Un colloque sino-français au musée Guimet pour promouvoir le rapprochement entre le public et l'exposition des arts asiatiques
Dans le cadre de l'année "Guimet Chine 2024", le musée Guimet a organisé samedi 8 juin dans son auditorium un colloque baptisé "Exposer les arts asiatiques : nouvelles perspectives franco-chinoises". Durant la journée, des directeurs de musées français et chinois ont pu échanger lors de quatre tables rondes sur les enjeux concernant l'exposition d'oeuvres d'Asie dans les musées et leurs solutions, avec l'objectif d'éclairer les professionnels et passionnés du monde des musées.
"Ce dialogue entre les musées chinois et les musées français est un dialogue très intéressant", s'est félicitée la présidente du musée Guimet, Yannick Lintz, lors de son discours introductif dans la matinée. Elle a rappelé que la Chine d'aujourd'hui comptait plus de 6.000 musées à travers le pays avec une capacité à faire des musées qualifiée d'"admirable", tandis que la France est aussi un pays riche en musées. "Ce dialogue franco-chinois s'inscrit dans la célébration du 60e anniversaire des relations entre la France et la Chine, et j'aime cette idée du dialogue et de la réflexion partagés à l'heure où l'on aime tellement opposer l'Est et l'Ouest", a-t-elle poursuivi.
RENDRE L'ART ATTRACTIF POUR LE GRAND PUBLIC
La matinée était articulée autour du thème "Des expositions pour tous : nouvelles approches curatoriales". La première table ronde a réuni trois intervenantes venant des musées de Shanghai, de Hong Kong et de Paris pour discuter des nouvelles manières de raconter l'histoire dans les musées, notamment d'attirer l'attention et la curiosité de publics différents. Elles se sont accordées sur l'importance d'une narration adaptée au public visé et de la mise en relation entre des objets anciens et la vie moderne.
Les échanges ont ensuite porté sur le lien entre les oeuvres et les explications à destination du public, ainsi que sur la mise en place de dispositifs pour mieux comprendre l'origine et le contexte des oeuvres. Cela concerne notamment les visiteurs n'ayant pas forcément de formation sur l'histoire de l'Asie et qui viennent visiter le musée Guimet, le plus grand musée d'art asiatique en Europe.
Anne Yanover, directrice de la programmation et du public du musée Guimet, a présenté le nouveau projet "Guimet +", qui va associer des oeuvres originales et des dispositifs de médiation dans un parcours d'exposition spécifique. Celui-ci sera déployé simultanément dans différentes régions de France pendant quatre ans pour "favoriser l'engagement d'un public non connaisseur des cultures asiatiques" grâce à une introduction qui liera des exemples du quotidien ou de la culture populaire à des références patrimoniales.
Après une pause déjeuner, une autre table ronde a permis de mettre en valeur les collections permanentes de quatre musées. Chen Bin, directeur adjoint du Musée du Hunan, a montré au public quelques photos des collections du plus grand musée de cette province, qui rassemble 570.000 oeuvres relevant de domaines tels que la calligraphie et la peinture.
Il a insisté sur la dimension pédagogique de son musée, une "salle de cours au grand public" en matière d'éducation muséale. Zhao Zhiming, directeur du Musée du Shanxi, a également présenté son institution, conçue comme un lieu d'éducation avant tout et dont le bâtiment a été conçu par un architecte français en collaboration avec un cabinet d'ingénieurs chinois. Il a mis en lumière l'expertise technologique déployée pour accroître l'interactivité avec le public, comme les codes QR déclenchant des explications sur les oeuvres, le braille et les visites en réalité virtuelle.
LE MUSEE, UNE EXPERIENCE SENSORIELLE
La dernière table ronde, "Une expérience inoubliable : le musée de tous les sens" a porté sur l'expérience du musée, notamment dans le rapport du visiteur à la nourriture, aux expériences sensorielles et à la participation créative.
La dimension numérique est un lieu d'implication du public, mais il ne doit pas être le seul support de participation. Yu Zhuang, directeur adjoint du Département numérique et information du musée du Palais à Beijing, a présenté ce musée comme un écosystème rare dans lequel la présence d'animaux au coeur de la capitale chinoise, en particulier d'oiseaux, est largement appréciée des visiteurs. Certains d'entre eux viennent au musée en costumes de l'époque Qing et s'impliquent personnellement dans leur visite.
Guo Chunyuan, directrice adjointe du Musée de Zhengzhou, a mis l'accent sur le rôle de trait d'union de l'empathie dans la mise en relation du public et du musée. D'après elle, le musée pourrait inviter le public à s'engager dans la conception d'une exposition. Pour célébrer l'année du Dragon 2024, son musée a organisé ce printemps une exposition de papier découpé avec les oeuvres créées par les habitants de la province, ce qui a mis le public au coeur de l'exposition et suscité ainsi un certain attachement du public au musée.
Mme Lintz a conclu le colloque en encourageant la coopération internationale pour promouvoir l'art asiatique et développer la curiosité des visiteurs, qui sont les acteurs du rayonnement et de l'attractivité des musées. Ce partage stimulant d'expériences diverses a permis aux auditeurs d'apprécier une réflexion originale sur l'expérience muséale.