Buzz : Des Internautes chinois provoquent le gouvernement en contournant la censure
Le clip vidéo d'une chanson enfantine sur l'air musical des schtroumpfs et parlant à première vue de la vie des alpagas, une race de lama, fait actuellement le buzz en Chine.
Le clip raconte l'histoire d'alpagas qui vivaient tranquillement dans le désert de Male-Gobi jusqu'à ce que des crabes d'eau douce viennent mettre en danger leurs terres ; c'est alors qu'ils se sont opposés à eux jusqu'à leur disparition :
« Il existe un troupeau d'alpagas,
Dans le beau et sauvage désert de Male-Gobi.
Vifs et intelligents,
Ils aiment s'amuser et sont agiles.
Ils vivent librement dans le désert de Male-Gobi.
Ils sont courageux, tenace, et surmontent l'environnement hostile.
Oh ! Alpagas couchés,
Oh ! Alpagas cavalants !
Ils ont battu les crabes de rivière afin de protéger leurs terres,
Et les crabes ont à jamais disparu du désert de Male-Gobi. »
A la lecture au premier degré de cette vidéo, on pourrait passer à côté du véritable message des réalisateurs qui ont voulu, semblerait-il, démontrer qu'il est possible en Chine de critiquer le gouvernement chinois en contournant la censure.
Il existe en effet dans la langue chinoise, d'innombrables possibilités de faire des jeux de mot grâce aux homophones, et c'est ainsi qu'on peut trouver un message caché dans cette vidéo.
"Alpaga" 草 泥 马 en chinois se prononce "Cao Ni Ma", proche de 肏 你 妈 qui signifie ni plus ni moins que "nique ta mère".
La chanson fait également référence au désert Male-Gobi 马 勒 戈 壁 qui se prononce, "Ma Le Ge Bi" proche de 妈了 个 屄 , qui signifie "sexe de ta mère".
Les illusions continuent avec les crabes d'eau douce 河 蟹, "He Xie" en chinois, tout comme le mot "harmonie" 和 谐 faisant référence à censure du gouvernement visant à aboutir à une "société harmonieuse".
On peut donc comprendre que les alpagas vivant en liberté représentent les internautes chinois, et les crabes, la censure chinoise. Et ces internautes comptent bien venir à bout de la censure notamment de la pornographie sur le web en Chine
Le gouvernement chinois face à cette provocation embarrassante ne dispose d'aucun moyen d'arrêter la diffusion exponentielle de la vidéo car le texte brut n'a rien de contestataire.
Cette affaire démontre l'incapacité du gouvernement à contrôler totalement l'énorme flux d'information circulant sur la toile.
Wang Xiaofeng, journaliste et blogueur habitant à Pékin, a déclaré dans une interview que le petit animal illustre bien la futilité de la censure. « Lorsque les gens ont des sentiments ou des émotions qu'ils veulent exprimer, ils ont besoin d'un espace, d'un canal ; C'est comme le débit de l'eau : si vous bloquez un sens, il coule dans d'autres directions ou déborde » , a-t-il dit.
À la mi-février, dans son "effort d'harmoniser la toile", le gouvernement avait bloqué plus de 1900 sites Web et 250 blogs chinois pornographiques ou abordant des questions sensibles et politiques.
La Rédaction