L'exploration en Chine d'une grotte "qui se défend" est "un jeu passionnant" pour un spéléologue français

"Le réseau de grottes de Shuanghe reliées entre elles mesure 409,9 km, battant un record", déclare le spéléologue français Jean Bottazzi, "l'exploration est un processus continu, et il y a ici des valeurs difficiles à trouver ailleurs dans le monde".

En 1986, invités par l'Académie des sciences de Chine, M. Bottazzi et cinq autres Français se sont rendus à Zhijin, district de la province chinoise du Guizhou (sud-ouest) pour y pratiquer la spéléologie. C'était le début de son "complexe chinois".

"Alors, nous avions une question : quelles sont les limites dans lesquelles la grotte va pouvoir s'étendre ?", indique le spéléologue français, lors d'une récente interview accordée à l'Agence de presse Xinhua. "C'est pourquoi sept explorateurs français et belges viennent pour participer avec moi au programme d'exploration cette année."

"Au début, on avait une idée, parce qu'on voyait sur la carte des espèces de grandes failles. Ca n'ira jamais de l'autre côté, on disait, malheureusement, puisque là, on dirait qu'il peut y avoir beaucoup de grottes", juge-t-il.

"Mais, on a trouvé une branche qui passe un tout petit peu cette ligne-là. Donc, pour nous, c'est une grande excitation. Une grande question, est-ce que cette petite branche qui passe cette ligne, c'est le signe que finalement cette frontière n'existe pas", note le Français. "Ca ouvrirait un potentiel pour l'avenir. Et il faut qu'on accentue toutes nos recherches autour de cette ligne et qu'on cherche par tous les moyens à la franchir."

A la suite d'une vingtaine de jours d'exploration au Guizhou, les explorateurs ont révélé que la grotte de Shuanghe, la plus longue grotte d'Asie jusqu'à présent, mesurait 409,9 km de long et atteignait une profondeur de 912 mètres. Cette grotte est ainsi la troisième plus longue du monde.

L'équipe d'expédition à laquelle participaient ces huit spéléologues a également découvert des fossiles paléontologiques et des reliques géologiques.

"Alors déjà, c'est une grotte intéressante qui, on va dire, se défend", note M. Bottazzi. "Elle ne délivre pas tous ses secrets d'un seul coup. Donc, le jeu est passionnant, complètement passionnant."

D'après lui, "on a déjà franchi des limites. On a notre grand réseau et puis on explore d'autres entrées et d'autres cavités et on essaie de trouver le moyen de les faire se rejoindre."

"Parfois, on renonce, parce que les règles de découverte ne sont absolument pas standards", explique cet expert. "La plupart des grottes s'explorent, par exemple, de haut en bas. On va faire ça de haut en bas, et puis il faut remonter, reprendre à gauche, redescendre... on se promène dans les trois dimensions."

"Il faut connaître les règles de formation des grottes, mais il ne faut pas jouer la même carte à tous les coups. Ce n'est pas toujours la même carte qui cogne. Il faut envisager des choses qu'on n'a pas l'habitude d'envisager. C'est rafraîchissant", affirme M. Bottazzi.