, l'épouse de Mao joue un rôle prépondérant. Ce mouvement est une tragédie pour les intellectuels et pour les modérés du Parti ; il se traduit également par la destruction de tout un patrimoine artistique et culturel inestimable.
1968 : La Chine proteste contre l'invasion de la Tchécoslovaquie par les forces du Pacte de Varsovie.
1969 : Le IXe Congrès du PC chinois réaffirme la prééminence de Mao et de son « dauphin » Lin Piao. Liou Chao Shi meurt en prison. De mars à juin, plusieurs incidents graves opposent Chinois et Soviétiques sur la frontière de l'Oussouri.
1970 : Lancement du premier satellite artificiel chinois. Reprise des relations avec l'URSS en juillet.
1971 : Visite de Henry Kissinger à Pékin. « Complot » et mort de Lin Piao (septembre). La République de Chine (l'État nationaliste de Taiwan) est expulsée des Nations Unies où est admise la Chine populaire qui siège désormais parmi les membres permanents du Conseil de Sécurité (25 octobre).
1972 : Voyage en Chine de Richard Nixon, qui y rencontre Mao (21-28 février), suivi de la visite du premier ministre japonais Tanaka qui entame la normalisation des relations entre Tokyo et Pékin. Chou En-lai stabilise la situation à l'intérieur du Parti alors qu'est lancée l'année suivante la campagne « contre Lin Piao et Confucius ».
1974 : Chou En-lai, malade, replace au premier plan Teng Siao-p'ing (Deng Xiaoping), victime de la Révolution culturelle et lui confie la conduite des affaires courantes. Le Japon développe rapidement ses relations économiques avec la Chine.
1975 : L'Assemblée nationale populaire adopte une nouvelle constitution et le programme des « quatre modernisations » mais l'agitation gauchiste persiste, entretenue par les nostalgiques de la Révolution culturelle.
1976 : Mort de Chou En-lai (8 janvier). Teng Siao-p'ing est remplacé par Hua Kuo-feng (Hua Guofeng) comme premier ministre. Le pays est affecté en juillet par le terrible tremblement de terre de Tangshan.
9 septembre 1976 : Mort de Mao. Arrestation de la « bande des quatre » conduite par la veuve de Mao (6 octobre).
1977 : Retour au pouvoir de Teng Siao-p'ing. Proclamation officielle par le XIe Congrés du Parti de la fin de la Révolution culturelle.
1978 : Teng Siao-p'ing l'emporte sur Hua Kuo-feng lors du plénum du Comité central en décembre.
1979 : Après avoir soutenu le Nord-Vietnam dans sa lutte contre les États-Unis, la Chine intervient militairement au Tonkin après l'invasion vietnamienne du Cambodge des Khmers rouges soutenus par Pékin. (février-mars). Création de quatre « zones économiques spéciales » dans le sud du pays et autorisation d'installation d'entreprises mixtes, chinoises et étrangères.
1980 : Loi autorisant la propriété familiale de la terre (septembre). Début du procès de la bande des quatre (novembre).
1981 : Hua Kuo-feng est écarté et remplacé à la tête du parti. Une nouvelle constitution est adoptée l'année suivante. C'est désormais Teng Siao-p'ing qui détient la réalité du pouvoir.
1983 : Développement d'une vaste campagne contre la criminalité qui aboutit à des milliers d'exécutions capitales.
1984 : Ouverture de quatorze villes côtières aux investissements étrangers. Généralisation de la réforme économique. Suppression du monopole de l'État sur l'achat et la vente des produits agricoles.
1989 : Visite en Chine de M. Gorbatchev. Développement du « printemps de Pékin » réprimé au début du mois de juin par le premier ministre Li Peng. Les sanctions occidentales demeurent limitées. Kiang Tsö-min (Jiang Zemin) s'impose comme le successeur de Zhao Ziyang qui avait engagé le dialogue avec les contestataires et apparaît comme le futur homme fort du pays quand interviendra la disparition de Teng Siao-p'ing.
1993 : Kiang Tsö-min (Jiang Zemin) devient président de la République. Réunion à Seattle du premier sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique. Le Comité central décide l'établissement d'une « économie socialiste de marché ».
1996 : Regain de tension en mars dans le détroit de Taiwan, à l'occasion de manœuvres de l'armée de Pékin.
1997 : Mort de Teng Siao-p'ing (19 février). La Chine reprend le contrôle de Hong-Kong le 1er juillet. En septembre, à l'occasion du XVe Congrès du Parti, Kiang Tsö-min (Jiang Zemin) s'impose comme l'homme fort du régime.
1999 : La Chine reprend le contrôle de Macao.