09/02/2011 à 06:32 - Une guerre pour rien
Pour avoir eu 8, 9 et 10 ans à Haiphong, j'ai connu et je connais beaucoup de gens, de toutes nationalités, qui ont subi la guerre d'Indochine. Pour nous, cette guerre a été voulue par la Métropole à la Libération, en 1945-46.
Après des années de résistance commune à l'envahisseur japonais, Hô Chi Minh est venu en France, à la tête d'une délégation pour négocier un accord d'autonomie qui reconduise au minimum la situation validée pendant la guerre. Ca s'est mal passé avec le gouvernement de la France, et c'est de France, par représaille, qu'Hô Chi Minh a donné l'ordre d'attaquer les français vivant à Hanoï. Rappelons que l'Indochine et la France avaient été séparés pendant plusieurs années et que la situation locale, validée par l'amiral Decoux, représentant de la France pendant la guerre mondiale, avaient fait évoluer le régime colonial vers plus d'autonomie. A la libération, les troupes gaullistes ont fait défiler l'amiral Decoux, menotté, dans les rues de Saïgon. Ca a jeté un froid aussi bien chez les français d'Indochine que chez les vietnamiens.
Quand j'étais en 6ème,au lycée de Haïphong qui tenait ses classes dans l'enceinte d'un camp militaire (pour assurer la sécurité des enfants) et que nous jouions à des jeux d'équipe, il y avait 3 possibilités : l'équipe des vietnamiens, l'équipe des français d'Indochine, l'équipe des enfants de militaires français. Il y avait donc toujours une équipe sur la touche, le plus souvent celle des "militaires".
Cela montre déjà une séparation affective du Vietnam et de la Métropole, mais les liens entre vietnamiens et français d'Indochine ont longtemps perduré. Etudiant à Paris, j'ai toujours été invité aux fêtes du nouvel an vietnamien aussi bien par les étudiants du Vietnam Sud que par ceux du Nord.
Il me semble que c'est la guerre du Vietnam, conduite par les américains, qui a progressivement distendu nos liens affectifs et provoqué l'oubli de nos relations amicales. Au point que je ne connais pratiquement plus un mot de vietnamien. Cependant, je vis à Beihai, sur le golfe du Tonkin, à peut-être 200 km de Haiphong.
J'arrête pour ne pas trop abuser de votre patience.