Des robots aux paons, l'évolution des usines chinoises
Des robots qui prennent le contrôle, des lumières éteintes, des paons se promenant sans rien faire. Voilà les usines dont nous parlons en Chine.
L'adoption des technologies avancées telles que les robots, l'intelligence artificielle (IA), l'Internet industriel et le big data transforme les environnements traditionnels des usines. L'impression désuète des usines avec des machines rugissantes et des conversations bruyantes s'estompe progressivement.
Dans une usine numérique de la Shanghai Automotive Industry Corporation, plus de 400 robots travaillent sans relâche, une nouvelle voiture sortant de la chaîne d'assemblage toutes les 70 secondes environ.
Grâce à la technologie de reconnaissance d'images, un robot d'assemblage de carrosserie peut trouver avec précision les moteurs correspondants pour les différents modèles. Dans le même temps, un robot de montage de pneus peut achever l'assemblage des quatre pneus d'une voiture par lui-même.
Ici, le processus complexe ne nécessite pas d'intervention manuelle, et une seule ligne d'assemblage peut réaliser la production mixte de plusieurs modèles.
Shanghai est la première ville chinoise à comptabiliser la densité de robots, soit le nombre de robots pour 10.000 employés. A l'heure actuelle, la densité de robots des principales entreprises industrielles de Shanghai a atteint 426 unités, ce qui la place en tête au niveau international.
Selon un plan d'action publié par le gouvernement central en 2023, d'ici 2025, la densité de robots dans le secteur manufacturier chinois doublera par rapport à 2020. A Shanghai, la densité de robots dans les principales industries atteindra 500 unités en 2025.
Dans l'usine de robotique JAKA, basée à Shanghai, des rangées de grands et petits robots aux fonctions diverses sont présentes afin d'appliquer de la colle sur des écouteurs Bluetooth, de souder des automobiles, ou encore de nettoyer des appareils astronomiques de très grande taille, entre autres.
"Grâce à l'IA et au big data, la perception intelligente, la planification des trajectoires, la précision opérationnelle, et la capacité d'interaction de nos robots sont constamment optimisées", s'est félicité Li Mingyang, président de JAKA.
Entrer dans l'atelier de laminage à froid de Baosteel, à Shanghai, c'est comme pénétrer dans une sombre jungle d'acier.
Le "cerveau de l'IA" soutient la salle de contrôle principale avec seulement trois opérateurs. Les robots ayant remplacé le travail manuel dans l'atelier, les lumières sont souvent éteintes pour économiser l'énergie. Même les panneaux automobiles qui requièrent des processus très complexes peuvent être produits sans problème et presque sans éclairage.
En tant qu'"usine du monde", la Chine a été le plus grand marché mondial pour les robots industriels pendant dix années consécutives, et sa part de la capacité installée mondiale est passée de 14% en 2012, à 52% en 2022.
Baosteel a même construit un zoo non loin de l'usine, où vivent des paons et des cerfs sika. Ces animaux sensibles à l'environnement sont les meilleurs témoins de tout changement de l'environnement autour de l'usine.
Les aciéries, autrefois profondément liées à la "pollution", sont devenues l'avant-garde de la fabrication écologique.
Baosteel a créé une plate-forme intelligente de données sur le carbone qui comprend la comptabilité carbone, les actifs carbone et l'empreinte carbone, de sorte que chaque produit sidérurgique fourni aux utilisateurs en aval dispose d'une "trace carbone" à suivre.
En mars, le premier lot de produits en acier au silicium à faible émission de carbone de la Chine y a été produit. En réduisant la consommation de matières premières telles que le minerai, le charbon et le coke dans le processus de fusion, l'empreinte carbone des produits a été réduite.
"D'ici 2025, nous aurons la capacité technique de réduire les émissions de carbone de 30%, et nous envisageons d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050", a déclaré Liu Shijun, directeur général adjoint du centre d'opérations de Baosteel.