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Pour "L'Angélus" de Millet, l'heure du départ pour Shanghai a sonné


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20/04/2010 à 05:08 - Pour "L'Angélus" de Millet, l'heure du départ pour Shanghai a sonné
Sept chefs d'oeuvre du musée d'Orsay, dont l'emblématique "Angélus" de Millet, ont été mis en caisse lundi avec d'infinies précautions et sont désormais prêts à s'envoler pour l'Exposition universelle de Shanghai où ils représenteront la France. Si le ciel le permet.

En principe six tableaux et une sculpture doivent partir en fin de semaine pour Shanghai, sur des vols réguliers et séparés. A moins que les perturbations du trafic aérien, engendrées par l'éruption du volcan islandais n'obligent à différer leur départ.

L'Exposition universelle de Shanghai ouvrira ses portes au public le 1er mai, pour six mois. Cent millions de visiteurs (à 95% Chinois) sont attendus pour cette manifestation.

Des chefs d'oeuvre des peintres Jean-François Millet, Edouard Manet, Vincent Van Gogh, Paul Gauguin, Paul Cézanne, Pierre Bonnard et du sculpteur Auguste Rodin ont été retenus pour être les ambassadeurs culturels du Pavillon français.

"Ils témoignent de la vitalité de la création en France dans la seconde moitié du XIXe siècle", explique à l'AFP Guy Cocheval, président du musée d'Orsay, qui a supervisé le décrochage des tableaux.

"L'Angélus" (1857-1859) de Millet, qui représente un couple de paysans recueillis pour leur prière du soir en plein champ, a déjà participé à l'Exposition universelle de 1867 à Paris.

Une fois sa vitre protectrice retirée, le fameux tableau fait l'objet d'un constat sur son état, pour des questions d'assurance. "Je vérifie la couche picturale, si il n'y pas de soulèvement de peinture, si le cadre est intact", explique Philippe Saunier, conservateur au musée d'Orsay. C'est lui qui sera chargé d'accompagner la toile à Shanghai et de dresser un constat sur son état à l'arrivée.

Le tableau est ensuite décroché très délicatement par des agents aux mains gantées, d'une société spécialisée dans le transport des oeuvres d'art.

Ils emmaillotent avec soin le tableau puis le déposent dans une caisse en bois construite spécialement.

Recouverte de plusieurs couches de mousse protectrice, la caisse, isotherme, maintient une température constante et un taux d'humidité stable.

La caisse sera ouverte 48 heures avant l'accrochage de l'oeuvre pour permettre au tableau de s'adapter à son nouvel environnement, dans le Pavillon français construit par l'architecte Jacques Ferrier.

"L'Angélus" est l'"une des dix oeuvres majeures du musée d'Orsay", souligne M. Cocheval, "les visiteurs asiatiques s'arrêtent instantanément devant quand ils visitent le musée".

"C'est un tableau qui résume la France rurale du XIXe siècle, une France catholique, avec son clocher qui sonne l'Angélus", relève M. Saunier.

Lorsqu'une association américaine l'achète en 1889, la perspective de son départ déclenche un émoi national. Le collectionneur Alfred Chauchard le rachète alors pour un somme faramineuse (750.000 francs-or). Vingt ans plus tard, il le lègue au Louvre.

Le musée d'Orsay dépêche également pour Shanghai le "Balcon" (vers 1868) de Manet. Mais aussi "La Salle de danse à Arles" (1888) de Van Gogh, "Le repas" de Gauguin (1891), "La femme à la cafetière" (1890-1895) de Cézanne et "La loge" (1908) de Bonnard.

"L'âge d'airain", un nu masculin de Rodin, est pour ainsi dire un habitué des expositions universelles car il a déjà participé à celles de 1889 et de 1900 à Paris.


Source: AFP
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30/04/2010 à 15:50 - Millet et l'idéologie champêtre à Shanghai
Le choix de l'Angélus de Millet pour représenter l'art français de la deuxième moitié du XIX° siècle à Shanghai me semble très révélateur et, pour tout dire, très regrettable !
Il y a en effet deux Millet : celui qui inquiète, celui qui rassure. Or, si j'en crois l'un des feuilletons que j'ai suivis sur CCTV (Surveillons le bonheur), le Millet qui rassure est aujourd'hui encore en odeur de sainteté en Chine dans l'enseignement universitaire de l'histoire de l'art et il reste un modèle esthétique proposé aux étudiants des Beaux-Arts alors que le Millet qui inquiète passe apparemment aux oubliettes. Il n'est pas du tout étonnant que les visiteurs chinois du Musée d'Orsay s'arrêtent spontanément devant cette oeuvre, tout simplement parce qu'il y a là un phénomène de reconnaissance : on ne reconnaît que ce que l'on connaît déjà ! c'est donc un mauvais argument pour justifier un tel choix.
La réception chaotique des oeuvres de Millet en leur temps témoigne des contradictions qui traversaient l'oeuvre du peintre. Tantôt, comme le critique du Figaro qui, en 1857, voyait "se préparer les émeutes et se profiler les échafauds de 1793" dans Les Glaneuses, on fustigeait alors les "épouvantails" que l'on voyait dans ses porteuses de fagots, on s'inquiétait de cette jacquerie picturale, de cette irruption des damnés de la terre dans le champ de la représentation : cette veine est celle des botteleurs de foin, de la porteuse de fagot et de l'homme à la houe, par exemple. Tantôt on louait sans réserve les toiles édifiantes du peintre ; car Millet idéalise beaucoup de ses modèles : ces paysans-là, grandis par la mise en page, ont le geste hiératique et les plis de leurs lourds vêtements de chanvre semblent sculptés dans la pierre, comme les saints des cathédrales. Tout le monde connaît l'anecdote de l'Angélus : ces paysans courbés sur le panier de pommes de terre qu'ils ont arrachées à la glaise de leur champ à la sueur de leur front et qui remercient Dieu de leur avoir donné ainsi « leur pain quotidien » en entendant l'angélus sonner au clocher de leur église, seraient en réalité penchés sur le berceau de leur enfant mort. L'anecdote, largement répandue, n'est qu'un canular de peintre mais elle est très révélatrice de l'idéologie champêtre de Millet : « Qu'ils moissonnent, qu'ils sèment, qu'ils fassent paître des vaches, qu'ils tondent des animaux, [ses paysans] ils ont toujours l'air de dire : "Pauvres déshérités de ce monde, c'est pourtant nous qui le fécondons ! Nous accomplissons une mission, nous exerçons un sacerdoce !" écrivait Baudelaire. Le temps se fige dans le retour éternellement recommencé des travaux des champs : laborieux et résignés, les paysans de Millet deviennent l'emblème des vertus bibliques et rassurent les nantis qui s'inquiètent des turbulences révolutionnaires de la classe ouvrière qui faisait alors irruption dans l'histoire (1848 était passé par là).
Même si cet arrière-fond chrétien est tout à fait étranger à la Chine, je crois que cette image d'une ancestrale résignation paysanne n'est pas pour déplaire aux autorités chinoises à un moment où les prolétaires de l'Empire du milieu commencent à regimber contre les conditions d'existence qui leur sont faites par un nouveau capitalisme sauvage rebaptisé « communiste ». Pour faire pièce aux grèves, aux manifestations, aux émeutes, pour servir de repoussoir aux « classes dangereuses » de la ville moderne, rien de tel que de vanter l'image « éternelle » du paysan et les valeurs intemporelles de la campagne. Il suffit de se souvenir des festivités du soixantième anniversaire ou du nouvel an pour s'en convainre. Notons d'ailleurs que le pavillon de la Chine, dont le modèle est une ancienne mesure à céréales, est parfaitement en harmonie avec cette idéologie champêtre à la française....
Que le Musée d'Orsay se soit prêté à cette manoeuvre idéologique me semble indigne de ce grand musée et du public chinois qui mériterait bien un effort de pédagogie.
Pourquoi avoir oublié Courbet ou Degas dont le réalisme est d'une tout autre veine ? Aucun nu (féminin) à Shanghai, pourquoi ? Sans parler de L'Origine du monde ou du Sommeil, pourquoi pas l'Olympia ou le Déjeuner sur l'herbe de Manet qui ont fait vraiment scandale de leur temps ? Au lieu de ces oeuvres majeures de Manet, les Chinois verront Le Balcon qui, malgré le vert pomme du balcon et l'irruption du fer forgé dans le tableau, ne témoigne pas clairement de la volonté iconoclaste du peintre ! Les autres oeuvres présentées semblent assagies dans un tel contexte. C'est vraiment dommage mais cela nous rappelle que la méfiance envers les irrévérences de l'art reste très présente dans la société chinoise.


Dernière édition : 30/04/2010 16h18

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Beijing
01/05/2010 à 14:08 - Pour "L'Angélus" de Millet, l'heure du départ pour Shanghai a sonné
Ce que je constate, c'est que le contenu de votre dicours est de dénigrer la France au profit de la Chine.
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01/05/2010 à 16:08 - Vous m'avez mal lue...
Vous m'avez mal lue, Olivier :

laoshi a écrit :
cette image d'une ancestrale résignation paysanne n'est pas pour déplaire aux autorités chinoises à un moment où les prolétaires de l'Empire du milieu commencent à regimber contre les conditions d'existence qui leur sont faites par un nouveau capitalisme sauvage rebaptisé « communiste ».
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