Calligraphie - Style sigillaire
Le plus ancien des styles (il trouve son apogée sous la dynastie 秦 Qín, 221-206 avant notre ère), il correspond actuellement à une adaptation calligraphique des caractères archaïques tels qu’ils étaient gravés, et non peints, sur le bronze ou la pierre. Il faut bien noter que ce ne sont pas tous des reproductions de caractères archaïques, ne serait-ce parce que tous les caractères actuels peuvent être tracés ainsi alors que l’on est bien loin de rencontrer dans l’écriture archaïque elle-même tous les caractères et, surtout, parce qu’à part dans la confection des sceaux, les caractères sigillaires sont écrits et non gravés comme ils l’étaient aux commencements : on parle donc d’un tracé imitant celui du passé.
Les lignes sont fines et pointues aux extrémités, la courbe n’est pas exclue, la forme des caractères est assez libre : ce type de tracé, en effet, ne suit pas les contraintes dont on parle ailleurs et qui sont essentiellement dues au pinceau. Les caractères sont encore très proches du dessin et du pictogramme : leur forme ne peut pas toujours être déduite du tracé actuel car ce sont là les formes anciennes, qui ont subi nombre d’altérations au cours du temps pour arriver aux tracés actuels. Il faut donc apprendre individuellement leur tracé et leur lecture n’est pas possible au profane qui ne connaîtrait que les graphies actuelles.
On peut distinguer deux types de caractères sigillaires : le grand sceau 大篆 dàzhuàn et le petit sceau 小篆 xiǎozhuàn. Le premier est le plus ancien, irrégulier et moins soigné. Il remonte au IXe siècle avant notre ère et découle directement caractères archaïques, 甲骨文 jiǎgǔwén (sous la dynastie 商 Shāng) et 金文 jīnwén (sous les 西周 Xī Zhōu, Zhōu Occidentaux), respectivement « écriture oraculaire sur os » et « écriture sur bronze », principalement gravées sur les carapaces de tortues destinées à la scapulomancie et les bronzes liturgiques. Ce sont les premières attestations écrites réelles chinoises. On en voit des exemples dans la partie consacrée aux types de caractères, section « pictogrammes ». Il ne faudrait pas croire que le grand sceau et les caractères archaïques ne font qu’un : le grand sceau est le type de tracé le plus ancien encore utilisé et non la plus vieille écriture chinoise.
Le second, le petit sceau, est une standardisation et une perfection du grand sceau datant des 秦 Qín, dont le modèle est dû au Premier ministre de 秦始皇帝 Qín Shǐ Huángdì, 李斯 Lǐ Sī (vers 200 avant notre ère). Le petit sceau, remplacé par des styles plus simples et plus réguliers, est sorti des usages sous les 漢 Hàn (de 206 avant notre ère à 220 avant notre ère), avant de devenir un style purement calligraphique solennel sous les 唐 Táng (618-907 de notre ère), tracé au pinceau ou gravé sur les sceaux (d’où son nom actuel). Le grand sceau, quant à lui, n’est plus étudié que par les historiens (pour accéder à la lecture de documents épigraphiques anciens) et les historiens de l’écriture.
Voici les cinq premiers caractères de la première colonne (en partant de la droite) de l’illustration ci-dessus, une œuvre du calligraphe, poète et graveur de sceaux 山杉 Shānshān, en caractères actuels, à titre de comparaison : 松下問童子 sōng xià wèn tóng zǐ, extrait d’un poème de 賈島 Jiǎ Dǎo, poète 唐 Táng : 「尋隱者不遇」Xún yǐn zhě bú yù (À la recherche d’un ermite, sans le rencontrer).