(Avis d'invités) La Chine : un puissant moteur du commerce et du développement mondiaux
Il y a 60 ans, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a vu le jour. Engagée dans la promotion du commerce et de l'économie de tous ses Etats membres, notamment des pays en développement, la CNUCED a joué un rôle majeur au cours des six décennies écoulées, un rôle d'autant plus important que le monde est confronté à de multiples défis : morosité de la reprise économique, enchaînement des crises régionales, montée de l'unilatéralisme et du protectionnisme, changement climatique... Face à ces bouleversements, la Chine a toujours été un moteur précieux pour le commerce et le développement mondiaux.
Malgré la rupture avec une croissance à deux chiffres en raison de la restructuration économique, un choix de lucidité, l'économie chinoise a continué de contribuer à hauteur de 30% à la croissance mondiale depuis de nombreuses années. En 2023, elle a été à l'origine de 14,2% des exportations mondiales et la destination de 10,6% des importations mondiales. En ce qui concerne l'industrie manufacturière, environ 30% des valeurs ajoutées nouvellement créées au monde proviennent de la Chine.
Pour les Chinois, les promesses sont faites pour être honorées. Le niveau global des droits de douane de la Chine est tombé à 7,3%, un taux inférieur à son engagement de 9,8% pris lors de son adhésion à l'OMC et proche du niveau des pays développés. Déjà principal partenaire commercial de plus de 140 pays et régions, elle continue d'élargir son ouverture de haut niveau, condition qu'elle considère comme sine qua non pour sa modernisation. Voici les preuves : 24 mesures politiques adoptées par le gouvernement central visant à améliorer le climat d'affaires, 239 nouveaux articles ajoutés au Catalogue des industries encouragées pour les investisseurs étrangers, initiatives incitatives pour les capitaux étrangers au niveau local...
Ces efforts ont porté des fruits : la Chine demeure l'eldorado des investisseurs du monde, avec une somme totale de plus de 1.100 milliards de yuans RMB d'investissements étrangers effectivement utilisés en 2023. Rien que pour les quatre premiers mois de 2024, on a compté 16.000 entreprises aux capitaux étrangers installées sur le sol chinois. A cet égard, les paroles du président chinois Xi Jinping sont bien révélatrices : "Privilégier la circulation intérieure ne signifie pas que l'on se referme sur soi. Au contraire, cela vise à renforcer la connectivité entre les marchés intérieur et extérieur, à en mieux valoriser les ressources et à parvenir enfin à un développement plus solide et plus durable en tirant le meilleur parti du potentiel de la demande intérieure". L'ouverture de haut niveau, loin d'être un choix imposé, est une décision consciente et autonome, motivée par la nécessité de réaliser un développement de qualité et de mieux contribuer à la croissance mondiale.
L'ouverture de haut niveau se traduit également par la montée en gamme des produits chinois exportés qui répond bien à la notion des "forces productives de nouvelle qualité", dont le simple nom évoque la volonté d'une optimisation qualitative de l'économie. Le pari est plutôt réussi, quand on voit l'émergence triomphale du "nouveau trio" sur le marché mondial, à savoir voitures électriques, batteries à lithium et produits photovoltaïques.
Pourtant, ces produits font aujourd'hui l'objet d'une accusation de "surcapacité", une accusation peu fondée, sachant que d'après les chiffres de l'Agence internationale de l'Energie, la demande mondiale pour les véhicules à énergie nouvelle atteindrait 45 millions d'unités en 2030, soit 4,5 fois plus qu'en 2022, et celle pour la puissance photovoltaïque installée, 820 gigawatts, soit environ quatre fois plus qu'en 2022. La "surcapacité" est une question qui ne se pose même pas quand on voit cette énorme demande potentielle. Au contraire, ces produits chinois permettront à plus de consommateurs d'avoir un accès abordable, fiable et soutenable à des énergies nouvelles et à plus de pays de réussir leur développement vert.
Du point de vue de la théorie de la division du travail, la capacité de production d'un pays est déterminée par ses avantages comparatifs et sa position dans la division internationale du travail. Sur fond de mondialisation économique, il est naturel que pour un secteur précis, les capacités de production se concentrent dans des pays compétitifs, d'où la nécessité du commerce international. Il s'agit donc d'un résultat de la loi du marché et non d'une manipulation artificielle. De plus, on se pose la question de savoir si ceux qui collent l'étiquette de "surcapacité" à la Chine devraient aussi la mettre aux puces électroniques américaines, aux voitures de grandes marques allemandes de même qu'aux appareils d'Airbus et de Boeing. Les véhicules de Volkswagen qui représentaient autrefois une part de marché de 20% en Chine n'ont jamais été considérés comme un exemple de "surcapacité", mais un symbole de qualité qui inspire le goût de l'excellence et les efforts d'innovation.
Le succès chinois s'explique aussi par un investissement colossal dans l'innovation. Prenons l'exemple du groupe BYD, fleuron de l'industrie automobile électrique. L'entreprise a investi au total 140 milliards de yuans RMB dans la R&D, et ce chiffre a atteint 10,61 milliards pour le premier trimestre de 2024, soit deux fois plus élevé que son bénéfice net, battant un nouveau record dans l'histoire du groupe. Cette compétitivité n'a rien à voir avec les "subventions d'Etat", contrairement à ce que dénoncent certains pays occidentaux qui, paradoxalement, n'ont pas hésité à adopter des mesures protectionnistes comme la loi sur la réduction de l'inflation. Cette approche sélective vise en effet à préserver leurs intérêts hégémoniques et à ralentir le développement de la Chine, dont la montée en puissance est perçue comme une menace potentielle pour des raisons idéologiques. Les conséquences de ces calculs géopolitiques sont en réalité payées par de simples consommateurs. Selon les estimations du FMI en 2019, les tarifs douaniers supplémentaires contre la Chine ont provoqué pour chaque ménage américain une augmentation de 831 dollars des dépenses annuelles.
Le soixantenaire de la CNUCED est d'autant plus significatif que dans le contexte, les questions commerciales sont de plus en plus politisées et abordées sous le prisme idéologique. Le commerce, qui était autrefois un propulseur puissant du développement mondial, doit continuer de l'être dans l'avenir. Dans un monde agité, nous sommes tous à bord du même bateau. Le temps est venu de rejeter les préjugés et les calculs mesquins, de faire preuve de largeur d'esprit et de ramer ensemble vers un meilleur avenir. La Chine sera toujours prête à y contribuer. Fin
(Yi Da est un spécialiste en relations internationales basé à Beiji