Les attaques des Houthis en mer Rouge aggravent les difficultés maritimes et entraînent une hausse des prix à l'échelle mondiale (ONU)
Les attaques des Houthis contre les navires en mer Rouge ont réduit le volume des échanges du canal de Suez de 42% depuis novembre, a déclaré jeudi Jan Hoffmann, chef de la section de facilitation du commerce de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Ces perturbations s'ajoutent à la tension que subissent les voies de navigation sur d'autres itinéraires majeurs, en mer Noire, entravée par le conflit en Ukraine, et à travers le canal de Panama, qui souffre de la baisse des niveaux d'eau douce induite par le changement climatique, ce qui menace les prix à la consommation, a indiqué le responsable onusien.
"Nous sommes préoccupés par le fait que les attaques contre le transport maritime en mer Rouge ajoutent des tensions à un contexte de perturbations du commerce mondial dues à la géopolitique et au changement climatique", a affirmé M. Hoffmann aux journalistes au siège de l'ONU lors d'un point de presse vidéo depuis Genève. "Ces perturbations soulignent la vulnérabilité du commerce mondial."
Selon lui, le commerce maritime transporte environ 80% des marchandises dans le commerce mondial, avec un pourcentage encore plus élevé pour les pays en développement où les prix du transport maritime sont déjà en hausse, notamment pour les conteneurs et les navires-citernes. Les transporteurs de gaz, en particulier, craignent de passer par la mer Rouge pour se rendre à Suez, de peur qu'une attaque des Houthis ne cause l'explosion d'un navire.
Selon la CNUCED, la crise de la mer Rouge perturbe considérablement les expéditions de céréales et d'autres produits de base essentiels en provenance d'Europe, de Russie et d'Ukraine. Cette situation entraîne une augmentation des coûts pour les consommateurs et des risques sérieux pour la sécurité alimentaire mondiale, en particulier dans des régions comme l'Afrique de l'Est, l'Asie du Sud, l'Asie du Sud-Est et l'Asie de l'Est, qui dépendent fortement des importations de blé en provenance d'Europe et de la région de la mer Noire.
M. Hoffmann a estimé que des perturbations prolongées des principales routes commerciales perturberont les chaînes d'approvisionnement mondiales, entraînant des retards dans les livraisons de marchandises, une augmentation des coûts et une inflation potentielle. Le secteur du transport maritime est déjà témoin d'impacts immédiats, avec des augmentations de prix spot de l'Asie à l'Europe dépassant les niveaux observés en 2023.
Il a précisé que les tarifs entre la Chine et la Méditerranée ont plus que triplé depuis le début du mois de décembre. L'allongement des distances commerciales et l'augmentation des taux de fret dus au contournement de l'Afrique pourraient avoir des effets en cascade sur les prix des denrées alimentaires.
La CNUCED a calculé qu'environ la moitié de l'augmentation des prix des denrées alimentaires observée en 2022 était due à la hausse des coûts de transport.