Chine-Europe : pour le secteur des véhicules électriques, la coopération s'élargit en dépit de l'enquête anti-subventions (REPORTAGE)
A l'intérieur du SAIC-Volkswagen ID.Store X, situé dans le centre commercial SOLANA Lifestyle à Beijing, des employés s'affairent à présenter divers modèles de voitures électriques, tels que l'ID.6X, l'ID.4X et l'ID.3, aux clients venus en savoir davantage. Parmi elles, l'ID.3 est populaire pour son excellent rapport qualité-prix.
SAIC-Volkswagen n'est pas la seule marque de véhicules électriques (VE) choisie par les consommateurs chinois. Dans les rues du pays, on peut voir des marques chinoises telles que BYD et Xiaopeng, mais aussi de nombreuses VE occidentales telles que Volkswagen, Audi et Tesla, également attrayantes pour les consommateurs chinois.
Selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), la Chine est le troisième plus grand marché pour les exportations de véhicules électriques de l'Union européenne (UE), après le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Les exportations de l'UE vers la Chine ont enregistré une augmentation de 151% en 2022, selon un rapport publié par la Chambre de commerce de la Chine auprès de l'UE (CCCEU).
Les constructeurs européens vendent de plus en plus de VE en Chine, un fait illustré par les chiffres mais ignoré par certains responsables européens et médias occidentaux. En octobre, la Commission européenne a lancé une enquête anti-subventions sur les VE chinois, prétendant que les VE chinois, bénéficiant de subventions étatiques, sont "bon marché" et s'emparent du marché européen.
De telles affirmations ne sont pas étayées. De nombreuses études et enquêtes de marché indiquent que la stratégie de tarification des modèles de véhicules à énergie nouvelle exportés de Chine vers l'Europe est comparable à celle des modèles européens locaux et, en fait, est souvent plus élevée que les prix sur le marché intérieur chinois.
Sur le marché mondial, la concurrence commerciale est inévitable, mais une concurrence appropriée et raisonnable contribue au progrès technologique afin que les consommateurs puissent bénéficier d'un meilleur service.
Certains articles de médias occidentaux sur le développement des VE chinois sur le marché européen ne présentent pas la vision complète de cette industrie, négligeant souvent une vérité plus grande, à savoir que les constructeurs de VE européens et mondiaux cherchent à coopérer avec la Chine. Cette dernière leur fournit la production de composants et de voitures complètes, comme Tesla, qui possède sa propre usine à Shanghai.
En plus de ceux "fabriqués en Chine", les constructeurs occidentaux de VE y achètent également diverses matières premières et composants, dont le plus important est la batterie, réputée être le coeur d'un VE.
De nos jours, plus de la moitié des dix principaux vendeurs de batteries électriques au monde sont en Chine. Lors d'une conférence en octobre à Changchun (nord-est de la Chine), Ferdinand Dudenhoffer du Centre de recherche automobile allemand (CAR) a dit qu'il y avait une très forte demande pour la technologie des batteries chinoises en Europe et que des entreprises telles que Mercedes-Benz, BMW et Volkswagen en avaient toutes besoin.
Malgré l'enquête anti-subventions, pour les constructeurs de VE chinois et européens, la vérité est plus à la coopération qu'à la concurrence. Les Chinois ont bâti un partenariat de plus en plus étroit avec les Européens. Le constructeur chinois BYD a ainsi ouvert une usine de bus électriques à Komarom (Hongrie) en 2017, la première usine du genre dans laquelle BYD a investi en Europe, produisant principalement des bus et des autocars de tourisme.
Dans le domaine des batteries, la coopération Chine-UE ne cesse de se renforcer. Stellantis, quatrième plus grand groupe automobile mondial, et le fabricant chinois de batteries Contemporary Amperex Technology (CATL), leader mondial des technologies innovantes en matière d'énergies nouvelles, ont signé un protocole d'accord non contraignant pour la fourniture locale de cellules et modules de batteries LFP afin d'alimenter la production de VE de Stellantis en Europe.
Selon des médias chinois et CATL, pas mal de fabricants chinois de batteries ont annoncé des investissements en Europe, telles que Gotion High-tech, China Innovation Aviation, EVE Energy. Des constructeurs auto européens cherchent également à établir une usine d'électrification en Chine. BMW a investi dans un projet de sixième génération de batterie électrique à Shenyang, dans la province du Liaoning (nord-est), dont le bâtiment principal a été entièrement achevé.
Pendant ce temps, des clients, des constructeurs ou même des responsables européens du secteur des VE ne cachent pas leur admiration pour les entreprises chinoises.
En 2023, la BYD ATTO 3 a été élue voiture électrique de l'année au Royaume-Uni par le groupe de presse News UK, dont le producteur chinois est désormais associé à un fabricant britannique d'autobus électriques pour promouvoir les transports écologiques dans ce pays. "La Chine dispose d'une industrie de voitures électriques très puissante. Je préférerais de loin qu'ils fabriquent d'excellentes voitures au Royaume-Uni que nous pourrions ensuite tirer profit et exporter", a souhaité le ministre britannique de l'Investissement, Dominic Johnson.
La réalité est que l'enquête anti-subventions n'apportera pas de bénéfices réels et que la coopération Chine-UE dans le domaine des VE constitue la tendance générale. L'UE a bénéficié de sa coopération avec la chaîne industrielle chinoise des VE, tant en termes de ventes de modèles que de développement dans ce domaine.