Les droits de douane de l'UE sur les VE chinois sont défavorables à ses objectifs climatiques
Le plan de la Commission européenne d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques (VE) chinois constitue un exemple de protectionnisme à courte vue, qui devrait entraver la croissance des énergies propres de la région et aller à l'encontre de ses objectifs climatiques.
Le choix d'imposer de lourdes restrictions sur les produits énergétiques propres a été fait en dépit de l'engagement ambitieux de l'Union européenne (UE) de réduire les émissions d'au moins 55% d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990, et de passer à une norme zéro émission pour toutes les voitures et camionnettes nouvellement immatriculées d'ici 2035.
Contrairement aux Etats-Unis, qui sont un exportateur de pétrole, l'UE est aux prises avec une dépendance précaire à l'égard de l'approvisionnement en combustibles fossiles et a un besoin urgent d'une réforme de son secteur énergétique.
Une analyse de 2022 menée par l'Université de Leiden a souligné l'urgence pour l'UE d'accélérer l'abandon progressif des véhicules à moteur à combustion interne et de passer plus rapidement à l'e-mobilité, afin d'atteindre son objectif d'émissions de carbone pour 2030.
L'UE travaille également sur une nouvelle législation pour atteindre un objectif de neutralité climatique d'ici 2050 afin de respecter ses engagements en matière d'atténuation du changement climatique dans le cadre de l'Accord de Paris.
Toutefois, le résultat direct des droits de douane punitifs est que les consommateurs européens risquent de voir diminuer l'offre de véhicules abordables à énergie propre, produits à la fois par les constructeurs automobiles chinois et européens.
Aujourd'hui, la plupart des grands constructeurs automobiles européens se sont connectés à la chaîne industrielle chinoise des VE, accédant ainsi à un large éventail de composants automobiles rentables, de batteries de haute qualité et de systèmes intelligents à la pointe de la technologie.
Au sein de cet écosystème, Volkswagen a continué d'accroître ses investissements dans son usine de Hefei afin de renforcer ses capacités de recherche et de développement, tandis que BMW exporte sur le marché européen le SUV tout électrique iX3, fabriqué à Shenyang, ville du nord-est de la Chine.
La Chine favorise un écosystème innovant et dynamique en matière d'énergie propre qui profite non seulement aux fabricants chinois de VE, mais aussi à leurs homologues européens. Les récompenses sont réciproques.
Les mesures d'incitation industrielle sont une pratique internationale largement acceptée et sont autorisées par l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), à condition qu'elles respectent les principes de non-discrimination.
"C'est l'économie de marché. Laissez la concurrence jouer", a déclaré Ola Kallenius, président du conseil d'administration du groupe Mercedes-Benz. Ses remarques ont trouvé un écho dans la position collective des constructeurs automobiles européens, à savoir que le protectionnisme est une stratégie à courte vue qui risque d'étouffer le dynamisme du marché des technologies propres.
Les succès de ces géants de l'automobile ont montré que la concurrence était un puissant catalyseur pour l'innovation technologique en cours.
La concurrence peut également stimuler l'efficacité opérationnelle, réduire les dépenses et favoriser l'investissement continu dans les infrastructures, créant ainsi de nouveaux emplois et alimentant un potentiel de croissance plus large.
Un marché léthargique, entravé par des politiques restrictives, découragera à son tour l'afflux de capitaux, l'innovation et l'emploi qu'un secteur en plein essor pourrait autrement générer.
De toute évidence, des droits de douane plus lourds, au lieu de créer des conditions de concurrence équitables, détruiront ce paysage concurrentiel mutuellement bénéfique, ralentissant ainsi véritablement les progrès de l'UE vers un avenir plus vert.
Les leçons de l'histoire ne sont pas lointaines. La décision de l'UE d'imposer des mesures anti-subventions contre les panneaux, les plaquettes et les cellules solaires chinois en 2013 s'est avérée inefficace et a été abandonnée depuis 2018.
Cette pratique d'isolement du marché a entraîné un déclin des installations des cellules solaires sur le continent. Le chiffre d'affaires de l'industrie solaire photovoltaïque au sein des membres de l'UE a chuté de près de 21,3 milliards d'euros en 2013 à seulement 11,2 milliards en 2017, selon les statistiques.
La croissance de l'énergie solaire en Europe a été "lamentable" au cours de ces années, en partie à cause de ces droits, a confié Stephan Singer de Climate Action Network International. Même la Commission européenne a admis que l'abrogation était dans son intérêt. Le scénario sera similaire en ce qui concerne les taxes sur les VE.
La recherche d'une énergie durable s'est révélée être un puissant moteur favorisant la croissance des relations commerciales entre la Chine et l'Europe au cours des dernières années.
S'appuyer sur une chaîne d'approvisionnement mondial des VE sert mieux les intérêts de l'UE. L'intention de la Commission européenne d'ériger de nouveaux obstacles risque de réduire à néant les progrès réalisés jusqu'à présent.
Un ancien proverbe chinois dit : "ne laissez pas votre pastèque s'échapper en essayant de ramasser une graine de sésame", mettant en garde contre la folie qui consiste à s'accrocher à des gains mineurs tout en négligeant des avantages substantiels et durables. Certains hommes politiques de l'UE semblent suivre une voie similaire.
Dans leur quête de gains politiques immédiats, ces hommes politiques ont choisi d'ignorer les intérêts à long terme des Européens.
Néanmoins, ils sont destinés à payer pour ces manoeuvres à courte vue lorsque le peuple européen connaîtra la vérité de ces spectacles politiques et le préjudice causé à leurs intérêts à long terme.