Fête de Qixi (Qiqiaojie)
Les observateurs attentifs auront remarqué que la Chine a plusieurs fêtes à double chiffre, comme le 3 du troisième mois, le double neuf, le 5 du cinquième mois. Le soir du 7 du septième mois lunaire est aussi appelé « Rencontre des étoiles » parce que, selon la légende, les étoiles du Bouvier et de la Tisserande (Vega) se rencontrent sur le pont des pies du fleuve céleste (la Voie lactée). C'est un moment de l'année dédié à l'amour, un peu comme la Saint-Valentin occidentale. Cette nuit-là, les gens restent dehors à contempler le ciel étoilé, agitant un éventail pour se rafraichir. Mais seulement quelques privilégiés peuvent apercevoir, blanche et vaporeuse de lumière éblouissante, la Tisserande qui traverse le fleuve. Si ces privilégiés s'agenouillent et prient pour obtenir la richesse ou pour avoir un garçon, ils verront leur désir se réaliser dans les trois ans.
On dit aussi que quand la Tisserande traverse le fleuve, les portes du ciel demeurent ouvertes ; si quelqu'un lance une pierre vers le ciel, elle retombera sur terre changée en or.
Il existe diverses légendes du Bouvier et de la Tisserande. En voici une. Ses parents morts, un jeune bouvier vivait avec son vieux bœuf, qui lui dit : « Si tu réussis à t'emparer des vêtements d'une fée, cette fée deviendra ta femme. » Un jour que les fées se baignaient dans la Voie lactée, le Bouvier, caché dans les herbes, prit la robe de la Tisserande. Les autres fées s'enfuirent, laissant seule la Tisserande, qui finalement accepta la demande du Bouvier. Ils se marièrent, et eurent un fils et une fille ; ils s'aimaient et leur vie était douce et heureuse. Avant de mourir, le bœuf dit encore au Bouvier de conserver sa peau, qui pourrait lui être utile. Le couple, bien que triste, fit ce que l'animal avait proposé.
Mais l'empereur de Jade, roi du Ciel, était furieux. Il envoya ses gardes reprendre la Tisserande en l'absence de son mari. Ne trouvant plus sa femme, le Bouvier mit la peau du bœuf sur ses épaules, y plaça une palanche avec ses deux enfants dans deux paniers, et partit. Il était sur le point d'atteindre sa femme quand la Reine Mère tira une épingle d'or de son chignon et en traça une ligne dans l'air, qui devint un fleuve impétueux séparant les époux.
Ils ne pouvaient rien faire que de se regarder d'une rive à l'autre. La sincérité de leur amour émut le Phénix, qui appela à l'aide toutes les pies de la terre pour former un pont. L'empereur et la reine permirent au couple de se rencontrer une fois par année, le 7 du septième mois. Cette nuit-là, si l'on écoute bien, caché sous une pergola, on pourra entendre les murmures du Bouvier et de la Tisserande, tandis que des milliers de plumes de pies tomberont sur la terre. Et s'il pleut, ce seront les larmes versées par les époux.
Pour cette fête, on prépare un gâteau frit appelé qiqiao (prière pour l'habileté manuelle), fait de farine, sucre et miel, et qui peut prendre la forme de divers objets relatifs à la légende de cette fête : navette, oiseau ou fleur.
Toujours selon la légende, ce jour-là on peut préparer avec de l'eau de rosée et de la pâte de pin ou cyprès une pilule magique qui procure la bonne santé et prolonge la vie.