04/05/2011 à 01:00 - D'où viennent nos propres maux ?
Avant de défendre corps et armes les «valeurs sacrées» et les fourguer aux chinois, tels que l'entendent certains dans ce Forum, peut-on poser la question : d'où viennent nos propres maux ?
Un article éclairant : «Marcel Gauchet, le fossoyeur des illusions» ( http://www.polemia.com/article.php?id=774 )
Voici quelques extraits :
«L'analyse livrée dans "La démocratie contre elle-même" débouche inéluctablement une question essentielle, mais délicate car politiquement très incorrecte : les droits de l'homme conçus comme l'alpha et l'omega de toute politique n'ont-ils pas pour conséquence l'évanouissement des valeurs essentielles et l'oubli des comportements collectifs, sans lesquels les hommes perdent leur identité et leurs repères ? Avec la réification croissante, c'est également l'angoissante confrontation avec la question du pourquoi existentiel qui ressurgit. »
«Du premier chapitre - "les droits de l'homme ne sont pas une politique" - au dernier - "quand les droits de l'homme deviennent une politique" - sa "démocratie contre elle-même" constitue une vigoureuse mise en garde contre l'instauration d'un nouveau mode d'organisation sociétale - et surtout de domination - à l'échelle planétaire. La sacralisation de l'individu-roi par le biais pervers de l'idéologie des droits de l'homme a changé fondamentalement la nature des rapports sociaux : "Le sacre des droits de l'homme est à coup sûr le fait idéologique et politique majeur de nos vingt dernières années. Il résume le triomphe des démocraties ; il condense les transformations qui ont accompagné la pénétration de leurs principes ; il ramasse leurs incertitudes nouvelles".»
«Avant, le collectif était premier, allant parfois jusqu'à effacer l'individu. Désormais, la proposition s'est inversée. Dépourvues de projets collectifs, nos sociétés ne se voient plus que comme une simple juxtaposition d'individus-rois, assistés, déresponsabilisés, détenteurs de tous les droits. Dès lors, une démocratie réduite aux seuls droits de l'homme assume-t-elle encore sa vocation politique de cohésion du corps social ? La réponse est claire : non.»
«Ce qui est terrible, et bien souligné dans son livre d'entretiens, c'est que "nous renouons avec la croyance que c'est le mouvement spontané des échanges économiques qui explique le dynamisme social ; le politique est ainsi évacué de la scène visible. Mais c'est plus que jamais une illusion : ce n'est pas l'économie qui assure la cohésion de nos sociétés qui ne croient qu'à l'économie ! D'où l'espèce de schizophrénie où elles s'enfoncent quant aux conditions de leur fonctionnement".»
Lire les oeuvres de Marcel Gauchet, c'est encore plus éclairant.
Dernière édition : 04/05/2011 01h12