La santé de l'économie chinoise a des retombées très positives sur le reste du monde, affirme la directrice générale du FEM
Le Forum économique mondial (FEM) avertit dans un nouveau rapport publié mercredi avant sa réunion annuelle à Davos, en Suisse, que la désinformation constitue le plus grand risque à court terme, alors que les conditions météorologiques extrêmes et les changements critiques dans les systèmes terrestres constituent les plus grandes préoccupations à long terme pour le monde.
"Le Rapport sur les risques mondiaux 2024" du FEM, basé à Genève, indique que les cinq principaux risques au cours des deux prochaines années sont la désinformation, les événements météorologiques extrêmes, la polarisation sociétale, la cybersécurité et les conflits armés interétatiques. Sur une période de dix ans, les risques les plus importants sont les événements météorologiques extrêmes, les changements critiques dans les systèmes terrestres, la perte de biodiversité et l'effondrement des écosystèmes, la pénurie de ressources naturelles, ainsi que la désinformation.
APPELS À LA COOPÉRATION INTERNATIONALE
Le rapport, réalisé en partenariat avec Zurich Insurance Group et Marsh McLennan, s'appuie sur les points de vue de plus de 1.400 experts en risques mondiaux, décideurs politiques et leaders de l'industrie interrogés en septembre 2023. Il insiste sur la nécessité d'une coopération et de partenariats accrus à l'échelle mondiale pour faire face aux plus grands risques de la planète. Il recommande des mesures telles que le renforcement de la résilience des individus et des États grâce à des campagnes d'éducation numérique sur la désinformation, ou la promotion d'une plus grande recherche et développement sur la modélisation et les technologies climatiques, avec un rôle à jouer par les secteurs public et privé.
Dans une interview accordée à Xinhua à l'issue d'une conférence de presse à Londres, Saadia Zahidi, directrice générale du FEM, a déclaré : "Il est très important que les derniers accords de la COP28 soient mis en oeuvre. Nous avons également constaté de nombreux progrès en matière d'intelligence artificielle, même si certaines de ces mesures ont été prises par différents pays à différents stades. Il est toujours très important que les gouvernements commencent à le faire."
"L'autre message important est que de nombreuses actions sont possibles au niveau local. De nombreuses actions sont entre les mains des citoyens et des individus. Il ne suffit pas d'accords entre 200 gouvernements pour faire face à certains de ces risques", a-t-elle poursuivi.
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES
Le rapport met en avant que les années à venir seront marquées par une incertitude économique persistante et des fractures économiques et technologiques croissantes.
Selon les Perspectives de l'économie mondiale publiées en octobre par le Fonds monétaire international (FMI), la reprise mondiale reste lente, avec des divergences régionales croissantes et une faible marge d'erreur politique.
La prévision de base prévoit un ralentissement de la croissance mondiale, passant de 3,5% en 2022 à 3% en 2023 et à 2,9% en 2024. Les économies avancées devraient ralentir de 2,6% en 2022 à 1,5% en 2023 et 1,4% en 2024. Dans le même temps, les marchés émergents et les économies en développement devraient connaître un léger ralentissement de leur croissance, passant de 4,1% en 2022 à 4 % en 2023 et 2024.
Interrogée sur les perspectives économiques de la Chine, Mme Zahidi a déclaré : "L'incertitude est le mot clé pour la plupart des économies du monde, y compris la Chine. Ce qui est positif, c'est que la Chine est l'une des très rares grandes économies au monde à ne pas lutter contre l'inflation, à ne pas lutter actuellement contre des taux d'intérêt très élevés."
"Les mesures prises par les dirigeants chinois commencent à fonctionner et à porter leurs fruits, qu'elles soient davantage axées sur le secteur manufacturier, qu'elles soient davantage axées sur les technologies vertes, qu'elles veillent à une reprise du commerce", a noté la directrice générale du FEM.
"La Chine est l'une des économies clés du monde et la santé de cette économie a donc des retombées très positives sur le reste du monde", a-t-elle ajouté.
Le FEM entretient des relations continues et de longue date avec la Chine, a-t-elle affirmé. "Nous avons été très heureux l'année dernière d'être parmi les premiers grands événements internationaux à revenir en Chine, avec la réunion annuelle des nouveaux champions. Maintenant, nous sommes très heureux d'y retourner, c'est un événement annuel. Nous y retournerons en 2024", s'est félicitée Mme Zahidi.
"Nous espérons réaliser davantage de collaborations public-privé en Chine. Nous avons beaucoup collaboré sur la nature, le climat et le système financier et monétaire, et nous espérons pouvoir faire beaucoup plus", a-t-elle dit.
RECONSTRUIRE LA CONFIANCE
Le rapport du FEM précède sa 54e réunion annuelle à Davos, station de ski suisse et ville la plus haute d'Europe, qui se tiendra du 15 au 19 janvier. Ayant pour thème "Reconstruire la confiance", la réunion annuelle rassemblera plus de 2.800 dirigeants de 120 pays dont plus de 60 chefs d'État et de gouvernement. Plus de 300 personnalités publiques y seront attendues cette année.
Interrogée sur l'importance du sujet de cette année, Mme Zahidi a souligné : "Nous constatons une fracture de la confiance partout dans le monde. Nous assistons à un schisme entre le Nord et le Sud. Nous constatons des inquiétudes concernant la polarisation sociétale croissante au sein des sociétés. Nous sommes confrontés à des difficultés économiques, en même temps dans différents pays."
"Il est très important que nous ne nous contentions pas de rétablir la confiance les uns avec les autres, et c'est pour cela que nous fournissons une plate-forme permettant de rassembler différents dirigeants mondiaux. Mais ensemble, ils finissent par développer une vision suffisamment positive pour que les sociétés recommencent à avoir confiance en leur avenir", a-t-elle conclu.